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Offensive autoritaire

Expérimentation de l’uniforme scolaire : Gabriel Attal veut mettre la jeunesse au pas

Le ministre de l’Education Nationale a annoncé l’expérimentation du port de l’uniforme dans certains établissements. Une mesure réactionnaire qui vise une nouvelle fois à mettre au pas la jeunesse dans la lignée d’une rentrée ultra autoritaire marquée par l’interdiction de l’abaya et le projet d’obligation du SNU.

Antoine Chantin

13 décembre 2023

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Expérimentation de l'uniforme scolaire : Gabriel Attal veut mettre la jeunesse au pas

Crédits Photo : Tabea Huth / Licence Creative Commons 3.0

Après avoir annoncé son « choc des savoirs » au collège, le ministre de l’Éducation Nationale, Gabriel Attal, revient à la charge et annonce la généralisation du port de l’uniforme dans les établissement scolaires (écoles, collèges et lycées).

Cette « expérimentation à grande ampleur » que souhaite le ministre devrait débuter lors de la prochaine rentrée scolaire, en septembre 2024. Alors que le ministre annonçait le 5 décembre dernier, le conditionnement du passage au Lycée à l’obtention du brevet, la fin du collège unique et des classes à niveaux, fermant toujours plus l’école publique aux enfants et aux familles les plus précaires, c’est un nouveau tour de vis autoritaire que le gouvernement opère.

La droite et l’extrême droite en rêvaient, le gouvernement l’a fait !

Gabriel Attal ne s’en cache pas, l’objectif assumé de cette expérimentation vise à renforcer « l’autorité à l’école », mais aussi « les questions de laïcité », le tout sous couvert de lutter contre « le harcèlement scolaire ». Le ministère de la rue de Grenelle compte donc effectuer « un vrai suivi de recherche » sur « une base scientifique », afin de mesurer l’impact de ce retour de l’uniforme, prenant également prétexte de la publication de l’enquête PISA (Progamme International de Suivi des Acquis des élèves), et d’une baisse du niveau scolaire des élèves, pour justifier sa mesure réactionnaire. Plutôt que d’annoncer des moyens supplémentaires, afin de désengorger les classes et pallier au manque de professeur·e·s, Attal préfère manier un discours au ton martial, affirmant que cette mesure devrait se révéler utile « en termes de transmission, en matière d’élévation du niveau à l’école et de restauration de l’autorité dans [les] établissements scolaires ».

Il n’est donc pas étonnant que les collectivités territoriales qui ont répondues présentes à l’appel du ministre sont celles qui comptent parmi les fiefs des fidèles du camp présidentiel et des élus de la droite et de l’extrême-droite : Tourcoing (ancienne mairie de Darmanin), Reims (Horizon), Nice (LR), Perpignan (RN), l’Allier (UDI), les Alpes-Maritimes (LR) ou la région Auvergne-Rhône-Alpes du très conservateur Laurent Wauquiez.

Vieux serpent de mer de la droite et de l’extrême droite, la réintroduction de l’uniforme, après la fantasmée blouse, avait déjà été à plusieurs reprises promise par Brigitte Macron, qui a notamment affirmé avoir « porté l’uniforme comme élève : quinze ans de jupette bleu marine, pull bleu marine. Et je l’ai bien vécu ». Le Rassemblement national, avait, le même jour que les propos de Brigitte Macron, présenté une proposition de loi allant dans le même sens lors de sa niche parlementaire.

Alors que le projet de la Loi immigration déjà ultra-réactionnaire risque d’être une nouvelle fois durci, le port de l’uniforme à l’école permettrait de réaliser l’un des fantasmes autoritaires de l’extrême-droite, à l’instar d’Éric Zemmour, qui affirmait en septembre dernier qu’il « est plus que temps d’imposer l’uniforme à l’école ».

La mise en place de l’uniforme sera aussi un coup dans le porte-feuille des familles. En effet, si pour le temps de l’expérimentation, le prix du trousseau, contenant deux pantalons, deux pulls et cinq polos, coutera à lui seul 200 euros par enfant->https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/ecole-ce-que-lon-sait-de-lexperimentation-du-port-de-luniforme-2040589], devrait être pris en chargé par l’Etat et les collectivités, sa mise en place définitive aura pour conséquence de creuser davantage le fossé entre les plus aisés et les plus précaires. Un prix exorbitant, alors que l’inflation ne faibli pas, qui ne sera pris en charge que pour moitié par l’État, sans que l’on sache si les collectivités territoriales se chargeront de payer le reste.

Un projet qui cache mal son ambition : museler la jeunesse

Alors qu’Emmanuel Macron, décrivait en septembre dernier à Hugo Décrypte que l’uniforme qu’il souhaitait, se rapprocherait du jean-basket, l’expérimentation de Gabriel Attal semble plutôt se conformer à la mode du treillis et des casernes. Un duo pantalon-polo qui ne manque pas de faire écho avec la tenue affublée aux jeunes élèves du Service National Universel (SNU) et qui cache mal les intentions réelles du gouvernement.

Car comme dans les Outre-mer, où l’obligation du port de l’uniforme reste largement la norme, particulièrement en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane, signe d’une gestion coloniale qui n’a pas pris fin, la généralisation de l’uniforme visera à « donner un sentiment d’ordre et de discipline », tel que le formulait déjà une proposition de loi sénatoriale en 2013.

Après une rentrée marquée par son autoritarisme et son racisme débridé, avec l’interdiction de l’abaya et le refoulement de toute une jeunesse de l’école publique, l’objectif est clair : museler la jeunesse et lui imposer une manière de s’habiller et de penser. Le gouvernement cherche à mater tout germe de contestation dès le plus jeune âge et à éviter toute expression qui viendrait remettre en cause l’ordre précaire que Macron et Attal cherchent à maintenir par tous les moyens, à coups de violences policières et de 49.3.

Moins de trois mois après l’annonce du projet de généralisation du SNU à l’ensemble des élèves, le plan prévu par le gouvernement pour la jeunesse semble donc tout tracé : apprentissage au pas des « valeurs de la République » et de « l’autorité » tout au long de l’année, réveil au garde-à-vous, pompes et Marseillaise, encadré par des militaires l’été. Un horizon inquiétant contre lequel la jeunesse doit se dresser.

Face à cet embrigadement qui ne dit pas son nom, au Poing Levé, nous nous opposons clairement à cette politique réactionnaire que le gouvernement nous réserve. Contre ces projets, nous appelons à la mobilisation. De l’uniforme dans les établissements scolaires à l’interdiction du port de l’abaya, du SNU obligatoire en passant par la précarité chez les jeunes, il faut faire front contre le gouvernement !


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