×

Enquête

Le Pen et d’autres eurodéputés toucheront jusqu’à 13 700€ de retraites avec un fonds de pension

En pleine contestation de la réforme des retraites, une enquête de Mediapart et Investigate Europe révèle que des centaines d’eurodéputés, dont Marine Le Pen et Brice Hortefeux cotisent à un fonds de pension qui leur permet de bénéficier d’une retraite allant jusqu’à 13 700 euros par mois.

Erell Bleuen

5 mai 2023

Facebook Twitter
Le Pen et d'autres eurodéputés toucheront jusqu'à 13 700€ de retraites avec un fonds de pension

Crédits photo : European Parliament

En pleine contestation de la réforme des retraites en France, l’enquête de Mediapart et d’Investigate Europe sur le « fonds de pension volontaire des eurodéputés » fait l’effet d’une bombe. Publiée le 3 mai, celle-ci atteste entre autres qu’au moins 81 élus français au Parlement Européen, dont Marine Le Pen, Brice Hortefeux, ou encore Michelle Alliot-Marie ont souscrit à un fonds de pension pour compléter leur retraite. Un fonds alimenté en grande partie par l’argent public qui leur permet de toucher jusqu’à 13700 euros de pension mensuelle.

Le « fonds de pension volontaire des eurodéputés », ou FPV a été créé en 1991 et s’est maintenu après l’instauration d’un système commun en 2009, dont 908 personnes seraient actuellement membres. Selon Mediapart, le FPV est en majorité alimenté par l’argent du contribuable. L’enquête documente en effet que « Pour chaque euro cotisé par un eurodéputé, deux euros sont sortis directement du budget général du Parlement. Au total, 118 millions d’euros ont été tirés de la poche des contribuables européens. »

Et alors que la faiblesse du niveau de pension des populations européennes – et a fortiori française – a été mise sur le devant de la scène, le FPV permet aux eurodéputés eux, de bénéficier de pensions de retraites exorbitantes, allant jusqu’au double du montant de leur pension initiale (jusqu’à 13 640 euros mensuel selon les calculs d’Investigate Europe).

Les révélations quant aux bénéficiaires de ce fonds de pensions apparaissent comme un témoignage de l’hypocrisie des discours portés par des personnalités politiques, comme certains élus des Républicains, quant à la réforme des retraites imposée par Emmanuel Macron. En effet, la liste des eurodéputés français révélée par l’enquête comporte notamment les noms de Brice Hortefeux, ancien ministre sarkoziste et eurodéputé LR depuis 2011 qui a soutenu la réforme des retraite macroniste, ou Michèle Alliot-Marie, ancienne ministre sous Chirac et Sarkozy pendant que ce dernier imposait lui aussi une réforme anti-sociale sur les retraites.

Mais les Républicains ne sont pas les seuls à se retrouver épinglés par l’enquête. Après en avoir détourné des fonds européens, Marine Le Pen et son père qui ont affiché pendant des décennies une ligne « anti-système » quant à l’Union Européenne, profitent en réalité de l’argent de ses contribuables. Le père Le Pen pourrait, après 35 ans de mandat, toucher la somme maximale de pension, à savoir 13 674 euros selon les calculs d’Investigate Europe. Concernant Marine Le Pen, celle-ci n’a également pas renoncé à son fonds de pension, et pourrait bénéficier de 6246 euros par mois toujours selon l’enquête.

La candidate qui cherche à incarner l’opposition « populaire » à Emmanuel Macron n’est en réalité pas si populaire que ça. De quoi rappeler que celle qui recommence à mettre en avant sa défense de la retraite à 60 ans dans la période récente, est non seulement tout autant une ennemi sur la question des retraites qu’hypocrite, puisqu’elle se prépare une retraite personnelle en or.

Alors que Le Pen tente de capitaliser sur la colère contre Macron et sa réforme des retraites en vue des prochaines échéances électorales, ces nouvelles révélations sur sa retraite en or payée par le contribuable montrent une fois de plus qu’elle n’est en rien une alliée des classes populaires. En plus d’un programme réactionnaire et contraire aux intérêts des travailleurs, elle partage en effet avec le reste de la classe politique et le patronat les mêmes magouilles qui leur permettent de se gaver sur le dos de la population.


Facebook Twitter

Erell Bleuen

@Erellux

« Sciences Po a le droit d'évacuer » : Glucksmann soutient la répression des étudiant·es pro-Palestine

« Sciences Po a le droit d’évacuer » : Glucksmann soutient la répression des étudiant·es pro-Palestine

Tribune. Stop à la criminalisation du soutien à la Palestine !

Tribune. Stop à la criminalisation du soutien à la Palestine !

Projet de loi logement : le gouvernement prépare une offensive contre les plus précaires

Projet de loi logement : le gouvernement prépare une offensive contre les plus précaires

Sciences Po occupés : rejoignons leur combat contre le génocide à Gaza

Sciences Po occupés : rejoignons leur combat contre le génocide à Gaza

« Préférence européenne », bouclier anti-missile : Macron précise son projet militariste pour l'Europe

« Préférence européenne », bouclier anti-missile : Macron précise son projet militariste pour l’Europe

Toulouse. 33 organisations appellent à se rassembler contre la criminalisation du soutien à la Palestine

Toulouse. 33 organisations appellent à se rassembler contre la criminalisation du soutien à la Palestine

Nouveaux dispositifs policiers et surveillance accrue : l'offensive sécuritaire se déploie à Brest

Nouveaux dispositifs policiers et surveillance accrue : l’offensive sécuritaire se déploie à Brest

Simplification administrative : des annonces creuses qui préparent des offensives d'ampleur

Simplification administrative : des annonces creuses qui préparent des offensives d’ampleur