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Solidarité

Des manifestantes agressées par « Nous vivrons » le 8 mars : soutiens d’Israël hors de nos luttes !

Dans la manifestation parisienne du 8 mars, le collectif Nous vivrons qui instrumentalise le combat féministe au service du soutien à l’État d’Israël a généré d’importantes tensions, agressant même des femmes palestiniennes. Hors de nos luttes !

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Des manifestantes agressées par « Nous vivrons » le 8 mars : soutiens d'Israël hors de nos luttes !

La dénonciation du massacre en cours à Gaza, perpétré par l’Etat d’Israël, était au cœur de la manifestation du 8 mars, journée internationale des droits des femmes. Ainsi, plusieurs cortèges, dont celui de Du pain et des roses, de l’Assemblée féministe Paris-Banlieue ou de Urgence Palestine, ont hurlé leur indignation et leur rage contre le massacre en cours et la complicité du gouvernement français, rappelant que la cause palestinienne est une cause féministe.

Ces mêmes organisation ou collectifs ont ainsi été révoltés d’apprendre dans le courant de la semaine que le cadre unitaire, composé de syndicats comme la CGT ou Solidaires, en charge de l’organisation de la manifestation parisienne, ait décidé de répondre positivement à la demande du collectif « Nous vivrons » de pouvoir marcher ce 8 mars. Un communiqué avait d’ailleurs été publié ce jeudi dans Contretemps pour dénoncer leur présence dans la manifestation. De la même manière, Urgence Palestine a également publié des communiqués interpellant les organisations membres du cadre unitaire sur leur décision.

Comme on pouvait s’y attendre, celle-ci a conduit à des tensions violentes dans la manifestation de ce vendredi. Dans des médias complaisants comme Marianne, le collectif s’estime victime de propos et d’actes antisémites alors qu’il serait « venu dans une démarche pacifiste » et va jusqu’à affirmer avoir échappé à un « pogrom de juives ». Des affirmations en décalage total avec la réalité, alors que, dès le départ de la manifestation, certains de leurs militants ont insulté des manifestantes, dont des militantes de Du pain et des roses, avant d’agresser physiquement des militantes féministes palestiniennes et anti-racistes.

Des témoins de la scène rapportent que les féministes palestiniennes ont été tirées par les cheveux et leurs keffiehs ont été arrachés. Sur une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, on peut voir une militante pro-palestinienne être poussée par une membre de Nous vivrons, tandis que le service d’ordre tente d’intimider les personnes présentes en leur demandant de « se casser ».

Ce sont ces agressions ainsi que le soutien affiché par les manifestantes à la politique d’extrême droite de Netanyahou et leurs provocations qui ont déclenché la reprise du slogan « sionistes, fascistes, hors de nos luttes » dans différents cortèges, mais également un affrontement entre le service d’ordre de Nous vivrons et des manifestant·e·s, parmi lesquels on trouvait des militant·e·s palestinien·ne·s. Dans des vidéos largement relayées sur les réseaux sociaux, on peut voir les hommes suréquipés qui protégeaient le cortège de Nous vivrons frapper des femmes et des manifestants venus dénoncer leur présence, avant que le collectif ne soit exfiltré par la police. Un affrontement qui aurait fait plusieurs blessés parmi les manifestant·e·s, alors que différents observateurs sur les réseaux rapportent que des policiers pourraient avoir participé aux violences.

Ces violences perpétrées en pleine manifestation du 8 mars doivent être dénoncées largement. Le 25 novembre dernier, ce même collectif et son service d’ordre avaient déjà cherché à provoquer les militantes féministes pro-Palestine avec des slogans et des pancartes comme « LGBTQ, avec le Hamas vous seriez pendus », « Hamas assassin, féministes complices » ou « féminicide de masse, féministes à la Hamas », avant d’encourager une campagne de harcèlement de militantes féministes sur les réseaux sociaux. Ce vendredi, une fois de plus, ils s’en sont pris au mouvement féministe. Une politique permise par les organisatrices de la manifestation qui avaient choisi de céder à leur pression en autorisant leur participation.

Une décision scandaleuse alors que, sous couvert de « féminisme », les membres de Nous vivrons tentent en réalité d’utiliser les crimes commis le 7 octobre pour s’attaquer à la solidarité féministe avec la cause palestinienne, au mouvement féministe, et de légitimer la politique de l’État d’Israël. Exigeant la libération des otages israéliens et la reconnaissance de viols perpétrés par le Hamas le 7 octobre, ses militantes n’ont pas un mot sur les plus de 30 000 victimes de l’Etat d’Israël dans la guerre en cours. Un tel collectif, composé notamment de femmes ouvertement de droite et soutenu par des figures aussi réactionnaires que Frédéric Haziza, n’avait rien à faire dans la manifestation du 8 mars.

Alors qu’Aurore Bergé, ministre en charge de l’égalité hommes-femmes annonçait récemment l’ouverture d’une enquête sur les associations féministes qui auraient eu une position « ambiguë » sur le 7 octobre pour s’en prendre au mouvement féministe, le cadre unitaire à l’origine de la manifestation s’est totalement adapté à la politique et à la pression du gouvernement. Le bilan de cette gestion doit être tirer, et il faut refuser que soit ainsi normalisé la présence d’un collectif bourgeois, réactionnaire et pro-Israël, ainsi que le message de haine qu’ils portent, qui assimile, entre autres, la dénonciation de la politique de l’Etat d’Israël à de l’antisémitisme.

Nous réitérons notre solidarité avec les personnes qui ont été blessées, agressées, insultées, ainsi que notre solidarité avec la lutte du peuple palestinien. Non, les collectifs pro-Israël qui instrumentalisent les luttes féministes pour des combats réactionnaires n’ont pas leur place dans nos luttes, au même titre que les collectifs d’extrême-droite comme Nemesis et autres réactionnaires faisant des droits des femmes une couverture pour leur racisme crasse. Plus que jamais, c’est d’un féminisme anti-colonial, anti-impérialiste, antiraciste et révolutionnaire que nous avons besoin.


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