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Déclaration de la FT Europe

Crise de Lampedusa : à bas l’Europe forteresse, régularisation de tous les sans-papiers !

Nous relayons la déclaration de la FT-QI Europe. L’issue à la crise humanitaire à Lampedusa passera par la lutte contre l’impérialisme ! Stop au pillage des pays africains par l’impérialisme. À bas l'Europe forteresse ! Ouvrez les frontières, régularisation immédiate de tous les sans-papiers !

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Crise de Lampedusa : à bas l'Europe forteresse, régularisation de tous les sans-papiers !

L’augmentation des arrivées de migrants sur les côtes de l’île de Lampedusa, à l’extrême sud de l’Italie, a ouvert non seulement une crise humanitaire, mais aussi une crise politique pour le gouvernement italien et l’Union européenne. La présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, a réagi dimanche en présentant un plan en dix points. Mais les mesures de l’UE ne cherchent qu’à contenir la crise en cours, sans aucune remise en question des politiques impérialistes et racistes de l’Europe Forteresse. Or, ce sont ces politiques qui sont la cause des vagues récurrentes de migration vers l’Europe, où des milliers de personnes risquent leur vie pour échapper aux guerres, à la crise climatique et à la famine en Afrique et ailleurs. Lorsqu’elles arrivent en Europe, elles sont confrontées à la répression policière, aux camps de réfugiés en Grèce, aux cellules des prisons de Bulgarie, aux déportations aux frontières italiennes ou espagnoles ou aux prisons flottantes comme au Royaume-Uni. L’Europe construit des murs pour refuser aux migrants leurs droits les plus élémentaires.

La crise de Lampedusa et les politiques racistes de l’UE

La semaine dernière a été marquée par un afflux important de migrants en provenance des côtes africaines sur l’île de Lampedusa, au large de la pointe sud de l’Italie. En 24 heures, 6 000 personnes ont débarqué. Dans les jours qui ont suivi, 11 000 migrants au total sont arrivés sur place. Cette situation a provoqué une grave crise sociale sur l’île avec des milliers de personnes dormant à même le sol, sans accès à l’eau potable ou à de la nourriture. Les images en provenance de Lampedusa montrent la barbarie sociale générée par le capitalisme, le racisme et la cruauté sur lesquels reposent les frontières de l’Europe du capital.

L’agence européenne chargée du contrôle des frontières, Frontex, rapporte qu’en 2023, les flux de migrants irréguliers ont augmenté de 18 % par rapport à 2022, pour un total de 232 350 personnes. Un nouveau pic après celui atteint en 2016. Bien que nous n’en soyons pas encore aux chiffres catastrophiques de 2015, année de la plus grande crise migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale, il s’agit d’une augmentation très significative. L’origine principale de ces flux migratoires est l’Afrique du Nord. De là, des milliers de personnes tentent de traverser la Méditerranée pour rejoindre les côtes européennes. Le nombre de migrants empruntant la « route italienne » s’est multiplié depuis l’année dernière.

Face à la crise de Lampedusa, les gouvernements européens se focalisent sur la nécessité de ralentir ou d’endiguer le flux de migrants, avec des discours apocalyptiques de l’extrême droite, faisant comme si le continent était « envahi ». Il ne s’agit que de discours hypocrites et réactionnaires, qui font des migrants la cible d’attaques racistes. La crise migratoire actuelle a également exacerbé les tensions entre les États impérialistes, aucun d’entre eux ne voulant prendre la responsabilité d’accorder un refuge à quelques milliers de personnes.

La montée des courants d’extrême droite dans plusieurs pays (au gouvernement en Italie, en Hongrie et en Pologne, soutenant des gouvernements de coalition en Finlande et en Suède, ou en tant que principale force d’opposition en Allemagne, en France et dans d’autres pays) a augmenté la pression en faveur d’un durcissement des politiques migratoires. Mais des gouvernements « progressistes » défendent également ces politiques de xénophobie et de répression, comme l’a montré le socialiste Pedro Sanchez du gouvernement espagnol lorsqu’il a exprimé son « harmonie » avec Giorgia Meloni sur l’immigration.

