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Tribune libre

Pourquoi les collectifs de sans-papiers ne manifesteront pas à Paris ce 21 janvier ?

Ce dimanche, des manifestations contre la loi immigration auront lieu dans toute la France. Des collectifs de sans-papiers à l’origine des dernières mobilisations contre la loi ont choisi de ne pas y participer. Nous relayons leur communiqué.

20 janvier

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Pourquoi les collectifs de sans-papiers ne manifesteront pas à Paris ce 21 janvier ?

Crédit photo : O Phil des Contrastes

Alors qu’une manifestation contre la loi immigration aura lieu ce dimanche à laquelle nous serons présents, il nous semblait important de relayer ce communiqué signé par le Collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry-sur-Seine 94, la Coordination Sans-Papiers 75, le Collectif Sans-Papiers Montreuil, les Gilets noirs, le Collectif Sans-Papiers St-Just 17eme et le Collectif Sans-Papiers 93.

Communiqué : Pourquoi nous, Collectifs de Sans-Papiers, nous n’appelons pas au 21 ?

Le 14 janvier, des manifestations réussies sur tout le territoire

Les manifestations du 14 janvier ont été initiées par les collectifs des Sans-papiers de région Parisienne et organisées avec 500 organisations dont beaucoup de structures locales. Les initiatives dans une trentaine de villes ont impliqué plus de 40 000 personnes. Ces manifestations du 14 ont montré qu’il existait une riposte unifiant les personnes sans-papiers et celles et ceux qui ont des papiers (les Français.e.s et immigré.es.). Elles ont montré par leur nombre et la nature de la mobilisation que quelque chose se passait. La manifestation parisienne a été dirigée et animée par les collectifs de Sans-papiers avec des cortèges de quartiers, des cortèges d’écoles en lutte contre la loi asile immigration, des cortèges LGBT, des activistes du Soulèvement de la terre, d’Extinction rébellion, des clubs de foot et la FSGT ( fédération sportive), de nombreuses associations, des syndicats, des organisations politiques, etc...

Un mouvement s’est levé

Des lycéens et lycéennes s’organisent, les blocages de lycées reprennent à Paris, Rennes ou Nantes. Les assemblées étudiantes se multiplient dans plusieurs villes. Des assistantes d’éducation se sont mises en grève à Charenton. Les banderoles contre la loi fleurissent devant des écoles. Des professionnels de la santé commencent à se coordonner. Ce mouvement s’est levé dès le soir du vote, le 19 décembre. Dans ce contexte, l’organisme SINGA a organisé une réunion avec une série d’organisations. Nous, collectifs, n’y étions pas conviés. Il en est sorti un premier appel demandant au président Macron de ne pas promulguer la loi. Ce texte ne mentionnait aucune des revendications pour lesquelles nous nous battons depuis des années. Aucune référence à nos luttes. Aucune initiative n’était proposée.

Construction d’une dynamique pour le 14 janvier

Face à cette carence, nous avons proposé aux organisations regroupées dans les réseaux de l’UCIJ et de la Marche des Solidarités une réunion pour le 22 décembre. À cette réunion ont participé une centaine de personnes représentant une soixantaine d’organisations, de collectifs, d’associations, de syndicats. La date du 14 janvier y a fait l’objet d’un consensus majoritaire. Un appel a été élaboré dans lequel tous les présents ont pu intervenir, y compris des organisations qui, par la suite n’appelleront pas au 14. Cet appel, amendé, a été soumis à signature à partir du 27 décembre. Les signatures ont commencé à affluer.

L’initiative concurrente du 21

Alors que des centaines d’organisations avaient déjà signé, alors que des initiatives étaient programmées dans des dizaines de villes, nous avons appris avec surprise, le 7 janvier au soir, cet appel de 201 personnalités pour le 21. Dans cet appel, parrainé par plusieurs organisations nationales, tout comme pour l’appel initié par SINGA le 20 décembre, aucune de nos revendications historiques n’était reprise ; aucune référence aux luttes et aux grèves en cours. En revanche, alors que nous n’avions été associés ni aux réunions, ni à la rédaction de l’appel, ni au choix de la date, les délégués des collectifs ont commencé à être sollicités individuellement pour signer l’appel pour le 21. Et cela, alors même que nous étions tendus pour organiser le succès du 14 janvier.

Donc, si on comprend bien, une fois le gâteau préparé et la date pour le présenter décidée, nous sommes invités à le servir et à l’embellir par notre participation. Nous devions être « la cerise sur le gâteau », comme on dit. Dans cette démarche, nous nous sommes sentis trahis et non respectés. En région parisienne, les manifestations pour le 21 janvier ont été organisées en marge des premiers concernés et en concurrence avec les manifestations du 14 janvier.

Heureusement ce n’est pas la logique qui domine dans de nombreux endroits. Mais là où il faut construire une unité de lutte, les initiateurs de l’appel du 21 ont semé les graines de la division avec celles et ceux qui se battent depuis des mois contre cette loi raciste. Pour nous, la lutte pour l’égalité des droits dans la société doit se traduire par l’égalité des droits dans l’organisation de la lutte elle-même. Dans ces conditions, nous avons décidé de ne pas participer à cette manifestation parisienne du 21 janvier, par dignité et pour dire que la lutte ne peut gagner sans les premiers et premières concerné·e·s.

Mais aussi pour dire que cette loi est bien une loi raciste et xénophobe contrairement à ce que certaines organisations oublient de dire. Ce racisme et cette xénophobie qu’on doit combattre jusqu’au retrait total de la loi. Et que le combat ne s’arrêtera pas là, qu’on ne peut ni ne doit revenir à la situation antérieure, que l’immigration n’est ni le problème ni même un problème. Qu’il faut imposer l’égalité des droits pour toutes et tous, la régularisation de toutes et tous les Sans-papiers.

Nous appelons à une nouvelle journée de manifestations, le samedi 3 février

Des appels à la grève ont été lancés pour le 25 janvier, date charnière. Pas tant dans l’attente des décisions du Conseil Constitutionnel. Mais parce qu’au soir du 25 janvier, Emmanuel Macron sera en position de promulguer la loi. Les organisations signataires de l’appel pour le 14 janvier ont décidé d’une nouvelle date de mobilisation sur tout le territoire, le samedi 3 février. La lutte continue. Nous vous invitons à la prochaine réunion du cadre de l’appel pour le 14 qui aura lieu le mardi 23 janvier.


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