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Division entre Macron et Bercy

Impôts à la source : les pirouettes de Macron avec notre pouvoir d’achat

Annoncé sous Hollande, poursuivi sous Macron, le passage au prélèvement à la source des impôts pourrait bien être encore une fois reporté car au sommet, on ne s’entend pas si bien que ça sur cette réforme plus que douteuse.

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Crédit photo : Antti Aimo-Koivisto / Lehtikuva / AFP

Changement du système d’imposition

Le prélèvement à la source, promesse de campagne de Hollande puis de Macron, est présenté comme une réforme plus juste par le gouvernement tendant à simplifier le système d’imposition. D’un paiement allant directement du contribuable à l’administration fiscale, d’une année sur l’autre, ce système signifierait le prélèvement direct sur le revenu par l’employeur qui reverserait la somme à l’État, supprimant de fait le décalage d’un an qui existe aujourd’hui.

Cela ne signifie pas pour autant une fin des déclarations annuelles de revenus. Le système français a la spécificité de prendre en charge un large panel de critères (personnes à charges, enfants scolarisés, travaux, etc) pour calculer le montant d’imposition et les crédits d’impôts, ce que le prélèvement à la source ne prendra pas directement en compte. Et pour bénéficier d’une révision des montants, le contribuable devra attendre plus d’un an pour que ses situations particulières voire ses impôts soient recalculés.

Sachant que le service des impôts ne sera plus le seul interlocuteur, cela laisse présager, en plus de la mise en place difficile de ce nouveau système, d’une difficulté renforcée pour faire valoir ses droits et recalculer ses montants d’imposition. Il y a des écarts à prévoir entre l’impôt réellement dû et celui retiré chaque mois, un écart qu’il pourrait être assez fastidieux de réduire. En outre, le patron, qui connaîtra ainsi le taux d’imposition, pourrait aussi se servir de celui-ci pour négocier les salaires.

Un recul de Macron ?

Si le prélèvement à la source permet à l’État d’engranger plus régulièrement de l’argent, Macron a néanmoins lors de son séjour en Finlande témoigné d’une certaine réticence face à cette nouvelle réforme qui pose question à une grande partie de la population. Celui-ci a en effet mis le holà en déclarant lors d’une conférence de presse : « « J’ai plutôt l’intention de conduire cette réforme à son terme, mais j’ai demandé aux ministres compétents de répondre à toutes les questions qui se posent encore, avant de donner une directive finale. J’ai besoin d’une série de réponses très précises et d’être sûr de ce que nos concitoyens vivront le jour où on le mettra en place si on le met en place ».

En effet, ce changement de système sur le papier donne l’impression d’une sérieuse amputation du salaire ce qui risque, pour les travailleurs les plus précaires qui ne choisissent pas la mensualisation, de faire assez mal. Si les économistes redoutent avec cela une baisse de la consommation, LREM a surtout redouté une baisse de vote lors des élections européennes qui arrivent à grands pas. Quant à Macron, sa légitimité n’a fait que se réduire après cette année de lutte, et les différentes affaires, que ce soit celle de Benalla ou Kohler ; de quoi prendre ce dossier avec des pincettes.

Mais c’est aussi le patronat auquel Macron, en tant que digne représentant des intérêts de la bourgeoisie, n’a pas envie de déplaire. Ce système supposant la prise en charge par les entreprises d’un certain nombre de travaux administratifs pour calculer et verser à l’État la part d’imposition, les patrons ne voient pas particulièrement cette réforme d’un bon œil. De quoi, pour Macron, vraiment attendre « d’être sûr ».

Bercy pas content

Gérald Darmanin, ministre chargé du budget, lui, compte bien mettre en place cette réforme au premier janvier et l’affirmer à plusieurs reprises. Le compte des finances publiques a ainsi publié – avant de le retirer rapidement – un tweet n’allant pas dans le même sens que la précaution de Macron en déclarant : « Nous sommes confiants sur le fait que toutes les réponses à toutes ses questions lui seront apportées et que le calendrier sera tenu. #gauloispasréfractaire », faisant ainsi un clin d’œil aux dernières sorties méprisantes du président. De quoi mettre de l’eau dans le gaz entre Bercy et Macron. Une division qui pourrait encore renforcer l’instabilité de Macron.


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