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Mouvement ouvrier

Grève de Noël : le gouvernement et la SNCF sont responsables !

Pour la deuxième fois en moins d’un mois, tout le monde s’est fait surprendre par l’ampleur de la grève des contrôleurs. Face à l’offensive médiatique en cours contre les cheminots, il est urgent de réaffirmer que les responsables de la situation, c’est le gouvernement et la SNCF !

Anna Ky

22 décembre 2022

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Crédits photos : AFP

A la veille de Noël, la direction de la SNCF s’est à nouveau fait surprendre par l’ampleur de la grève initiée par le Collectif National des ASCT (Agent de Service Commercial Trains, ou contrôleurs). Pourtant, à l’instar de la première séquence de grève qui avait eu lieu du 2 au 5 décembre et qui avait vu plus de 80 % des contrôleurs se mettre en grève, le préavis de grève était déposé depuis début novembre et la direction de la SNCF a préféré jouer la sourde oreille que d’accéder aux revendications des grévistes.

« Je ne comprends pas cette grève, a affirmé le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou aux journalistes du Monde. Il n’y a aucun appel à la grève d’aucun syndicat. J’ai plus de 40 ans de maison, j’en ai vu des grèves, mais je n’en ai pas beaucoup vu le jour des départs comme ça. C’est quand même très inédit. »

Là où on peut donner raison au patron de la SNCF, c’est que contrairement à ce que veulent faire croire les médias et le gouvernement, les « grèves de Noël » dans les transports sont rares. Les derniers gros mouvements qui ont perduré durant les fêtes étaient en 1986 et en 2019. Et c’est à chaque fois le fruit d’une véritable mobilisation à la base, qui s’exprime en dehors des canaux traditionnels que sont les syndicats : les coordinations de cheminots de 1986, la coordination RATP-SNCF en 2019 contre la réforme des retraites et aujourd’hui – bien que sectoriel et issu des réseaux sociaux contrairement aux deux autres mouvements cités – le Collectif National des ASCT.

Pourtant, contrairement à ce qu’affirme Farandou, la grève des contrôleurs est tout à fait compréhensible. Depuis des mois, ils expriment un profond malaise et une colère que les directions syndicales ne sont pas parvenues à canaliser à travers le dialogue social. Bousculé par l’émergence du Collectif National des ASCT, la direction s’est trouvé contrainte d’ouvrir des négociations parallèles aux négociations salariales annuelles. Mais elle a fait la sourde oreille aux revendications qui émergeaient du collectif, concernant les augmentations de salaires, le déroulement de carrière et la reconnaissance de leur métier. Lorsque les directions syndicales ont annoncé que la prime de 600 euros bruts annuelle avancée par la direction était une avancée conséquente, les contrôleurs à la base ont décidé de poursuivre la mobilisation, estimant qu’il ne s’agissait que des miettes.

Encore une fois, c’est à la veille de la grève que la direction de la SNCF et le gouvernement se sont aperçu de l’ampleur de la mobilisation et de son impact, et leur seule réponse a été une offensive médiatique énorme pour tenter de faire passer les grévistes pour les « uniques responsables », comme l’affirmait Bruno Le Maire au micro de Sud Radio ce jeudi.

De son côté, la SNCF a préféré annoncer un remboursement à 200 % des billets de trains annulés pour monter l’opinion publique contre les grévistes plutôt que d’accéder à leurs revendications. Et ce dans un contexte où l’entreprise ferroviaire annonçait fièrement avoir engrangé près d’un milliard de bénéfices net au premier semestre de cette année. Des décisions qui montrent le mépris de l’entreprise pour ses salariés mais qui prouvent également que la direction n’a pas saisi l’ampleur de la colère qui est en train de s’exprimer.

Au cœur du « cheminot-bashing » en cours, Macron en a profité pour préparer les esprits à de nouvelles attaques contre le droit de grève, avec en ligne de mire la réforme des retraites à venir. En effet, il a demandé à ses ministres de « réfléchir à la mise en place d’un cadre pour assurer la continuité des services publics en toutes circonstances ». Ce qui ouvrirait notamment la porte à des réquisitions de grévistes dans les transports comme dans les raffineries, puisque la SNCF est déjà sous le coup du service minimum imposé par Sarkozy, les agents grévistes étant dans l’obligation de se déclarer au minimum 48h avant le début de la grève.

Face à ces mensonges de la part de la direction de la SNCF et du gouvernement, à ces atteintes graves au droit de grève, et plus en général face aux calomnies des médias quant à leurs salaires et leur train de vie, il est urgent d’apporter toute notre solidarité aux cheminots grévistes, qui n’ont d’autres moyens pour se faire entendre que de rester soudés et mobilisés.


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