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Concertations

EELV et le PS rencontrent Borne : la gauche bourgeoise au secours du régime

Ce mardi, Marine Tondelier, numéro 1 d’EELV, et Olivier Faure, chef du PS, ont rencontré Elisabeth Borne, participant de fait à la stratégie de dialogue social mise en place par le gouvernement pour trouver une issue face au puissant mouvement contre la réforme des retraites.

Gabriel Ichen

4 avril 2023

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EELV et le PS rencontrent Borne : la gauche bourgeoise au secours du régime

Crédit photo : compte Twitter de Marine Tondelier

Ce mardi, à deux jours de la prochaine journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites et à la veille de la rencontre entre Elisabeth Borne et les directions syndicales, Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, et Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste, se sont rendus à Matignon et se sont entretenus avec la première ministre.

Par une manœuvre pour le moins grotesque, le PS et EELV avaient affirmé le même jour qu’ils ne participeraient pas au cadre de consultations mis en place par Élisabeth Borne sur le calendrier de « l’après-réforme », tout en acceptant que leurs chefs se rendent tout de même à Matignon.. Cherchez l’erreur. Du côté d’EELV, selon un communiqué publié ce dimanche, l’objectif était de chercher à « apaiser », et du côté du PS de discuter de « la situation générale du pays »...

Marine Tondelier et Olivier Faure à Matignon

En début d’après-midi c’est Marine Tondelier, la cheffe d’EELV qui a d’abord été reçue par Borne. Lors de sa discussion avec la première ministre, Marine Tondelier a fait des « propositions » : retrait de la réforme des retraites, « retravailler la doctrine de maintien de l’ordre », demander à ce que Darmanin retire ses propos sur le « terrorisme intellectuel d’extrême-gauche », mais aussi appel à lutter contre les « agressions contre les militants écologistes, qu’ils soient politiques ou associatifs. »

Une liste de voeux adressés à Macron totalement lunaire, et encore plus dans le contexte actuel. Au moment où la répression du gouvernement a conduit à blesser gravement un manifestant de Sainte-Soline, toujours entre la vie et la mort, et où la criminalisation des militants écologistes bat son plein avec la dissolution des Soulèvements de la terre, Marine Tondelier choisit d’aller discuter « maintien de l’ordre » et protection des militants écolos avec la première ministre.

En outre, dans un tel contexte, le mot d’ordre d’« apaisement » mis en avant par la dirigeante d’EELV ne peut qu’exonérer le gouvernement, en mettant sur le même plan les manifestants qui se mobilisent contre la réforme des retraites et les violences policières auxquels ils font face. Rien de surprenant de ce point de vue qu’Elisabeth Borne qui, à travers ces rencontres et concertations, souhaite trouver une issue à l’isolement politique du gouvernement, ait revendiqué la rencontre en reprenant les termes d’EELV, revendiquant sur Twitter des « échanges avec Marine Tondelier sur notre volonté commune d’apaisement ».

Reçu en fin d’après-midi, Olivier Faure a joué une partition similaire à celle de son homologue d’EELV. Venu avec la maire PS de Nantes Johanna Rolland, le premier secrétaire du PS a expliqué : « je suis venu demander le retrait de la #RéformeDesRetraites à la Première ministre. S’il n’y a pas de retrait, il faut rendre la parole aux Françaises et aux Français ».

Au passage, Olivier Faure a expliqué que « laisser cette situation s’envenimer, laisser même peut-être la violence remplacer ce qui a été jusqu’ici des manifestations pacifiques, c’est prendre un risque considérable ». Une déclaration qui tend à coller à la rhétorique du gouvernement sur des manifestations qui seraient devenues « violentes », masquant la réalité de la répression brutale qui s’abat sur les mobilisations depuis le 16 mars. Une sortie qui n’est pas sans rappeler celle de Fabien Roussel ce dimanche qui opposait la « violence » des manifestants de Sainte-Soline aux manifestations « pacifiques » contre la réforme des retraites.

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EELV et le PS jouent les béquilles d’un gouvernement en pleine crise

Si les deux forces politiques de la Nupes ont expliqué qu’elles rencontraient Borne pour demander le retrait de la réforme, leurs visites de ce mardi étaient éminemment fonctionnelles au gouvernement. Alors que Macron et ses ministres ont clairement affirmé qu’ils ne reculeraient pas, ces derniers cherchent en effet à renouer le dialogue avec des partis et syndicats pour briser leur isolement et chercher une porte de sortie.

Contrairement à ce que veulent faire croire EELV et le PS, ces rencontres entre Tondelier, Faure et Elisabeth Borne s’inscrivent ainsi totalement dans le cadre des objectifs des consultations lancées par le gouvernement auxquelles ont été conviées les organisations syndicales, patronales et politiques. Ces concertations, dont l’objectif central est de faire rassoir les oppositions politiques et les organisations syndicales autour de la table du dialogue social, sont d’une importance primordiale pour Macron.

Conjuguées à la répression du mouvement en cours, elles ont pour objectif d’une part de calmer la colère qui s’exprime dans le mouvement contre la réforme des retraites et d’autre part, de refermer la profonde crise politique dans laquelle sont plongés Macron et l’exécutif. En se rendant à Matignon ce mardi, c’est le jeu qu’ont accepté de jouer Marine Tondelier et Olivier Faure, servant ni plus ni moins que de béquille et de caution de « gauche » à la reprise du dialogue avec la macronie.

Une attitude qui ne peut que préparer le terrain à une sortie du mouvement, dans le cadre de laquelle le gouvernement entend bien passer à la contre-offensive. Alors que Faure et Tondelier étaient reçus par Borne, Aurore Bergé annonçait ainsi le projet de création d’une commission d’enquête sur « la structuration, le financement, l’organisation des groupuscules, la conduite des manifestations illicites violentes » visant toutes les organisations ayant pris part aux manifestations spontanées depuis le 16 mars.

C’est à la réponse à cette offensive qui a déjà commencé que toutes les forces qui se prétendent opposée à la réforme des retraites devraient s’atteler. A la place, le PS et EELV répondent favorablement à l’appel émis par Macron au retour à l’ordre, cherchant à y apporter leur pierre, et courent ainsi à la rescousse d’un régime en crise profonde. Ils rappellent ainsi le visage d’organisations qui ont participé par le passé à d’importantes attaques contre le monde du travail.


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