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La moitié du gouvernement est millionaire : découvrez les plus riches d’entre eux

Ce 13 février, l’Humanité révélait le contenu des dernières déclarations de patrimoine du gouvernement. Près de la moitié des ministres se déclarent millionnaires. Focus sur quelques ministres représentatifs d’un gouvernement de riches.

Matthias Lecourbe

13 février

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La moitié du gouvernement est millionaire : découvrez les plus riches d'entre eux

Dans un article publié ce mardi 13 février, l’Humanité estime, sur la base de précédentes déclarations de patrimoine, qu’au moins la moitié des ministres du gouvernement actuel seraient millionnaires. Un chiffre à prendre avec distance dans la mesure où les déclarations de patrimoines des élus sont parfois sujettes à caution – on peut penser à celle rendue par Macron avant les élections de 2022 qui avait suscité des doutes, le patrimoine qu’il déclarait alors était presque dix fois moins important que celui qu’il avait déclaré en 2014 au moment d’entrer au gouvernement sous Hollande – et dans la mesure où ces déclarations de patrimoine ne sont publiées que six mois après l’arrivée au gouvernement des ministres, laissant quelques inconnues concernant les nouveaux membres du gouvernement Attal. Les chiffres de l’Humanité constituent donc l’estimation la plus basse possible de la richesse des ministres du nouveau gouvernement, mais elle donne une idée du train de vie habituel des ministres, qui n’a tout simplement rien à voir avec celui des travailleurs.

En tête du classement des ministres les plus riches, on trouve Franck Riester, ministre du commerce extérieur, doté d’un patrimoine de 10 millions d’euros. D’abord consultant au sein d’un groupe d’audit, au sein duquel il travaillait avec Éric Woerth, qui était lui aussi destiné à devenir ministre sous Sarkozy, Franck Riester a ensuite hérité d’une société de concession automobile fondée par son grand-père, comptant une dizaine d’établissements. En parallèle de ces activités, Franck Riester a commencé très tôt une carrière politique au sein du RPR, obtenant un premier poste d’élu au conseil municipal de Coulommiers dans la Marne en 1995, alors qu’il n’est alors âgé que de 21 ans. Il devient d’ailleurs maire de Coulommiers entre 2008 et 2017, est élu député en 2007 à l’âge de 33 ans, et occupe des fonctions ministérielles depuis 2018. Un proche de Macron qui n’a occupé qu’un poste de cadre avant de devenir patron et politicien professionnel en même temps, mais qui mange et dort probablement mieux que les travailleurs contraints de cumuler deux emplois pour subvenir aux besoins de leur famille.

En deuxième position, on retrouve la ministre des sports, Amélie Oudéa Castéra, nouvelle au gouvernement mais qu’on ne présente déjà plus tant elle a enchaîné les scandales en un mois à l’éducation nationale avant d’être limogée. Ancienne championne de tennis, puis haute fonctionnaire, dirigeante de sociétés du CAC 40 et directrice générale de la Fédération Française de Tennis, elle a été nommée au gouvernement en 2022 pour être ministre des sports, poste auquel elle reste à ce jour. Au cours de son bref passage au ministère de l’éducation nationale, elle a eu le temps de réveiller la haine de classe de la population : on ne la créditait à mi-janvier que de 6% d’opinion favorable !

« Symbole d’une caste privilégiée à abattre » comme elle s’est si bien qualifiée, elle a d’abord cherché à expliquer la scolarisation de ses enfants dans le privé en prétendant y avoir été contrainte par le non remplacement des enseignants dans le public. Un mensonge dénoncé par l’ancienne enseignante du fils aîné de la ministre, qui a nié la moindre absence sur les six mois au cours desquels ce dernier a été scolarisé dans une école maternelle du 6ème arrondissement de Paris, et explique que l’enfant a changé d’école après qu’un saut de classe demandé par sa famille ait été refusé par le personnel de l’établissement. Les fils Oudéa-Castéra ont depuis lors été scolarisés dans les classes non-mixtes de Saint-Stanislas, établissement scolaire emblématique de la bourgeoisie réactionnaire française où on inculque les valeurs les plus rances aux élèves, entre racisme, sexisme et homophobie, et au sein duquel le fils aîné a pu profiter du système mis en place par l’établissement pour contourner Parcoursup.

