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Guerre aux pauvres

Fin de la trêve hivernale : 140 000 personnes menacées d’expulsion et Attal veut réduire le nombre de HLM

Alors que le 31 mars signe la fin de la trêve hivernale, les associations spécialisées en logement s’inquiètent de la vague d’expulsions à venir qui risque de toucher 140 000 personnes. Une situation catastrophique, symptôme de la crise du logement et de la chasse aux pauvres que continue de mener par le gouvernement.

Léo Stella


et Arno Gutri

2 avril

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Fin de la trêve hivernale : 140 000 personnes menacées d'expulsion et Attal veut réduire le nombre de HLM

Photo : "Les sans-abris des quais d’Austerlitz", Emmanuel Fillon, Claire Hemery et Guillaume Lannerée

Le 31 mars à minuit marque la fin de la trêve hivernale, qui en principe interdit l’exécution des expulsions ainsi que les coupures de gaz et d’électricité entre le 1er novembre et le 31 mars.

Une protection relative qui n’empêche pas la poursuite des démarches en vue d’une expulsion et contient plusieurs exceptions. Pas de trêve par exemple pour les personnes vivant dans des squats, ou pour les mineurs isolés étrangers qui se retrouvent généralement à occuper des bâtiments pour éviter la rue. La trêve hivernale ne protège pas non plus les précaires de devoir se priver de chauffage, comme les étudiants qui ne peuvent pas se permettre de se réchauffer l’hiver à cause de la hausse des prix.

Cependant dans un contexte d’augmentation des loyers, d’inflation et de salaires qui n’augmentent pas, la précarisation de larges couches de la population risque de faire de la fin de la trêve hivernale un vrai carnage. A partir du lundi 1er avril, ce sont 140 000 personnes qui sont menacées d’être expulsées de leur logement, selon la Fondation Abbé Pierre. Bien que 2023 ait marqué un record d’expulsions avec 21 500 ménages expulsés, et la mise en place d’un arsenal de lois permettant de faciliter les expulsions comme la loi anti-squat, l’année 2024 promet d’être encore pire. La crise inflationniste et les attaques anti-pauvres du gouvernement font du logement la cristallisation de la crise sociale et économique qui traverse l’hexagone. Comme le rappelle la Fondation Abbé Pierre, « le nombre de ménages expulsés s’ajoute aux 330 000 personnes sans domicile fixe [dont 3 000 enfants, ndlr], aux 2,6 millions de demandeurs de logement social et aux 93 000 ménages prioritaires DALO non relogés. »

Une situation de précarité qui ne risque que d’empirer avec les futures attaques du gouvernement. En plus des différentes offensives déjà mises en place contre les quartiers populaires, la future réforme de la loi Solidarité Renouvellement Urbain (SRU) annoncée par Gabriel Attal prévoit l’intégration des logements intermédiaires dans les quotas sociaux obligatoires. Cela va entrainer la diminution de la part des logements sociaux, déjà grandement insuffisants, tout en excluant les personnes les plus précaires qui ne pourront pas avoir accès à ce type de logements, puisqu’ils sont pensés pour être accessibles aux classes moyennes. Aujourd’hui, seulement 3 % des ménages demandant un logement social ont les moyens pour un logement intermédiaire.

La politique antisociale du gouvernement s’exprime aussi à travers les nombreux projets de gentrification qui touchent en premier lieu les quartiers populaires, à l’image des projets lié aux JO qui vont profondément attaquer Saint-Denis et ses alentours. Une politique criminelle au vu de la situation du logement en France dont seulement le patronat et la spéculation immobilière sortent gagnants.

Cette accentuation des expulsions que l’on risque de connaître dans les prochaines semaines, menés par le nouveau ministre du logement Kasabarian (l’architecte de la loi anti-squat), s’inscrit cependant dans une politique plus générale qui dure depuis des années. Depuis les années 2000, les expulsions connaissent une hausse vertigineuse. Selon les calculs du Monde, les chiffres d’expulsion avaient, en 2023, doublé en dix ans et triplé en vingt ans.

Dans son ouvrage De Gré et de Force, le sociologue Camille François étudie ce phénomène des expulsions locatives. Il constate l’augmentation des expulsions sur les vingt dernières années, qu’il explique par une « dérégulation du marché immobilier et une envolée des prix qui creuse l’écart avec les revenus de la population ». Le sociologue révèle également une intensification de la répression envers les locataires :

« Sur la période 2010-2023, nous sommes face à une augmentation de 1 à 3 % des procès intentés par les propriétaires pour dettes de loyer, ce qui est relativement stable. Mais on voit 50 % de hausse des expulsions avec intervention de la police. Ce qui veut dire que s’il y a plus d’expulsions en France, ce n’est pas simplement la conséquence du fait qu’il y aurait davantage de dettes. C’est aussi que l’État s’est mis à expulser plus fréquemment et plus rapidement que par le passé. »

Alors que le gouvernement multiplie ses attaques contre les droits élémentaires des travailleurs et des classes populaires et casse les services publics à coups d’austerité, défendre la question du logement est central. Face à la logique de libéralisation, qui favorise les bénéfices des secteurs du privé au détriment du public, il faut exiger la réquisition de tous les logements vides, l’accès au logement à tous et toutes et la rénovation écologique des bâtiments anciens. Des revendications qui se lient à la question de la régularisation de tous les sans-papiers et qui ne pourrons être obtenues que par la construction d’un front large contre le projet réactionnaire et antisocial que nous promettent Kasbarian, Attal et Macron.


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