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Palestine vivra, Palestine vaincra

Quatre nuits et quatre jours d’horreur à Gaza : les prémices d’un nettoyage ethnique ?

Après l’annonce d’un « siège complet », l'Etat colonialiste d'Israël continue de bombarder massivement la bande à Gaza, détruisant les infrastructures civiles et les hôpitaux. Plus de 770 Palestiniens ont déjà été tués, dont 140 enfants. Un bilan sanglant, mais le pire reste à venir.

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Quatre nuits et quatre jours d'horreur à Gaza : les prémices d'un nettoyage ethnique ?

Le ministre de la Défense Yaev Gallant avait annoncé lundi un « siège total de la bande de Gaza » expliquant « qu’il n’y aurait pas d’électricité, pas de nourriture, pas de carburant » pour ses habitants. Et de conclure : « nous combattons des animaux humains et agissons en conséquence ». Vingt-quatre heures plus tard, le bilan est déjà particulièrement sanglant et macabre. Et le pire reste à venir.

A Gaza, la situation est d’ores et déjà cataclysmique. « Nous n’avons jamais été témoins de cette barbarie auparavant » témoignent des Gazaouis pour L’Orient-Le Jour. Les coupures d’électricité décidées par Israël obligent à compter sur les quelques réserves de carburant à disposition pour faire fonctionner un générateur qui fournira au maximum quatre heures d’énergie par jour. Les stocks s’épuisent vite, tout comme la nourriture et le matériel de survie alors qu’Israël a déjà averti qu’elle attaquerait et bombarderait tout camion transportant des marchandises sur le passage de Rafah qui relie le sud de la bande de Gaza au nord du Sinaï égyptien. Dans les jours qui arrivent pour les deux millions d’habitants de Gaza, la situation s’annonce critique.

En réalité, l’horreur est déjà là. Après quatre nuits de bombardements et de destructions, les hôpitaux sont débordés. Le ministère palestinien et l’OMS ont demandé un « couloir humanitaire pour permettre l’arrivée de l’aide médicale d’urgence ». Un journaliste d’Al Jazeera raconte depuis l’hôpital Al-Shifa : « Les bombardements n’ont pas cessé depuis dimanche soir, toutes les heures des immeubles résidentiels sont pris pour cible et bombardés. Des ambulances transportant des corps arrivent en flux continu devant l’hôpital. La plupart des morts sont de jeunes enfants, les autres sont des civils. Les médecins prévoient d’être à court de matériel et de carburant rapidement. Ils devront alors cesser leurs activités, ils n’auront pas le choix. Ils disent que si l’aide n’atteint pas la bande de Gaza par l’intermédiaire des organisations humanitaires internationales, ils ne pourront plus aider aucune des victimes ».

A Gaza, la principale ville du territoire palestinien, 700 000 habitants vivent dans une promiscuité étouffante. Des quartiers entiers et des lotissements ont été détruits, réduits en poussière et en cendre. Sur le réseau social X (anciennement Twitter) plusieurs vidéos circulent. Ci-dessous, le quartier Al-Rimal, au centre de la ville. Désormais, un amas de ruines.

Face au chaos, le ministère palestinien de la santé à Gaza a expliqué ne pas pouvoir mettre à jour de façon régulière le nombre de morts. Le dernier bilan comptabilise au moins 740 Palestiniens tués et plus de 4000 blessés. A ce nombre, il faut ajouter les 18 Palestiniens assassinés depuis samedi en Cisjordanie occupée. Pour ceux qui restent, les survivants, le cauchemar ne fait que commencer. Ces derniers jours, l’armée israélienne a commencé à bombarder les camps de réfugiés, notamment celui de Jabaliya dans le nord de la bande de Gaza. La plupart des Palestiniens qui s’y trouvaient avaient fui Gaza après la destruction de leurs maisons. « Nous ne serons plus jamais en sécurité » résume Asmaa Tayeh, une écrivaine depuis le camp.

Depuis quatre jours, à Gaza le bal des funérailles est continu. Mardi, plusieurs journalistes palestiniens ont été enterrés. La veille, une frappe israélienne avait ciblé un immeuble abritant des locaux de presse. Mohammed Sobh, Saed al-Taweel et Hesham al-Nawajha n’ont pas survécu. Au total, sept journalistes palestiniens ont été tués depuis samedi, deux autres sont portés disparus.

