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Contre la gestion répressive de la crise sanitaire

"Du fric pour la santé, pas pour réprimer". Les soignants dans la rue pour des moyens dans les hôpitaux

Ce jeudi 15 octobre, les organisations des soignants appelaient à une journée de mobilisation. Malgré le Plan blanc qui permet de réquisitionner les soignants sur leurs jours de repos, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Paris, et de nombreux rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes.

Cléo Rivierre

15 octobre 2020

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Ce jeudi 15 octobre, les organisations des soignants appelaient à une journée de mobilisation. Dans un communiqué commun la CGT-Santé, Sud-Santé, les urgentistes de l’Amuf, les infirmiers du SNPI, ainsi que les que les collectifs Inter-urgences et Inter-blocs expliquaient : "Soyons mobilisé-e-s à Paris et ailleurs le 15 octobre 2020 ! Face à un gouvernement qui continue à communiquer qu’il maîtrise la situation et aurait réglé tous les problèmes grâce "au Ségur de la Santé". ce ne sont pas les augmentations de salaires, obtenues seulement pour certain-e-s, qui vont faire taire les professionel-le-s en colère. Les manques d’effectifs récurrents partout dans les services et les établissements sont INACCEPTABLES et doivent cesser." Malgré le Plan blanc qui permet de réquisitionner les soignants sur leurs jours de repos, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Paris.

Au coeur des revendication des soignants, la question des moyens pour l’hôpital qui reste marqué par une profonde crise en dépit du Ségur, dont beaucoup dénoncent l’hypocrisie. Pour Éric, infirmier en psychiatrie dans les Vosges : « ça fait des années qu’on se bat et on n’est toujours pas écoutés, il manque 200 000 lits dans les EHPAD, 100 000 lits dans les hôpitaux, on ne fait plus un travail de qualité, ce ministère-là est hors réalité, on n’en peut plus ! » Adrien, aide-soignant en psychiatrie à Bourges, dénonce aussi le manque de moyens et de rémunérations à la hauteur – une situation qui n’a pas du tout été améliorée par le Ségur.

Une situation de crise qui fait apparaître la gestion répressive choisie par le gouvernement comme d’autant plus coupable. Ainsi de très nombreux soignants dénoncent les mesures annoncées par Emmanuel Macron et le privilège accordé aux mesures répressives, alors que les alertes des soignants sur la situation de l’hôpital demeurent ignorées. Pour Grégory, infirmier de bloc à Toulouse et porte-parole du Collectif Inter-Blocs, que nous avons interviewé à Paris, « la méthode du gouvernement c’est : un peu plus de répression, moins de liberté mais toujours rien pour l’hôpital ! »

Dans plusieurs villes de France, ce sont également plusieurs centaines de manifestants qui ont défilé, notamment à Toulouse et à Bordeaux, mais aussi à Lyon, Brest, Le Mans, Laval...

La manifestation était par ailleurs soutenue par des travailleurs d’autres secteurs. A Paris, des militants de la CGT Commerce étaient ainsi présents à l’image de Amel qui explique « tout est lié dans le pays, la crise sanitaire impacte tous les secteurs. L’argent qu’ils donnent aux grands groupes du privé de notre fédération c’est un manque à gagner pour nos collègues de l’APHP. » A Toulouse, les salariés d’ONET sur le site d’Airbus, toujours en grève, sont venus apporter leur soutien aux soignants.

En ce qui concerne les bilans de la journée de mobilisation, celle-ci a été impactée par la grande difficulté des soignants à faire grève dans la période. Comme nous l’expliquait Isalyne, aide-soignante de l’Hôpital Henri Mondor à Créteil, dans une interview la veille de la manifestation : « La difficulté c’est que, comme on est en Plan Blanc, je pense qu’ils vont assigner tout le monde et que seuls quelques collègues en repos pourront se mobiliser. Plus globalement, il faut avouer qu’on est dans une période où quand on rentre chez nous on a envie de déconnecter... Les manifestations, les grèves, avec le virus on a laissé un peu de côté tout ça, d’autant plus que, malheureusement, l’Etat s’en fiche. On fait un métier où l’on peut se mobiliser tant qu’on veut, l’Etat sait que l’on est obligé d’aller travailler. La seule solution serait qu’on déserte les services, mais on ne peut pas le faire. »

Cependant, comme nous l’expliquait aussi Isalyne, « Ce qui prédomine, c’est la colère ». En témoignent les discours tenus par les manifestants, que ce soit les soignants ou leurs soutiens. Ils sont en effet nombreux à dénoncer le manque de moyens à l’hôpital public – situation qui se dégrade d’année en année – tandis que, pour « gérer » la crise sanitaire, le gouvernement choisit la solution répressive, en témoigne l’offensive sécuritaire du gouvernement, qui se matérialise notamment dans le choix d’une prime aux policiers de nuit plutôt que d’ouvrir des lits et de donner davantage de moyens au secteur de la santé.

Ainsi, au-delà des journées de manifestation sectorielles, isolées et éloignées les unes des autres, il serait urgent de construire une grande mobilisation unitaire des travailleurs et des opprimés, des soignants aux travailleurs de l’industrie en passant par les jeunes des quartiers populaires, autour d’une stratégie et d’un programme radical et de notre refus de payer la crise économique et sanitaire.


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