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Répression

Répression : la SNCF profite des JO pour tester à grande échelle des outils de surveillance algorithmique

Une enquête Mediapart révèle que la SNCF expérimente depuis 2017 des outils de traitement algorithmique des images de vidéosurveillance, qu'elle pourrait tester en grandeur nature à l’occasion des JO.

Matthias Lecourbe

28 décembre 2023

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Répression : la SNCF profite des JO pour tester à grande échelle des outils de surveillance algorithmique

Crédits photo : Wikimédia Commons

Ce lundi 25 décembre, Mediapart a publié une enquête détaillant les expérimentations d’algorithmes de traitement des images de vidéosurveillances, menées depuis 2017 par la SNCF. Entre 2017 et 2021, l’entreprise a testé 19 logiciels de vidéo-surveillance, en partenariat avec des entreprises étroitement de l’industrie de l’armement, comme Thalès, ou liées au monde militaire, comme l’entreprise israélienne Anyvision, dont les logiciels ont été utilisés pour la surveillance des Palestiniens de Cisjordanie.

L’objectif des logiciels, qui sont actuellement encore en développement, est de pouvoir identifier des comportements de différents types, de l’oubli d’un bagage au port d’une arme au sein des gares, mais aussi de pouvoir suivre des individus dans leurs trajets. Des outils qui ouvrent la voie à une surveillance généralisée, au service, évidemment, de la répression. Avec ses expérimentations, la SNCF se place en pointe de futures offensives de grande ampleur.

Dans cette perspective, les Jeux Olympiques pourraient offrir une opportunité rêvée. En effet, la loi « Jeux Olympiques », adoptée le 19 mai 2023 autorise l’usage d’algorithmes de vidéosurveillance jusqu’en mars 2025 par la police, la gendarmerie, et les services de sécurité de la SNCF durant les « événements culturels et sportifs ». Une mesure qui prend une signification particulièrement inquiétante suite aux révélations de Mediapart.

Il apparaît en effet clairement que les JO devraient être une occasion d’expérimentation de nouvelles techniques de surveillance. Si une partie sont encadrées légalement de façon plus ou moins restrictives, l’expérience récente a montré comment l’État n’hésitait pas à employer des techniques illégales avant de les légaliser de façon autoritaire. Ainsi de l’usage des drones en manifestation, utilisés dès 2018 avant d’être légalisés au travers de la loi sécurité globale. On l’a également vu dans le cas de l’usage fait par certains services de police de technologies de reconnaissance faciale en dehors de tout cadre légal, révélé en novembre dernier par le média Disclose.

Elle s’inscrit dans une série d’annonces toutes plus réactionnaires les unes que les autres concernant l’organisation des JO. Il y a un an déjà, Gérald Darmanin avait annoncé une présence policière inédite à Paris et dans les zones se situant autour des sites des JO. D’ailleurs, en plus de doubler le nombre de policiers dans les transports, la présidente de la région Île-De-France Valérie Pécresse a annoncé le doublement du prix des tickets de métro et des abonnements Navigo, tandis que le préfet de police Laurent Nuñez a annoncé un plan de restriction de la circulation autour des sites des JO, avec un système de déplacements dérogatoires à justifier auprès d’une plateforme en ligne et la fermeture de certaines stations de métro et de RER dans ces zones.

Une nouvelle fois, ces JO s’annoncent comme une offensive importante contre les travailleurs, notamment du secteur des transports, du tourisme et de la santé qui seront très fortement mobilisés, mais aussi contre les habitants des quartiers populaires, en particulier les personnes racisées, déjà exposées à des violences et des humiliations quotidiennes de la part de la police. Avec l’arsenal policier mis en place, celles-ci ne vont faire que se renforcer dans les zones proches des sites de JO que sont Saint-Denis, L’Île-Saint-Denis et Saint-Ouen, de la même façon que les confinements pendant le Covid avaient vu se multiplier les cas de violences policièresAlors que les services publics sont déjà exsangues, qu’une personne sur deux saute des repas en France, les JO sont destinés à divertir une minorité pouvant de payer des billets à plusieurs centaines d’euros pour assister à la moindre épreuve. Il est donc urgent de se saisir de cet événement pour construire un mouvement contre ce gouvernement, qui enchaîne les réformes anti-sociales et les manœuvres autoritaires, pour le faire reculer et arracher des conquêtes sur le terrain des salaires, des services publics ou encore du temps de travail qui puissent bénéficier à la majorité de la population.


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