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Anti-pauvres

5€ pour un rendez-vous raté chez le médecin : pour Attal, le problème de la santé c’est les patients

Interrogé samedi dernier par la presse régionale, Gabriel Attal a remis sur la table la « taxe lapin » évoqué le 30 janvier dernier lors de son discours de politique générale. Une mesure punitive et inapplicable pour poursuivre l’austérité en matière de santé.

Joshua Cohn

10 avril

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5€ pour un rendez-vous raté chez le médecin : pour Attal, le problème de la santé c'est les patients

Crédit photo : capture d’écran LCP

Samedi dernier, le Premier ministre présentait son « Plan santé » aux représentants de la presse quotidienne régionale. Parmi les mesures annoncées, Gabriel Attal a notamment évoqué la sanction des patients en cas de rendez-vous médical non-honorés qu’il avait déjà esquissé lors de son discours de politique générale le 30 janvier dernier, s’est déjà déclarée défavorable à la collecte systématique d’une empreinte de carte bancaire pour les rendez-vous pris en ligne, comme l’avait demandé le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux.

Cette mesurette - qui n’a d’ailleurs rien d’une taxe puisqu’elle n’irait ni à la Sécurité sociale ni à l’État mais dans la poche des médecins - est avant tout un outil de communication pour le gouvernement, afin de désigner les patients comme les principaux responsables de l’insuffisance de l’offre de soins. Ainsi, selon rapport sénatorial remis en 2022, 30,2% de la population vit dans un désert médical. Un chiffre qui monte à 62,4% en Île-de-France. Une situation persistante, fruit de plus de 40 ans de numerus clausus à l’entrée des facultés de médecine, mais également une dégradation des conditions de travail et de rémunérations pour toutes les professions de santé du secteur hospitalier.

Cette mesure constitue une nouvelle atteinte au budget des patients les plus modestes, alors que le coût des soins est, avec la désertification médicale, la principale cause de renoncement aux soins. En prétendant que la sanction de patients prétendument irresponsables permettrait de libérer des millions de rendez-vous médicaux, la « taxe lapin » permet au gouvernement de ne pas aborder les véritables problèmes du système de santé. Nicolas Da Silva pointe à juste titre, dans un article pour Alternatives Economiques, que cette annonce s’inscrit dans une rhétorique plus large qui consiste à dénoncer l’irresponsabilité voire la fraude des patients pour réduire les droits de tous : « Comme la réforme du forfait patient urgence, le doublement des franchises médicales entré en vigueur cette année a été motivé par la volonté de combattre les abus des patients. D’autres pistes similaires ont été évoquées récemment par le gouvernement : taxe lapin pour les rendez-vous non honorés, hausse du nombre de jours de carence pour obtenir les indemnités journalières, révision des remboursements pour les malades bénéficiaires du dispositif d’affection longue durée (ALD). »

L’amélioration de l’accès aux soins exigerait de mettre un terme à la politique austéritaire en matière de santé et de taxer l’argent du patronat et des grandes fortunes pour répondre aux besoins vitaux de la population. Un programme qui s’oppose frontalement à la ligne suivie par le gouvernement ; Bruno Le Maire ayant réaffirmé la semaine dernière : « Nous n’augmenterons pas les impôts. »


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