En juin dernier, les gouvernements européens se sont mis d’accord sur de nouvelles politiques en matière d’immigration. Avec le « Pacte sur l’immigration et l’asile », les pays centraux pourront transférer jusqu’à 30 000 migrants vers d’autres pays considérés comme des « pays de transit », tels que la Tunisie. Ceux qui fuient la misère et les guerres sont considérés par les pays impérialistes comme de simples marchandises. L’accord prévoit 105 millions d’euros pour financer les opérations maritimes et le renforcement des frontières. Il prévoit également 600 millions d’euros pour des investissements en Tunisie. Le gouvernement tunisien a été dénoncé par les organisations de défense des droits de l’homme pour son traitement répressif et brutal des migrants. Rappelons que c’est après avoir signé le pacte avec l’UE que le gouvernement tunisien a abandonné des centaines de migrants à la mort dans le désert. Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg des politiques brutales et xénophobes de ce gouvernement à l’égard des migrants. Il s’agit d’une « externalisation » de la violence des frontières, que l’UE cède à des gouvernements autoritaires comme la Tunisie, la monarchie meurtrière du Maroc ou Erdogan en Turquie.

Une crise pour le gouvernement italien... qui exige une politique de fermeté

Dimanche, Giorgia Meloni a demandé à l’UE d’accélérer la mise en œuvre de l’accord avec la Tunisie. La première ministre italienne demande que l’on empêche les migrants de quitter les côtes africaines en y renforçant les mécanismes de répression. Elle a sollicité « une force navale, si nécessaire, avec l’accord des autorités nord-africaines », pour « arrêter le départ des barges, vérifier en Afrique qui a droit ou non à l’asile, et n’accueillir en Europe que ceux qui en ont vraiment le droit ». En même temps, elle a défendu la décision, qui sera ratifiée lors de la réunion imminente du Conseil des ministres italien, d’augmenter la période de « détention » (c’est-à-dire la détention en prison sous diverses formes) des migrants irréguliers à des fins de rapatriement jusqu’au maximum autorisé par la loi européenne (18 mois !) en ouvrant un « Centre de rapatriement » dans chaque région italienne. Meloni est sous la pression de ses propres partenaires gouvernementaux, à commencer par la Ligue de Salvini, qui a dénoncé le fait qu’aucune des promesses racistes de sa campagne n’avait été mise en place.

En France, le gouvernement de Macron porte un agenda politique xénophobe et raciste qui ferait pâlir d’envie Marine Le Pen. À la rentrée scolaire, il a lancé une campagne islamophobe contre les jeunes filles portant l’abaya, au même moment où il prépare une loi contre l’immigration qui va durcir la répression des travailleurs sans-papiers. Une réponse réactionnaire aux mobilisations de ces derniers mois contre la réforme des retraites et les violences policières, qui cherche à diviser les secteurs populaires qui ont lutté ensemble. Après avoir déclaré que la France « aiderait l’Italie » à faire face à la crise migratoire, le ministre Gérald Darmanin a adopté une attitude de « fermeté » sous la pression de la droite et de l’extrême droite face à qui il souhaite ne pas apparaître comme « laxiste ». Il a ainsi précisé que la France n’accueillerait aucun migrant en provenance de Lampedusa. « Ce serait une erreur de jugement de considérer que les migrants, une fois arrivés en Europe, devraient être immédiatement répartis en Europe et en France » a-t-il expliqué avant d’ajouter que « ce que nous voulons dire à nos amis italiens, qui sont, je crois, parfaitement d’accord avec nous, c’est que nous devons protéger les frontières extérieures de l’Union européenne ».

Les gouvernements de l’UE veulent distinguer les réfugiés entre ceux qui sont « persécutés pour des raisons politiques » et ceux qui ne sont pas reconnus comme ayant le droit de demander l’asile. Le ministre français de l’intérieur a affirmé que 60 % des migrants, qui viennent de pays comme la Côte d’Ivoire, la Guinée ou la Gambie, où « il n’y a pas de problèmes humanitaires », sont dans ce cas. Parmi eux, l’Union Européenne veut procéder à une sélection des migrants en fonction des besoins du patronat pour garantir que les travailleurs migrants et racisés soient exploités dans les secteurs les plus durs et précaires du monde du travail. Le cynisme impérialiste dans toute sa splendeur.

