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Éducation

Garderie obligatoire : Attal généralise le 8h-18h pour les collégiens des REP

A l’occasion d’une visite au collège Jean Vigo d’Epinay-sur-Seine, Gabriel Attal a annoncé la généralisation de l’accueil des élèves de 8h à 18h dans tous les collèges REP et REP+ dès la rentrée 2024. Une nouvelle fois, le gouvernement se prépare à mettre au pas la jeunesse des quartiers populaires.

Tristane Chalaise

15 décembre 2023

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Garderie obligatoire : Attal généralise le 8h-18h pour les collégiens des REP

Crédits photo : Compte Twitter @GAttalActu

En visite ce vendredi au collège Jean Vigo d’Epinay-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis, Gabriel Attal a annoncé la généralisation, dès la rentrée 2024, de « l’ouverture élargie » de 8h à 18h pour tous les élèves des collèges relevant de l’éducation prioritaires (REP et REP+). Loin d’être un hasard, la présence de Prisca Thévenot, secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du Service national Universel, aux côtés du ministre, marque la systématisation de la mise en place des mesures prévues dès la fin du mois d’octobre par Elisabeth Borne pour réprimer la jeunesse des quartiers populaires après les émeutes. Après l’annonce de la généralisation du SNU, puis de l’expérimentation de l’uniforme dans les établissements « volontaires », il s’agit maintenant de faire des collèges REP et REP + des garderies obligatoires pour les 10-15 ans.

« Réduire les inégalités », prétexte pour une école à géométrie variable

Dans la continuité de la mise en place de « groupes de niveau » au collège pour la rentrée 2024, les annonces de Gabriel Attal viennent renforcer la mise en place d’une école à géométrie variable et à plusieurs vitesses. Sous prétexte de réduire les inégalités scolaires, en imposant aux élèves des quartiers prioritaires un rester plus au collège pour – soi-disant – apprendre plus, le ministre impose de fait une inégalité entre ceux qui seront contraints de rester à l’école et les autres.

D’autant plus que, si le ministre tente de passer la pommade en se prévalant de motivations humanistes, la mesure s’inscrit dans les annonces post-émeutes, qui visent à sanctionner et à accroître la pression sur les jeunes des quartiers populaires et leurs familles. Alors qu’Emmanuel Macron pointait au mois de juin la « responsabilité des parents de garder [leurs enfants] à leur domicile », qu’Eric Dupont-Moretti les appelaient à « tenir leurs gosses » et que le préfet de l’Hérault évoquait des « 12-13 ans […] élevés comme des herbes folles », il apparait clairement qu’il s’agit d’étendre la surveillance et le contrôle des collégiens des quartiers populaire en les gardant au maximum au sein des établissements scolaires.

L’école, un outil pour mettre au pas la jeunesse des quartiers populaire

En plus de la généralisation du SNU et du renforcement des mesures d’enfermement concernant les mineurs « délinquants » proposées par le ministre de la Justice, l’école apparait ainsi en première ligne lorsqu’il s’agit de mettre au pas la jeunesse des quartiers populaires. Et, dans ce domaine, le gouvernement ne compte pas : tout en faisant des économies sur les personnels, avec la suppression de 2500 postes dans l’Education nationale pour la rentrée 2024, la ministre déléguée au SNU a annoncé sur son compte X/Twitter que 80 millions d’euros seraient consacrés à la généralisation du 8h-18h.

L’extension de l’ouverture des collèges REP et REP+ marque ainsi une nouvelle étape dans les mesures prises par le gouvernement pour donner aux établissements « prioritaires » le visage de centres de redressement 2.0 : réduction du temps des vacances scolaires pour les élèves « en difficultés », incitation à multiplier les « signalements » et à renforcer les sanctions, expérimentation de l’uniforme sur la base du « volontariat », volonté de « mettre l’accent sur les valeurs de République » en renforçant les heures consacrées à l’EMC (Enseignement Moral et Civique)... Mais aussi « bunkérisation » des établissements scolaires, entre systématisation des sas et des fouilles à l’entrée, des caméras de surveillance et des interventions de la police au sein même des établissements. En septembre dernier, un adolescent de 14 ans était ainsi interpellée et menotté en plein cours dans un collège d’Alfortville, dans le cadre d’une situation de harcèlement. L’assassinat de Dominique Bernard est ainsi devenu un prétexte pour le renforcement des mesures sécuritaires à l’école, ce dernier ayant annoncé n’exclure aucune piste pour « sécuriser » les écoles, y compris le renforcement de la vidéosurveillance, des vigiles et des portiques de sécurité.

Contre des « écoles-prisons », refuser la mise au pas de la jeunesse et des personnels

Ironiquement, à regarder les photographies publiées le 12 octobre dernier sur le compte X/Twitter du collège choisi par Gabriel Attal et Prisca Thévenot, il est difficile de ne pas penser, déjà, à la prison.

Alors que l’origine sociale est – sans surprises – la première cause des inégalités scolaires en France, et que les établissements des quartiers populaires sont déjà les premières victimes des politiques austéritaires et sécuritaires, nous devons refuser des mesures qui ne font que renforcer ces mêmes inégalités, et qui visent à criminaliser la jeunesse des quartiers populaires pour mieux la réprimer.

Dans un contexte où, de la loi sécurité globale au projet de loi immigration, le gouvernement n’a fait que renforcer la répression, tout en réduisant toujours plus les moyens accordés à l’éducation et aux services publics, et en précarisant toujours plus la jeunesse et les classes populaires, il est nécessaire que les principales organisations syndicales dénoncent ces mesures et organisent la mobilisation pour exiger des moyens pour l’éducation, pas pour la répression, mais se mobilisent aussi, plus généralement, contre les lois sécuritaires et racistes, qui ne font que renforcer les violences, et pour l’augmentation des salaires, pensions, et minima sociaux, afin de lutter véritablement contre les inégalités.


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