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Offensive islamophobe

Menace d’expulsion de l’imam M. Mahjoubi : une nouvelle campagne raciste signée Darmanin et le RN

Le prêche d’un imam du Gard dans lequel il fustige les drapeaux nationaux est le prétexte d’une campagne islamophobe et d’une manipulation médiatique l’accusant de propos anti-français. Au cœur de l’offensive, Darmanin demande l’expulsion de l’imam pour faire la promotion de ses lois racistes et xénophobes.

Antoine Weil

20 février

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Menace d'expulsion de l'imam M. Mahjoubi : une nouvelle campagne raciste signée Darmanin et le RN

Depuis ce dimanche, Gérald Darmanin, le préfet du Gard, et les chaines d’informations en continu sont au cœur d’une campagne islamophobe, basée sur l’instrumentalisation des propos de l’imam Mahjoub Mahjoubi, officiant dans la commune de Bagnols-sur-Céze. Au départ de la polémique, le député Rassemblement National de la deuxième circonscription du Gard, Nicolas Meizonnet, qui a interpelé Gérald Darmanin quant aux propos de l’imam sur des « drapeaux tricolores » qualifiés de « sataniques », et réclamé son expulsion, en suggérant que l’imam s’attaque au drapeau français.

Le ministre de l’Intérieur s’est empressé de répondre positivement à la demande de l’élu d’extrême-droite, annonçant avoir signalé les propos de l’imam, en vue de lui retirer son titre de séjour et préparer son expulsion du territoire, alors que ce dernier, de nationalité tunisienne, est domicilié en France depuis 1989. Pour l’extrême-droite, relayée par le ministre de l’Intérieur, le but de la manœuvre est clair : faire passer les propos de l’imam pour un appel à la haine anti-Français, et en profiter pour mener une campagne islamophobe plus large.

Sauf que le propos de l’imam est largement tronqué et l’extrait vidéo présenté par le député d’extrême-droite volontairement raccourci pour coller avec la cabale médiatique en cours. En réalité, le leader religieux disserte sur la « fin des temps » dans l’islam et sur un épisode du coran concernant l’arrivée de « Al-Mahdi », « le rédempteur », censé réunir tous les musulmans : « Il va s’autoproclamer et là tous les gouverneurs dans toutes les gouvernances vont chuter. On aura plus tous ces drapeaux tricolores qui nous gangrènent, qui nous font mal à la tête, qui n’ont aucune valeur auprès d’Allah, la seule valeur qu’ils ont c’est une valeur satanique ».

Un discours religieux eschatologique en somme, qui imagine la fin des nationalismes pour réunir la communauté de croyants, et dans lequel l’imam vise notamment les nationalismes de pays musulmans, en faisant référence aux différents drapeaux brandis à l’occasion de la Coupe d’Afrique des Nations en football, qui s’est achevée le 11 février dernier : « Voyez tous ces drapeaux qu’on a dans les matchs. […] C’est des drapeaux sataniques qui ne valent rien. Ceux qui les ont imposés, c’est simplement pour qu’on se déteste, qu’on ne s’aime pas, qu’on mette la haine dans nos cœurs. »

Des propos qui, quoi qu’on en pense, ont donc été largement tronqués et détournés ces derniers jours, dans le cadre d’une cabale d’extrême-droite, reprise par le gouvernement, qui partage avec le RN le goût de la chasse aux imams « anti-français ». Malgré les explications de l’imam et de son avocat dans les médias, le préfet du Gard Jérôme Bonet a maintenu les accusations, estimant qu’il s’agit d’« appel à la haine » et « de propos qui remettent en cause les principes de la République ». A cet égard, l’imam est poursuivi pour apologie du terrorisme suite à un signalement à la préfecture déposé le 16 février dernier.

Et pour cause, l’enjeu pour Darmanin et son administration est ici de surfer sur le climat islamophobe ambiant et sur une polémique initiée par l’extrême-droite pour faire la promotion des dispositifs racistes mis en place par son gouvernement. Pour demander l’expulsion de l’imam, Darmanin peut en effet s’appuyer sur la loi séparatisme de 2021, qui facilite le retrait d’un titre de séjour, et sur la récente loi immigration, imposant aux demandeurs d’un titre de séjour « un contrat d’engagement au respect des principes de la République ».

Dans la continuité de la campagne autour de l’expulsion de l’imam Hassan Iquioussen, et plus largement des dissolutions d’organisations musulmanes comme le CCIF ou Baraka City, c’est ainsi à une énième campagne raciste que nous avons affaire, qui mêle attaque contre les musulmans, faisant l’objet d’un traitement d’exception ultra-répressif, et revendication des expulsions de personnes étrangères, dont Darmanin s’est fait une spécialité ces derniers mois.

Dans ces conditions, il est essentiel de dénoncer largement la cabale islamophobe contre l’imam de Bagnols-sur-Céze. Indépendamment des désaccords avec les propos de cette personnalité religieuse, il faut faire front contre l’offensive raciste partie de l’extrême-droite et appuyée par le gouvernement, et ce d’autant plus alors que les élections européennes vont être l’occasion d’un déchainement de discours xénophobes et islamophobes.


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