Une grande partie de ces pays sont d’anciennes colonies françaises et sont aujourd’hui encore soumis au pillage impérialiste de leurs ressources et de leur patrimoine naturel, à l’exploitation de leurs populations comme main-d’œuvre bon marché et à un appauvrissement chronique. La propagation de terribles conditions économiques et sociales, la misère et le chômage généralisés, la corruption des régimes pro-occidentaux en Afrique, leurs politiques autoritaires et le développement de la catastrophe climatique mondiale sont autant de phénomènes liés à l’héritage du pillage impérialiste dans la région. Par conséquent, il aucune distinction entre les migrants « légitimes » et « illégitimes » n’est acceptable. C’est pourquoi nous disons : ouvrez les frontières ! Régularisation de tous les sans-papiers ! Dehors le pillage impérialiste ! Impérialisme européen hors d’Afrique !

Pour l’unité de la classe ouvrière avec les peuples opprimés par l’impérialisme, contre le racisme et la xénophobie !

Face à l’aggravation des tendances réactionnaires, racistes et xénophobes, les gouvernements « progressistes » ne sont pas une alternative. De l’extrême droite de Meloni au prétendument « progressiste » Sanchez, en passant par Macron ou encore le gouvernement de coalition allemand, tous défendent les pires formes de violence contre les migrants, alors qu’ils ont augmenté leurs budgets militaires et participent à l’offensive guerrière de l’OTAN dans la guerre en Ukraine.

Contre leur barbarie, il faut défendre la solidarité entre les peuples. La classe ouvrière en Europe est composée de millions d’hommes et de femmes venus d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine depuis de nombreuses générations. Les migrants occupent toujours les emplois les plus précaires et les plus mal payés et sont les premiers à être licenciés en temps de crise. Le contrôle policier et raciste des frontières permet aux capitalistes de disposer d’une armée de réserve industrielle et d’abaisser les conditions de travail de l’ensemble de la classe ouvrière. C’est pourquoi la lutte contre le racisme et pour l’ouverture des frontières doit être menée par les syndicats et tous les mouvements sociaux. C’est aussi pour cela que nous devons lutter pour parvenir à imposer des mobilisations et des grèves dans les grands syndicats afin qu’ils luttent pour ces questions.

Les signataires de cette déclaration, des organisations socialistes et révolutionnaires d’Espagne, de France, d’Allemagne et d’Italie, rejettent les politiques répressives et racistes de l’UE à l’égard des migrants. Au plan de Von Der Leyen, Meloni, Macron, Sanchez et Scholz, nous devons opposer un autre plan. Un plan de lutte contre une politique qui fait payer à la classe ouvrière, aux migrants et à la jeunesse les coûts des crises, qui passera par les grèves et les mobilisations imposées aux grands syndicats et aux organisations sociales par leurs bases. L’affirmation des droits des migrants et de leur liberté de franchir les frontières de l’Europe se heurte aux intérêts des impérialistes : c’est pourquoi nous avons besoin d’une politique internationaliste et anti-impérialiste.

En ce sens, nos revendications sont les suivantes : Non au plan Von Der Leyen ! Ouvrez les frontières de l’Europe à tous les migrants sans distinction ! Liberté totale de circulation pour les migrants, fermeture de tous les centres de rétention, non aux accords avec les régimes qui emprisonnent les migrants ! Régularisation de tous les sans-papiers ! A bas le pillage impérialiste, impérialisme européen hors d’Afrique, annulation de la dette extérieure des anciennes colonies européennes ! Pour l’expropriation sans compensation et sous contrôle ouvrier et populaire des multinationales européennes à l’étranger !

Révolution Permanente (France),
Corriente Revolucionaria de Trabajadores y Trabajadoras - CRT (Etat espagnol),
Revolutionäre Internationalistische Organisation - RIO (Allemagne),
Frazione Internazionalista Rivoluzionaria - FIR (Italie).


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