Dans la nuit de samedi 13 au dimanche 14 janvier, à proximité d’une plage de Wimereux dans le Pas-de-Calais, cinq migrants sont morts alors qu’ils tentaient de rejoindre une embarcation dans une eau glaciale pour traverser la Manche. Deux autres seraient gravement blessés. En tout, ce sont 70 personnes selon la Voix du Nord qui ont été rescapées, dont une dizaine d’enfants en bas-âge et un nourrisson d’un mois.

Ce drame signe les premiers morts de l’année 2024 sur les côtes françaises. Ces dernières années, sur fond de renforcement des mesures anti-migrants promulguées par le gouvernement anglais, dont le premier ministre actuel Rishi Sunak s’est fait une spécialité, et d’une politique particulièrement agressive de son homologue français, les morts se multiplient dans la Manche. Ainsi, la mort de ces réfugiés n’est pas un accident, mais le crime de deux gouvernements.

Une politique criminelle qui s’est renforcée ces derniers mois sur fond de militarisation de la frontière et de nouveaux moyens pour la police, à l’image de la création d’un nouveau commissariat d’un coût de 200 000 euros et de l’augmentation de fonds pour les CRS locaux annoncés par Darmanin en décembre dernier. Ce nouveau drame survient d’ailleurs seulement quelques jours après la mise en place de nouveaux dispositifs à la frontière, notamment de barrages flottants sur les fleuves. Une « fermeture » des frontières qui oblige les candidats à l’exil à prendre toujours plus de risques.

De façon particulièrement cynique, le chef de la diplomatie britannique David Cameron a affirmé à la BBC que ce drame inciterait le gouvernement britannique a « poursuivre [sa] politique (migratoire) avec le Rwanda ». Une politique qui vise à expulser massivement les demandeurs d’asile [vers le Rwanda. >https://www.revolutionpermanente.fr/Royaume-Uni-le-Parlement-valide-l-expulsion-massive-des-migrants-vers-le-Rwanda#] sur fond de surenchère xénophobe à l’échelle de l’Europe. La validation du Pacte Asile et Immigration promet ainsi davantage de mesures sécuritaires et xénophobes allant de la « sécurisation des frontières » à l’externalisation du « contrôle » de ces dernières à des pays tiers comme la Tunisie. Une surenchère xénophobe qui se passe aussi au niveau national, notamment en Italie, en Allemagne ou encore en France où une loi Immigration d’une brutalité historique vient d’être votée.

Ce nouveau drame nous rappelle, une fois de plus, le caractère assassin des politiques anti-migratoires de l’Union européenne et l’urgence de revendiquer haut et fort l’ouverture des frontières, la régularisation immédiate de tous les sans-papiers, la fermeture des centres de rétention administrative, le droit au regroupement familial et l’arrêt immédiat des expulsions. Des revendications qu’il faut commencer à faire entendre, et cela de façon urgente, en construisant un rapport de force contre la loi Immigration. De l’air, de l’air : ouvrez les frontières !