Dans la matinée, Israël, pour la première fois, a délivré son propre bilan comptable. L’Etat sioniste revendique avoir retrouvé près de 1500 corps, présumés militants du Hamas, entre Israël et la bande de Gaza, et a annoncé avoir « rétabli le contrôle de la frontière ». Une offensive si brutale que même l’ONU, dans le concert de défense inconditionnelle et impérialiste d’Israël à l’international, s’est retrouvée forcée de dénoncer une « une punition collective ». « L’imposition de sièges qui mettent en danger la vie des civils en les privant de biens essentiels à leur survie est interdite par le droit international » a déclaré la Haut-commissaire aux droits de l’homme.

Une « punition collective » dont l’Etat d’Israël a l’habitude. Le quartier d’Al-Rimal, entièrement détruit, avait déjà essuyé le prix des bombes en 2021. Plus de quarante personnes avaient perdu la vie dans la rue d’Al-Wheda. En plus de soixante-dix ans de politique colonialiste et d’apartheid, l’Etat sioniste qui maintient la bande de Gaza sous blocus depuis plus de seize ans, a transformé ce territoire en la plus grande prison à ciel ouvert du continent, augmenté de façon exponentielle le nombre de ses colonies dans toute la Cisjordanie occupée et réprimé dans le sang la résistance des Palestiniens qui y résident, à grand renfort d’attaques quotidiennes de ses soldats et colons, de pogroms et de raids sur les camps de réfugiés.

En réalité, peu de familles palestiniennes ces dernières années ont échappé à la démolition de leurs maisons, à la fermeture de leurs sources d’eau, et à l’expulsion systématique des leurs à Jérusalem et dans les villes israéliennes, où les Arabes sont traités comme des « citoyens » de seconde classe. Cette fois, cependant, « l’ampleur des destructions dépasse celles de la guerre de 2014 ou [du conflit] de 2021. C’est en continu et on ignore quand cela va s’arrêter. Un enfant est venu avec mes proches, je ne le connaissais pas et quand je les ai accueillis, je l’ai étreint. Il s’est mis à pleurer : il venait de vivre deux bombardements sur le chemin pour venir jusqu’ici. Tout ça dépasse l’entendement » raconte une travailleuse palestinienne au Monde.

Dans les jours qui arrivent, la « contre-offensive israélienne » devrait se durcir encore. Quelques 300 000 réservistes répondaient, mardi 10 octobre, à la mobilisation « la plus rapide jamais vue », annoncée la veille par l’armée. Tous rejoignent des forces qui se concentrent au pourtour de Gaza. Une attaque terrestre de grande ampleur serait en préparation.

Mardi, dans la matinée, le lieutenant-colonel Richard Hecht, a déclaré lors d’un appel avec des journalistes étrangers. « Le passage de Rafah est toujours ouvert. Je conseillerais à tous ceux qui peuvent sortir de le faire ». Quelques heures plus tard, un communiqué de l’armée israélienne a démenti. « Ces derniers jours, l’armée a donné pour instruction à la population de la bande de Gaza de s’éloigner des zones désignées. Nous soulignons qu’il n’y a eu aucun appel officiel lancé par Israël demandant aux résidents de la bande de Gaza de partir en Égypte ». Quoi qu’il en soit, M. Netanyahou a promis une guerre qui « changera le Proche-Orient » et en arrière-plan, plane la menace d’une épuration ethnique des Palestiniens des terres de leurs ancêtres.

En réaction, ces dernières heures de premiers affrontements ont vu le jour en Cisjordanie et à Jerusalem-Est. Pour l’heure de faible intensité, ils pourraient être explosifs dans le contexte actuel et s’ajoutent aux tensions croissantes pour l’Etat d’Israël à sa frontière nord avec le Liban. Dans la continuité des manifestations qui ont eu lieux dans le monde occidental et arabe ces derniers jours, il y a urgence à construire une grande campagne de solidarité internationaliste contre les atrocités de l’Etat colonialiste d’Israël et le soutien des puissances impérialistes qui approuvent et accompagnent sa politique de nettoyage ethnique de la population palestinienne. Palestine vivra, Palestine vaincra !


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