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Démagogie d'extrême droite

Mépris de classe. L’extrême droite attaque Rachel Kéké pour son logement social : solidarité !

La droite et l’extrême-droite accusent Rachel Kéké, syndicaliste, députée LFI, d’habiter dans un logement social en dépit de son salaire de parlementaire. Depuis son élection, l’ancienne figure de la grève des femmes de chambre de l’Ibis Batignolles est la cible des attaques empreintes de racisme et de mépris de classe par la droite et l’extrême droite. Solidarité avec Rachel Kéké !

Benoit Barnett

9 septembre 2023

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Mépris de classe. L'extrême droite attaque Rachel Kéké pour son logement social : solidarité !

Rachel Kéké ne s’en est jamais cachée, elle vit dans un logement social. Mercredi dernier, le journal Factuel, prétendait révéler en exclusivité que la député France Insoumise du Val-de-Marne (94) vivait dans un logement social malgré son salaire de député. Ce journal est parrainé par deux éditorialistes d’extrême droite : Christine Kelly, proche de l’Eglise Evangélique qui croit devoir son succès à Dieu, alors qu’elle le doit surtout à Larcher, Sarkozy et Bolloré, sur la chaîne duquel elle a donné la parole quotidiennement à Zemmour ; et Dominique Rizet, consultant suffisamment proche du groupement policier Alliance pour en animer le congrès. Cet article, relayé ensuite par le journal d’extrême-droite Valeurs Actuelles, s’ajoute à la multitude d’attaques à l’encontre d’une des seules ouvrières de l’Assemblée, depuis le début de son mandat. Des attaques face auxquelles on ne peut répondre que par une solidarité totale avec celle qui a lutté de manière tenace durant de longs mois contre les patrons de l’hôtellerie.

Une nouvelle attaque de l’extrême-droite, empreinte de mépris de classe

C’est, en effet, factuel, la députée habite encore dans son logement social dans le Val-de-Marne et explique que « dès que j’ai été élue à l’Assemblée nationale, j’ai été voir mon bailleur social pour lui demander si je pouvais rester ». Son bailleur lui a donné l’autorisation de rester à condition d’une augmentation de loyer, comme prévu par le Code de la construction, appelé supplément de loyer de solidarité. Rachel Kéké occupe son logement depuis sept ans avec ses quatre enfants qui sont scolarisés à Chevilly-Larue.

Vivre à cinq dans un 80m² est certainement une expérience qui dépayserait plus d’une famille de députés et en fait certainement une des surfaces habitables par personne les plus basses de l’Assemblée Nationale. Rachel Kéké ne vit pas dans le luxe, au contraire des députés et ministres macronistes et de droite qui votent à tours de bras des lois contre les locataires les plus pauvres que ce soit la loi dite « anti-squat » de Kasbarian ou le décret qui entre en application en octobre permettant la location d’habitations avec 1m80 seulement de hauteur de plafond ! Ce logement, Rachel Keke y a eu accès en raison de son statut de travailleuse précaire. En effet, son élection est survenue après vingt années de travail comme femme de chambre dans des conditions de précarité importante, comme elle l’explique elle-même dans un communiqué : « J’ai été toute ma vie une travailleuse précaire. J’ai vécu toute ma vie dans des quartiers populaires. » Elle poursuit : « C’est un engagement, pour un temps limité. Ma vie d’avant continue et continuera après mon mandat de député ». Autant de choses qui sont très difficiles à imaginer pour un député de droite ou un éditorialiste du sérail.

Depuis son élection, l’ancienne figure de la grève des femmes de chambre de l’Ibis Batignolles est la cible de toutes sortes d’attaques de la droite et de l’extrême-droite. En effet, dans l’entre-deux tour des législatives, l’ancienne ministre des sports Roxana Maracineanu avait dévoilé ce que pensent vraiment les bourgeois des travailleurs en lui expliquant qu’elle n’allait pas à l’Assemblée « pour faire le ménage ». De son côté, Stéphane Manigold, chroniqueur macroniste chez RMC, avait déclaré avec dédain : « cette fille va passer de 1500 euros de revenus par mois à plus de 5000 […] avant de vouloir gérer la vie des autres, il faut déjà que tu aies entre guillemets réussi à gérer ta vie ».

