[Edit le jeudi 12/10 à 23h avec la confirmation d’Human Rights Watch]
Depuis l’annonce par Netanyahu d’une « guerre longue et difficile » le dimanche 8 octobre, le lendemain des attaques menées par le Hamas en Israël, l’armée israélienne a débuté un siège de la bande de Gaza. Sans eau ni électricité, le territoire palestinien occupé depuis 56 ans subit les frappes aériennes de l’IDF (Israel Defense Forces). A 15h le 12 octobre, plus de 1 300 palestiniens de Gaza ont perdu la vie, d’après le ministère de la santé de l’enclave.
Des vidéos rapportent la probable utilisation de munitions au phosphore blanc
Alors que les bombardements se multiplient à Gaza, plusieurs vidéos témoignent de l’utilisation de bombes au phosphore blanc. Ainsi, l’ONG European-Mediterranean Human Rights Monitor (aussi appelée Euro-Med Monitor) dirigée par Richard Falk, ancien rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Palestine a relayé deux vidéos qui révèleraient l’usage de phosphore blanc par l’armée israélienne au Liban et sur le territoire gazaoui.
We are documenting Israel's use of what is believed to be phosphorus munitions in Sahl al-Mari & Shebaa Farms in Lebanon.
The use of such munition is internationally prohibited under the Geneva Conventions against civilian targets or even military targets in civilian areas (1/2) pic.twitter.com/H6QE3YZWMG
— Euro-Med Monitor (@EuroMedHR) October 11, 2023
Israel is using internationally-prohibited white phosphorus in Gaza.
These munitions are an indiscriminate incendiary weapon that ignite on contact with oxygen.
In closed spaces, the toxic fumes can cause asphyxiation & permanent respiratory damagepic.twitter.com/IELyM08JYI
— Maha Hussaini (@MahaGaza) October 12, 2023
A 12h15 ce jeudi, c’est une journaliste gazaouie qui a dénoncé à son tour l’usage de ce type de munitions, ainsi que la difficulté de faire circuler les informations sur les bombardements à cause de la désactivation des services internet et de réseau téléphonique :
Another Gaza journalist saying they are dropping white phosphorus on civilian areas pic.twitter.com/vkPEKGhaLU
— Cassandra MacDonald (@CassandraRules) October 12, 2023
L’agence de presse palestinienne WAFA qui a aussi dénoncé un bombardement « du port de pêcheurs et la route côtière à l’ouest de la ville de Gaza avec des dizaines de missiles et d’obus au phosphore. » Finalement, c’est l’association humanitaire Human Rights Watch qui a confirmé ce jeudi soir l’utilisation de telles munitions.
Plusieurs palestiniens victimes des frappes aériennes israéliennes ciblant plusieurs maisons à Gaza et l’aviation israélienne bombarde le port de pêcheurs à l'ouest de Gaza avec le phosphore blanc :https://t.co/tUdpLrMAn6 pic.twitter.com/7sH6fCE1AQ
— Agence de Presse Palestinienne de WAFA (@agence_wafa) October 11, 2023
L’utilisation du phosphore blanc à Gaza est donc quasi certaine, d’autant qu’Israël avait déjà utilisé ces armes par le passé à Gaza. Plusieurs ONG de défense des droits de l’homme ont effectué des enquêtes sur le territoire palestinien au début de l’année 2009, pendant la « guerre de Gaza », et ont accusé l’état d’Israël d’avoir commis des crimes de guerres par leur utilisation du phosphore blanc. Après avoir initialement nié l’usage du produit chimique, le gouvernement israélien a finalement reconnu en juillet de la même année avoir « eu recours à des munitions au phosphore blanc ».
Les conséquences dramatiques des munitions au phosphore blanc
Le phosphore blanc est interdit par l’ONU depuis 1983. Son utilisation est classifiée comme un crime de guerre. Extrêmement dangereux, le phosphore blanc, aussi appelé phosphore jaune, est encore utilisé par les États-Unis, Israël ou encore l’Azerbaïdjan. Cette forme modifiée de l’élément phosphore s’enflamme à seulement 30°C, et est donc facilement mortelle. Les brûlures qui résultent du contact avec le phosphore sont profondes et difficiles à guérir. Dans un article d’une revue médicale, quatre médecins du service de traitements des brûlés du CHU de Lille en décrivent les graves symptômes : « Les brûlures par phosphore sont classiquement des brûlures profondes, volontiers au 3ème degré, nécrotiques et très douloureuses. […] Les fumées de phosphore blanc causent des irritations, avec au maximum un œdème pulmonaire toxique pouvant nécessiter intubation trachéale et ventilation mécanique. Sur le plan électrolytique, les brûlures au phosphore, même touchant une petite surface, peuvent provoquer une hyperphosphorémie et une hypocalcémie responsables de troubles du rythme cardiaque et de mort subite ». En outre, jusqu’à huit jours après l’exposition, les victimes exposées peuvent à tout moment subir une « défaillance multiviscérale pouvant conduire à un décès ».
Du fait de la coupure d’électricité par Israël, les hôpitaux gazaoui craignent ne plus pouvoir assurer leurs services encore longtemps, et les plus de 6000 blessés palestiniens ne pourront pas être soignés. Ce n’est pas la première fois que l’armée israélienne a recours au phosphore blanc comme arme contre la résistance palestinienne, ayant déjà utilisé l’agent incendiaire en 2009. Le gouvernement d’Israël a montré sa volonté à sévir contre les civils palestiniens afin d’étouffer toute tentative de soulèvement. Contre le régime d’apartheid israélien, soutien à la libération du peuple palestinien !