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Polluer à coups de matraque

Macron demande la dissolution des Soulèvements de la terre : faisons front !

Après les arrestations et perquisitions dans toute la France de militants écologistes, Macron demande à Borne et Darmanin d’accélérer la procédure de dissolution des Soulèvements de la terre. Face à ces attaques, l’ensemble du mouvement social et ouvrier doit réagir !

Joachim Bertin

14 juin 2023

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Macron demande la dissolution des Soulèvements de la terre : faisons front !

Lors du Conseil des ministres de ce mercredi, Emmanuel Macron aurait, selon les informations des Echos insisté pour accélérer la dissolution des Soulèvements de la terre. Ce regroupement de centaines d’associations, collectifs, syndicats, est dans le viseur de la bourgeoisie pour avoir ciblé directement les responsables du changement climatique et de la pollution : l’agro-business ou les capitalistes du BTP, comme Lafarge.

Les coupables veulent faire taire les accusateurs

Dimanche, à Nantes, les Soulèvements de la terre ont organisé une action de désobéissance civile, pour dénoncer l’exploitation du sable (ressource en état de tension chronique) à des fins d’agro-business, en l’occurrence de culture du muguet. Les militants ont arraché les plants (qui ne serviront qu’à faire du commerce le 1er mai) et les systèmes d’irrigation pour planter du sarrasin (une légumineuse aux apports agronomiques certains pour le sol, et utile pour l’alimentation). Cette action, qui s’inscrit dans la tradition des actions de désobéissance civile à l’image des faucheurs d’OGM, a déclenché un tollé à droite. La presse Bolloré (CNews, Europe 1), Draghi (BFM, L’Express, Marianne) et Dassault (Le Figaro) sont partis en croisade contre les militants écologistes dénonçant une prétendue impunité et relançant les appels à la dissolution de ce collectif.

Au Sénat, la sénatrice LR de Loire-Atlantique, Laurence Garnier a attaqué les « délinquants des Soulèvements de la terre », qualifiés « d’éco-terroristes d’extrême gauche », appelant le gouvernement à les dissoudre et même à démettre de leurs fonctions les élus, notamment des députés EELV, présents sur l’action ! Et de conclure son réquisitoire : « L’écologie est en train de devenir le totem d’immunité d’une extrême gauche qui appelle de ses vœux, la zadisation de notre pays. Vous avez cédé à Notre-Dame-des-Landes, ne cédez plus face au terrorisme vert ».

Au nom du gouvernent, Olivier Véran a affirmé son total accord de vues avec la sénatrice et a confirmé « que le gouvernement a la ferme intention de présenter en conseil des ministres le dossier de dissolution des Soulèvements de la terre. Le dossier est en cours de constitution pour être absolument impeccable ».

En effet, depuis la manifestation à Sainte-Soline contre les méga-bassines le 25 mars 2023, qui avait été réprimée d’une manière extrêmement brutale, Darmanin avait annoncé vouloir dissoudre les Soulèvements de la terre, en même temps qu’il s’en prenait à La Ligue des Droits de l’Homme pour avoir documenté le blocage des secours par les forces de répression qui ont failli coûter la vie à Serge. Ces menaces ont déclenché plusieurs mobilisations de solidarité dans tout le pays, en plein passage en force sur les retraites, rappelant qu’ « on ne dissout pas la volonté de défendre le vivant et la justice sociale ».

Lire aussi : Darmanin veut dissoudre les Soulèvements de la Terre après la mobilisation à Sainte-Soline

Législation anti-terroriste, perquisitions, dissolution : le rouleau compresseur contre le mouvement écologiste

Si la procédure de dissolution a bien été enclenchée, le décret qui rendrait la décision effective n’est toujours pas tombé, raison de l’impatience d’Emmanuel Macron. En réalité, le gouvernement fait face à quelques difficultés pour dissoudre effectivement les Soulèvement de la terre. N’étant pas une organisation formellement constituée mais un réseau, n’ayant pas de chef, elle n’a pas d’existence légale et le décret de dissolution risquerait d’être cassé par le Conseil d’Etat.

