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Massacre colonial

Gaza. 50 000 femmes enceintes privées d’un accès élémentaire à la santé

Alors que l’Etat d’Israël a tué plus de 5000 palestiniens, plus de 50 000 femmes enceintes à Gaza n’ont pas accès aux droits à la santé les plus élémentaires. Les féministes doivent s’emparer de cette question, et dénoncer l’apartheid israélien.

Imogen Fraser

24 octobre 2023

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Gaza. 50 000 femmes enceintes privées d'un accès élémentaire à la santé

Crédit photo : Gustave DeghilageSuivre #IAmPalestine

A Gaza, le droit à l’accès à la santé rendu impossible pour 50 000 femmes enceintes

L’UNFPA, le fonds des Nations unies pour la population en Palestine, a déclaré la semaine dernière que 50 000 femmes sont enceintes dans la bande de Gaza sous occupation israélienne. 10 % d’entre elles, soit environ 5 500 femmes, sont censées accoucher ce mois-ci sous les bombes et bientôt au cœur d’une invasion terrestre de l’armée israélienne.

Ce mardi, le ministère de la Santé de Gaza a annoncé, « l’effondrement total » du fonctionnement des hôpitaux. Alors que les établissements hospitaliers pâtissent des difficultés d’approvisionnement de carburants, des coupures d’électricité, et font face à des pénuries, les bombardements meurtriers se multiplient comme celui qui a touché un hôpital mardi dernier, qui a conduit à la mort de centaines de palestiniens, et détruit une infrastructure de santé de plus. Depuis le début de l’offensive, les hôpitaux sont une cible privilégiée des bombardements de l’armée israélienne, ainsi il y aurait actuellement « 12 hôpitaux et 32 centres de santé » hors service. Dans un article du 17 octobre la situation était déjà critique : « La pénurie de médicaments, de consommables médicaux et de carburant annonce une catastrophe humanitaire et expose les patients en soins intensifs, dans les incubateurs et dans les services critiques au danger et à une mort inévitable », alors que déjà presque 6000 civils sont morts depuis le 7 octobre.

Une situation qui met en lumière l’état des droits reproductifs des femmes gazaouies

Mais ce n’est pas la première fois que les femmes palestiniennes doivent accoucher dans un contexte de guerre. L’accès aux soins détérioré voire impossible n’a fait que s’empirer depuis 2007 avec le blocus total de Gaza par Israël.

En réalité, la situation dramatique actuelle, avec l’offensive génocidaire du gouvernement israélien, met en lumière l’état des droits reproductifs absolument catastrophique dans la bande de Gaza.

Concernant les accouchements, vu l’état désastreux des infrastructures médicales du fait du blocus colonial, de nombreuses femmes gazaouies tentent d’aller accoucher à Jérusalem, en territoire israélien. Selon cet article de the New Humanitarian daté de 2022, les restrictions et les contrôles concernant les déplacements des gazaouis et des palestiniens sur les territoires israéliens impactent très fortement les conditions d’accouchement mais aussi les soins postnataux tant pour les mères que pour les nouveaux nés. Une étude affirme ainsi qu’entre 2000 et 2007, 10 % de femmes palestiniennes ont été retenues à des points de contrôle alors qu’elles se déplaçaient à l’hôpital pour accoucher, 69 bébés sont nés à ces points de contrôle, causant la mort de 35 bébés et de 5 mères.

Les droits reproductifs comme le droit à l’avortement ou l’accès à des contraceptifs sont quasi inexistants. Le droit à l’avortement est interdit à Gaza, mais cela n’empêche pas évidemment sa pratique, de manière clandestine, moyennant une somme conséquente, pouvant aller jusqu’à 500 dollars.

Selon un article publié par Orient XXI, les politiques concernant la natalité et la contraception varient en fonction des périodes politiques. Par exemple lors des dernières intifada, les femmes ont été encouragées à avoir des enfants pour grossir les rangs des combattants, mais dans des périodes « d’accalmie », sous blocus, la pratique de la contraception a été promue et relayée par l’UNFPA, mais cela uniquement dans le cadre du mariage et après avoir eu un ou plusieurs enfants.

En Israël, si la situation est plus favorable, elle est loin d’être idéale. En effet, le droit à l’avortement est légal depuis 1977 sous certaines conditions. Selon le ministère de la santé israélien, l’avortement est conditionné à l’avis de « commissions d’interruption de grossesse » qui autorise l’avortement dans certaines conditions et situations. « Les lois israéliennes limitent les avortements, ne les accordant qu’en fonction de critères spécifiques, tels que l’âge de la femme, une grossesse hors mariage ou résultant d’un viol. D’autres critères portent sur des problèmes de santé de la femme ou du fœtus. Par conséquent, de nombreuses femmes estiment ne pas avoir d’autre choix que de mentir à la commission pour obtenir une autorisation. » peut-on lire dans un article publié en 2022 par Times of Israël.

La lutte pour les droits reproductifs des femmes palestiniennes passera par la fin de l’apartheid imposé par l’Etat d’Israël

Aujourd’hui, le premier oppresseur des femmes palestiniennes et des personnes LGBTI est l’Etat colonial d’Israël qui condamne à la mort des millions de palestiniens. La conquête de droits démocratiques comme le droit à l’avortement, le droit de divorcer, d’entretenir une relation avec une personne du même sexe, ou un système de santé entièrement accessible et gratuit, doivent faire partie des revendications de la lutte de libération palestinienne.

Alors que les puissances impérialistes soutiennent inconditionnellement le gouvernement de Netanyahu et sa politique d’apartheid, le mouvement féministe doit s’emparer de la situation palestinienne, pour dénoncer le massacre en cours à Gaza, et défendre un féminisme anti impérialiste et anti raciste à l’image de la tribune impulsée par Du pain et des roses, le collectif féministe de Révolution Permanente.


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