Cette attaque n’est donc qu’une nouvelle manifestation de ce mépris, de la part de professionnels de la politique et de journalistes à leur service, qui trouvent insupportable et même inconcevable qu’une travailleuse puisse siéger sur des bancs réservés aux classes dominantes. Il n’y a ainsi aucune leçon à recevoir de la part de cette classe politique, de cette extrême-droite, appuyée par ses milliardaires, et une machine médiatique toujours plus puissante à son service.

Salaires de députés, avantages en nature... : que faire de ces privilèges ?

Pour autant, le rapport des élus se revendiquant de gauche aux privilèges en cours à l’Assemblée nationale est une vraie question : que faire des importants émoluments liés à son poste de député lorsqu’on se dit de gauche, et que l’on affirme représenter les intérêts de ceux qui sont les plus exploités dans la société. Comment à la fois dénoncer la professionnalisation de la vie politique tout en ne remettant pas en question de manière explicite les privilèges qui permettent à la classe politique de vivre avec un niveau de vie bien plus proche de la bourgeoisie que des travailleurs.

Pour ce qui est de La France Insoumise, le rapport à cette question est des plus problématique. Comme le pointe Manuel Cervera-Marzal dans son enquête sociologique sur la France Insoumise : « À l’exception de François Ruffin [Note de RP : parce que celui-ci dispose déjà d’un revenu grâce à son journal et ses films], les députés insoumis ne voient pas de problème à leurs 5 700 euros mensuels. Je leur dis qu’en Espagne ou en Belgique, leurs partenaires de Podemos et du Parti du travail de Belgique se fixent un plafond de rémunération de 2 300 euros et qu’ils reversent la différence à leur parti ou à des associations. Puis je leur cite le leader du PTB, Raoul Hedebouw : "Si on ne vit pas comme on pense, on finit par penser comme on vit" ». Plus loin, Cervera-Marzal ajoute : « D’autres députés insoumis brandissent leur « force de conviction », leur « morale » ou leur « dévouement » pour m’expliquer que leurs privilèges matériels ne les éloignent pas des gens ordinaires. Ces arguments et ces « bonnes intentions » illustrent un manque de réflexion sur les effets antidémocratiques de la professionnalisation politique. La question du salaire (et de son plafonnement) est un "sujet tabou au sein du groupe ", me confirme Clémentine Autain ».

Cette politique, constatée avant l’élection de 2022, et toujours en cours, ne fait qu’illustrer une adaptation au cadre institutionnel bourgeois de la Vème république. Elle est le pendant et la conséquence logique d’une stratégie qui a pour centre de gravité le terrain institutionnelle et l’accession au pouvoir par les urnes de LFI et de Mélenchon.

A l’opposé de toute adaptation aux règles du jeu institutionnel, c’est bien en rupture profonde avec les privilèges en cours à l’Assemblée Nationale que les élus ouvriers ont toujours reversé leur salaire à leurs organisations en ne gardant que le salaire d’un ouvrier qualifié. Et c’est même une nécessité pour éviter ce risque de séparation avec le monde du travail et une condition pour dénoncer la professionnalisation de la vie politique. C’est pour cela, que contre toute adaptation institutionnelle, nous revendiquons le plafonnement des salaires des députés au salaire médian ou à celui d’un ouvrier qualifié et d’une manière générale la lutte contre les privilèges (retraites dorés, chauffeurs, salaires à plusieurs milliers d’euros) que se sont octroyés les bourgeois pour rester politiciens à vie. De telles revendications sont une condition pour un programme démocratique réellement radicale qui soit réellement en rupture avec le régime pourrissant de la Vème République.


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