Entre cette saga et les scandales sur son mari, PDG de la société générale qui a menti alors que sa banque était au cœur du scandale des Panama Papers, et une seconde polémique autour de la rémunération qu’a touché la ministre en tant que directrice générale de la Fédération Française de Tennis qu’un rapport parlementaire l’accuse d’avoir minimisé, la ministre commençait à devenir encombrante à la tête du ministère de l’éducation nationale et a battu un nouveau record dans sa carrière sportive : celle du plus court passage de la cinquième république à ce poste. Championne des bourgeoises, elle a tout de même gardé son poste au ministère des sports, à l’approche des JO de Paris qui s’annoncent depuis déjà longtemps comme un carnage social.

Après elle, Éric Dupont-Moretti, ministre de la Justice, devenu célèbre en tant qu’avocat pénaliste médiatique, avec un patrimoine de 5 millions d’euros. À son palmarès, des soupçons de conflit d’intérêts dans ses relations avec le Parquet National Financier dans la mesure où il est un ami de Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy et cité dans les affaires Bismuth et des financements lybiens, mais aussi un « oubli » dans sa déclaration de revenus à la Haute Autorité Pour la Transparence de la Vie Publique de 300 000€ perçus au titre de droits d’auteur sur ses livres. Il est enfin accusé de comportements sexistes envers une journaliste et une magistrate, magistrate qui a ensuite fait l’objet d’une procédure disciplinaire lorsque Dupont-Moretti est arrivé au Ministère de la Justice, dans laquelle elle percevait une représaille pour ne pas avoir baissé la tête au moment des faits.

Éric Dupont-Moretti tient d’ailleurs régulièrement des propos machistes dans les médias à l’encontre des femmes dénonçant des violences sexistes et sexuelles. Dans un entretien accordé en 2019 au magazine GQ, il a par exemple développé : « L’emprise, ça existe. Mais il y a aussi des femmes que le pouvoir fait bander. La starlette qui va voir un producteur célèbre et lui dit ‘je veux devenir une star’ et l’autre répond ‘d’accord, mais tu couches’. Si elle couche ce n’est pas un viol, c’est une promotion canapé. Et j’ajoute que considérer cela, c’est faire injure à toutes les femmes qui ont le courage de dire non. » Tout un programme.

Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Énergie, se place en quatrième position. Polytechnicien, il a été Directeur Général Délégué d’une entreprise de gestion d’actifs financiers, puis dirigeant de Groupama. Entre 2009 et 2017, il a été premier vice-président d’un des plus importants fonds de pension d’Amérique du Nord. Soutien de Dominique Strauss-Kahn, figure de la « gauche caviar » aux primaires de la gauche en 2006, il rencontre Macron en 2012, au cours d’une réunion où ils représentaient respectivement « les investisseurs » et l’Élysée. Il s’en est suivi une riche relation puisque Roland Lescure a été l’un des principaux contributeurs financiers pour la campagne de Macron aux élections présidentielles de 2017.

Enfin, Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de l’Europe, dont le père était déjà politicien professionnel : député de Haute-Loire, ministre de plusieurs gouvernements de droite, vice-président de la Commission Européenne avant de finir sa carrière en tant que membre du Conseil Constitutionnel. Jean-Noël Barrot a une soeur cadette, directrice de la communication de Uber pour le Sud et l’Ouest de l’Europe. Jean-Noël Barrot, lui, a repris le poste de conseiller départemental pour le canton d’Yssingeaux en 2015, déjà occupé par son père et son grand-père auparavant, puis il est élu député LREM avec le soutien du MoDem en 2017. Il est également Conseiller Régional d’île de France depuis 2021.

Alors que Gabriel Attal a prétendu que son gouvernement s’adressait « aux classes moyennes » qui « travaillent », cette composition fait apparaître cette adresse comme ce qu’elle est : la mise en opposition factice des travailleurs plus pauvres, qui seraient, en creux, un coût pour « notre modèle social » avec les autres salariés. En somme, une tentative réactionnaire de susciter l’adhésion à un exécutif bourgeois, dont un tiers se situe dans les 1% les plus riches, qui va mettre les bouchées doubles dans les prochains mois et années pour multiplier les attaques anti-sociale.


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