Darmanin a pourtant largement élargi les possibilités discrétionnaires du gouvernement pour dissoudre les « groupements de fait », grâce à sa loi séparatisme de 2021. La gauche parlementaire (celle qui forme aujourd’hui la NUPES) étant paralysée par le délire islamophobe ambiant, quand elle n’y participe pas directement, avait joué un rôle d’opposition de papier mâché face à ce texte qui en instrumentalisant l’émotion causée par l’assassinat de Samuel Paty ouvrait la voie à une répression accrue du mouvement social. Dont acte.

De la même manière que les mesures d’Etat d’urgence post-13 novembre 2015, désormais inscrite dans le droit commun, ont surtout servi à perquisitionner, surveiller et réprimer des militants de Notre-Dame-des-Landes, l’arsenal anti-terroriste et « anti-séparatiste » sert désormais à réprimer… « l’éco-terrorisme » et « l’éco-séparatisme », pour reprendre les mots de Darmanin et de Sonia Backès en octobre 2022. Cette dernière était alors Secrétaire d’Etat chargée de la citoyenneté, un des postes les plus occultes de la République puisque c’est celui qu’occupait Marlène Schiappa lorsqu’elle a commis les magouilles du Fonds Marianne.

Mais les attaques du gouvernement ne sont pas que verbales. Il y a 10 jours, une quinzaine de militants écologistes ont été perquisitionnés puis placés en garde à vue dans toute la France dans une vaste opération policière qui s’est déroulée en parallèle dans une dizaine de ville. Une opération qui aurait été menée par la BRI (Brigade de recherche et d’intervention de la police) et la SDAT (Sous-direction antiterroriste de la Direction centrale de la police judiciaire) suite à une action de militants écologistes en décembre contre le cimentier Lafarge, pollueur en chef et financier de Daesh !

Face aux attaques contre les Soulèvements de la Terre, le mouvement ouvrier doit réagir !

Le redoublement d’attaques policières, judiciaires contre les militants écologistes n’arrivent pas n’importe quand. Ces dernières semaines, il a fallu se rendre à l’évidence : les dérèglements climatiques seront plus importants et plus rapides que les projections attendues. Le Canada en flammes, New-York plongé dans des fumées orange illustrent la faillite de la classe dominante face à la catastrophe qui nous menace : mais elle ne compte pas lâcher un pouce de terrain, au contraire elle frappe deux fois plus fort !

Macron milite pour « une pause » dans les réglementations écologiques, parce qu’aussi insignifiantes qu’elles soient, elles pourraient menacer les profits des capitalistes. Alors que nous devons nous préparer à un été de sécheresse et d’incendies, le gouvernement aiguise ses armes contre ceux qui seraient tentés de passer à l’action contre les accapareurs de ressources naturelles pour les profits des actionnaires : l’agro-industrie, les grands capitalistes, les grandes compagnies énergétiques.

Dans le même temps, ces attaques contre les militants écologistes s’inscrivent dans la continuité de l’offensive autoritaire des dernières années, dans le cadre de laquelle Darmanin s’en est pris à des organisations musulmanes, antiracistes ou liées à l’extrême-gauche, telles que le CCIF, Baraka City, Nantes Révoltée, le Bloc lorrain ou encore Palestine Vaincra. La répression brutale des écologistes prolonge ces attaques, et ouvre la voie à des offensives contre le mouvement ouvrier organisé. Le gouvernement n’a déjà pas hésité à réquisitionner des raffineurs et des éboueurs en grève, à réprimer des piquets de grève comme à Vertbaudet, et à attaquer en justice des travailleurs et des jeunes mobilisés pour leurs retraites.

Face à la répression d’Etat, du 49-3 aux perquisitions à 6h du matin par des flics en treillis l’arme au poing, l’ensemble des syndicats et des partis de gauche doivent prendre position et appeler à la mobilisation ! D’autant que les convergences existent déjà : ce 15 juin, face à l’attaque de la Commission Européenne et de Clément Beaune, ministre des Transports, pour dépecer le fret public et le donner au privé, syndicats cheminots et organisations écologistes appellent à se rassembler à Paris. Ces alliances doivent se maintenir face à la répression !

Lire aussi : Licencié, sanctionné, convoqué pour t’être mobilisé ? Témoigne auprès du Collectif d’action judiciaire


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