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8 mars

Retraites, loi immigration, austérité : ce qu’est vraiment le « féminisme » de Macron

Derrière l’opération de communication autour de la constitutionnalisation de la liberté du recours à l’IVG, le vrai visage du « féminisme de Macron » est tout autre.

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Retraites, loi immigration, austérité : ce qu'est vraiment le « féminisme » de Macron

Crédits photo : Capture d’écran du direct de BFMTV

Ce 8 mars à midi, à la cérémonie de l’entrée dans la Constitution de la « liberté garantie à la femme » de recourir à l’IVG, le président de la République Emmanuel Macron concluait son discours avec ces mots : « Tout a commencé ce jour-là, ce 8 mars 2024, où la France a été grande parce qu’elle a voulu l’être pour toutes les femmes universellement ». Si la communication massive autour de la mesure de constitutionnalisation du recours à l’IVG a séduit des franges de la population, elle n’est que façade. L’occasion pour nous de revenir sur ce qu’est, réellement, le « féminisme » de Macron.

Plans d’austérité et réforme des retraites : les femmes au premier plan

Le passage en force de la réforme des retraites qui allonge l’âge du départ à la retraite à 64 ans et qui place les femmes au premier plan des attaques austéritaires illustre une première facette du féminisme du gouvernement Macron. Alors que les femmes étaient déjà contraintes de partir à la retraite plus tard que les hommes et pour une pension de retraite 40% plus faible, selon une étude de la Drees, la réforme des retraites passée par 49.3 en avril 2023 ne fait qu’aggraver leur situation. En plus de subir de la discrimination au travail, elles sont moins bien payées, notamment parce que huit postes sur dix de temps partiel sont occupés par des femmes. Macron a donc fait passer en force une réforme précarisant toujours plus les classes populaires, au premier rang desquelles se trouvent les femmes.

Plus largement, elles sont au premier plan des attaques anti-sociales du gouvernement : les coupures budgétaires annoncées par Bruno le Maire en février, dont une réduction de 600 millions d’euros du budget des hôpitaux publics, promettent une précarisation croissante des conditions d’hospitalisation de la population, et notamment de la prise en charge des grossesses et des accouchements. Comme l’expliquait Marion, professeure de collège et militante à Révolution Permanente, « Macron s’en prend aux secteurs de la santé, de l’éducation, du soin. Là où il y a le plus de suppressions de postes et de coupes budgétaires, c’est là où il y a le plus de femmes ». La fermeture de 130 centres IVG en quinze ans et le déplacement forcé d’une femme sur cinq dans un autre département pour pouvoir avorter illustrent le fait que le gouvernement ne cherche pas à protéger le droit de l’IVG en France, mais bel et bien à précariser des secteurs entiers de la population pour achever la transformation néolibérale de l’économie à grand renfort de coupes budgétaires.

Le passage de la loi immigration en janvier 2024 a été également un moyen pour le gouvernement d’appliquer une « double peine » aux femmes étrangères : le renforcement des lois sécuritaires les impactent doublement, en tant qu’étrangères et en tant que femmes. Les éléments patriarcaux mis en avant par la réforme des retraites s’appliquent également à la loi immigration, de manière encore plus violente et forte, car les femmes immigrées sont plus durement touchées par la précarité. Le taux d’emploi des femmes immigrées de 18 à 50 ans est de 17 points inférieur au taux des femmes nées en France, alors que le « le taux d’actifs chez les immigrés masculins est, lui, très proche de celui des natifs », d’après les données de la Cimade. Les femmes sont donc en première ligne de cette loi raciste et xénophobe dont les mesures sont tout droit empruntées au programme de l’extrême-droite.

Mise au pas du corps des femmes et menace des droits reproductifs

Le féminisme de Macron consiste également à développer une politique répressive et de contrôle envers le corps des femmes. L’ancienne secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a particulièrement incarné le tournant sécuritaire et raciste opéré par le gouvernement, comme nous l’écrivions en 2021.

Les femmes musulmanes ou assimilées comme telles se trouvent en première ligne de cette répression, avec la mise en place de l’interdiction du port de l’abaya à l’école à la rentrée 2023. En plus d’être une mesure raciste et islamophobe, cette interdiction des robes longues à l’école est également une mesure sexiste et patriarcale qui a pour but de contrôler toujours plus le corps des filles à l’école. Les sorties de Michel Blanquer en 2020 sur la « tenue républicaine » exigée face au mouvement de contestations de jeunes femmes qui revendiquaient le droit de s’habiller comme elles le souhaitent s’inscrivent dans cette volonté de contrôle des corps des femmes par l’État.

La mise en place d’une campagne de stérilisation des jeunes mères comoriennes, et l’appel en parallèle au « réarmement démographique » de la France hexagonale sont les deux faces d’une même pièce, comme nous l’écrivions : « d’un côté l’État renforce les frontières et cherche à limiter toujours plus l’immigration, de l’autre il encourage la natalité des nationaux car il ne faudrait pas que le patronat manque de main d’œuvre exploitable à peu de frais ». Ce discours nataliste issu de l’extrême-droite ne tente même pas de masquer la mise au pas du corps des femmes selon les volontés du gouvernement, et la menace directe qu’elle représente envers les droits reproductifs.

La production d’armes envoyées à Israël et le soutien de sa politique génocidaire, qui a tué plus de 25 000 femmes et enfants, s’inscrit également dans la politique du gouvernement Macron, bien éloignée de tout féminisme. Sa ministre de lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, a cherché à intimider le mouvement féministe en menaçant de couper les subventions des organisations féministes qui dénoncent le nettoyage ethnique d’Israël. Ces attaques révèlent une fois de plus la politique d’instrumentalisation systématique des droits des femmes par le gouvernement. Alors que Macron faisait du féminisme sa « grande cause du quinquennat » en 2017, il a affirmé son soutien et son admiration envers Gérard Depardieu, acteur français accusé de viol et d’agression sexuelle par au moins treize femmes.

« Macron a peur du féminisme révolutionnaire ! »

Les droits des femmes et des personnes LGBT ont été réprimés et attaqués de toutes parts depuis le début du quinquennat Macron, à l’aide de coupes budgétaires, de répression et de lois racistes et autoritaires. Sous sa façade de « progressisme libéral », Macron tente de dissimuler la droitisation de sa politique et les attaques d’ampleur qu’il prépare envers les classes populaires et les minorités. Le combat de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, pour l’accès aux droits reproductifs ou contre la chasse aux immigré·es, ne pourra jamais être mené au Parlement ou dans les ministères. C’est en réarmant le mouvement féministe, aux côtés du mouvement ouvrier international, que les femmes et les personnes LGBT pourront obtenir leurs revendications. Parce que, comme le rappelait la militante Sasha Yaropolskaya dans son discours au meeting de Revolution Permanente mercredi soir, « Macron a peur du féminisme révolutionnaire ! ».


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