Crédits photos : OTAN CC BY-NC-ND 2.0 DEED
La Loi de Programmation Militaire annoncée en juillet dernier prévoyait déjà une augmentation du budget de l’armée française, avec un budget de 68 milliards en 2030, soit 413 milliards sur la période 2024-2030. Ce mercredi 4 octobre, la cour des Comptes a sorti son rapport qui estime que la contribution de la France à l’OTAN atteindra 830 millions d’euros en 2030. C’est une augmentation de 300% en huit ans. Dès 2024, la contribution financière française passera donc de 203 millions à 302 millions d’euros d’après le ministère des Armées.
L’OTAN, créée en 1949 en réponse à l’émergence du bloc soviétique, rassemble les plus grandes puissances impérialistes du globe : la France, le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada, l’Allemagne et l’Espagne, ainsi que 26 autres États européens. Depuis sa création, l’organisation politico-militaire a mené ses nombreuses opérations militaires dans un but impérialiste. Récemment engagée en Afghanistan jusqu’en 2021, le bilan humain et politique est désastreux, car l’Alliance a dû quitter le pays, chassée par les Talibans qu’elle avait évincés du pouvoir en 2003. Quelques années plus tard, en 2011, la Libye subit pendant sept mois les bombardements des forces Alliées, et souffre encore aujourd’hui de la destruction causée par la guerre civile qui a suivi l’intervention impérialiste.
La séquence ouverte par la guerre en Ukraine a mené à un engagement important de la part des États membres de l’OTAN. En mars dernier, le chef de l’OTAN appelait à ce que chaque pays augmente ses dépenses de défense nationales. La France a ainsi fortement augmenté le budget du ministère de l’Armée, mais a aussi contribué à hauteur de 7,4 milliards d’euros pour l’armement de l’Ukraine. C’est 9 % du budget alloué au ministère de l’Éducation Nationale, alors qu’Elisabeth Borne demandait aux ministères de trouver « 5 % de marge de manœuvres dans leurs budgets », annonçant des coupes budgétaires.
De 2014 à 2022, tous les États membres de l’OTAN, hormis Turquie et États-Unis, ont augmenté la part des dépenses de défense dans leur PIB, dépassant pour beaucoup le minimum des 2 % du PIB demandés par l’OTAN. Le Royaume-Uni et les États-Unis ont ainsi revu à la hausse le budget de défense ces dernières années. Aux États-Unis, qui ont déjà le plus gros budget militaire du monde (858 milliards d’euros en 2023), le gouvernement demande chaque année une augmentation du budget. Au Royaume-Uni, le gouvernement augmente le budget de l’armée pour « faire face aux nouvelles menaces », montant à 2,5 % de son PIB.
Si la France se réarme, elle est donc loin d’être la seule, et c’est tout le continent qui multiplie les achats de matériels auprès des marchands d’armes comme Thales, MBDA ou encore Dassault. Des budgets en hausse systématique, alors que Macron déplore l’état « de crise » des services de santé publics. A titre de comparaison, la future contribution de la France à l’OTAN (830 millions d’euros) pourrait financer 590 000 journées d’hospitalisation dans les services de chirurgie. Il y a urgence d’arrêter de financer les projets militaires au lieu des services publics.