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Mobilisation

« On est pour le retrait total ! » Aux Lilas, des lycéen-ne-s bloquent leur établissement contre la loi immigration

Plusieurs lycées étaient aujourd’hui bloqués, jour du rendu de la décision du conseil constitutionnel au sujet de la loi immigration. Au lycée Paul Robert des Lilas (93), les lycéen-ne-s mobilisé-e-s dénoncent la loi raciste et xénophobe promue par Darmanin, et votée en décembre dernier avec la bénédiction du RN.

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« On est pour le retrait total ! » Aux Lilas, des lycéen-ne-s bloquent leur établissement contre la loi immigration

Depuis le mois de décembre, plusieurs établissements scolaires en région parisienne se sont spontanément mobilisés pour dénoncer la loi immigration, une loi raciste et xénophobe qui va toujours plus dégrader et précariser les conditions de vie de tout-e-s les étrangers vivant en France. Ce jeudi, alors que la loi devait être examinée par le Conseil Constitutionnel, un rassemblement était appelé à 16h place du Louvre (Paris 1er) par plusieurs syndicats et collectifs de personnels de l’Education, tandis que plusieurs lycées ont été bloqués dès le matin. C’est le cas du lycée Paul Robert des Lilas, en Seine-Saint-Denis.

« On est pour le retrait total »

Dans un communiqué distribué devant le lycée, les lycéen-ne-s mobilisés dénoncent « une loi raciste, discriminatoire, en ligne droite du programme xénophobe de l’extrême-droite, faisant de l’étranger un ennemi public, et qui s’attaque à l’universalité et à l’égalité des droits ».

Interrogé-e-s sur les raisons qui les ont conduits à organiser le blocage, les lycéen-ne-s dénoncent ainsi une « loi d’extrême-droite », revendiquée comme une « victoire idéologique par le RN », ainsi que l’hypocrisie du gouvernement. « Aujourd’hui, il y a une banalisation de l’extrême-droite qui fait que certaines idées racistes sont vues comme pas si inacceptables », déclare une lycéenne, tandis qu’un autre abonde « on nous parle de faire barrage au RN, mais en fait ils nous préparent à 2027. Tout ce qu’ils font est proche des idées de l’extrême-droite, et en 2027, il sera trop tard ». Plutôt que de compter sur de potentiels amendements du conseil constitutionnel, une lycéenne déclare ainsi être « pour le retrait total ».

« Oudea-Castera OQTF ! » : casse de l’école publique et loi immigration, le système Macron

Parmi les pancartes affichées devant le lycée, certaines associent la loi immigration et la nouvelle ministre de l’Education nationale (et de la Jeunesse et des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques). Pour les lycéen-ne-s mobilisés, il y a en effet un lien entre les différentes politiques portées par le gouvernement. « Tout a un lien […] : on voit bien la répression des personnes noires pour le procès de Théo, le sursis c’est une blague ! », de même qu’« il y a un SDF qui a pris plusieurs mois de ferme pour avoir volé un T-shirt, le mec avait froid quoi ! ».

« Avec la nouvelle ministre de l’école privée, on voit bien qu’il y a un mépris de l’école publique flagrant. Par rapport à la loi immigration, il y aura une différence entre les enfants de nationalité française et de nationalité étrangère, même nés sur le sol français, même les binationaux ». Or, pour la lycéenne interrogée, c’est aussi la « mixité sociale de l’école publique, avec des enfants de parents immigrés à l’école publique » qui est attaquée avec la loi immigration. Une mixité sociale qu’on, elle le souligne, « ne voit pas à Stanislas ! », le lycée privé élitiste catholique et non-mixte où la ministre scolarise ses enfants, et qui est aujourd’hui visé par plusieurs scandales.

Les lycéen-ne-s dénoncent ainsi les discriminations qui ont déjà lieu entre établissements privés prestigieux, et l’école publique, où « on ne contourne pas Parcoursup’ ». Mais ils dénoncent aussi le caractère discriminatoire de l’école publique, où « il y a déjà des discriminations vis-à-vis du nom du prénom, du lieu. Dans les écoles de banlieue, des personnes ne s’autorisent même pas à demander des formations alors qu’elles ont un meilleur dossier », en raison de leur origine.

Au sujet des autres mesures portées par le ministère de l’Education nationale, les lycéen-ne-s mobilisé-e-s ont aussi un message clair. « Quand on voit qu’on a aussi peu de moyens dans l’école publique et qu’eux ils investissent autant pour le SNU ou pour l’uniforme, on comprend bien qu’ils n’en ont rien à faire de nous ». Pour une autre élève, « la mesure de l’uniforme c’est un mépris de la jeunesse, alors qu’on a besoin de profs, les heures ne sont même pas remplacées. Dans le 93, on perd je crois 1 an de cours ! Trouvez-nous des profs, des infirmières, des CPE, parce que même les profs déjà galèrent à 100% ».

« Il faut que les enseignants aussi, tout le monde suive ! »

Pour les lycéen-ne-s mobilisé-e-s, il y a ainsi urgence d’agir. « Il faut continuer à se mobiliser parce que c’est maintenant qu’on va faire changer les choses ». Que ce soit dans le rassemblement de ce soir, ou dans les futures manifestations, un lycéen appuie sur la nécessité des blocages et des cortèges lycéens, tandis qu’un autre évoque l’appel à la grève du 1er février dans l’Education nationale. Pour ce jour-là, dit-il, « il faut que les enseignants aussi, tout le monde, suive ! »

Un message avec lequel nous ne pouvons qu’être d’accord. Alors qu’un rassemblement était appelé à 16h place du Louvre (Paris 1er) par plusieurs syndicats et collectifs de personnels de l’Education, la manifestation du 1er février, appelée cette fois-ci par les principales directions syndicales du secteur, peut devenir un point d’appui pour une lutte plus large contre les attaques portées par Macron et son gouvernement, qui ne font que toujours plus précariser les travailleuses et travailleurs, et ne promettent à la jeunesse qu’un avenir de misère et de précarité. Pour cela, il est essentiel que les mots d’ordre sur les salaires et les conditions de travail s’étendent à d’autres revendications, pour le retrait de toutes les contre-réformes portées par le gouvernement : uniforme, SNU, mais aussi, dans un contexte où le gouvernement s’appuie sur le racisme et la xénophobie pour renforcer ses attaques, pour le retrait total de la loi immigration.


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