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Loi immigration

Après le ministre de la Santé, la ministre de l’Enseignement supérieur a présenté sa démission à Macron

Hier soir, Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur a présenté sa démission, qui a été refusée par le gouvernement. Un signe de la crise ouverte en macronie, après le vote de loi immigration.

Lorélia Fréjo

21 décembre 2023

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Après le ministre de la Santé, la ministre de l'Enseignement supérieur a présenté sa démission à Macron

Crédits photo : Capture écran France Culture

Selon son entourage, Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement Supérieur, aurait présenté sa démission au gouvernement hier soir, après le vote de la loi immigration au Parlement. D’après le Huffington Post, la ministre « entendait protester contre des mesures discriminatoires ». Si cette démission a été refusée par le gouvernement et se solde pour le moment par le maintien de la ministre en poste, elle souligne les éléments de crise de la majorité et du gouvernement.
Cette démission intervient après la vague de défection de 37 députés marconistes lors du vote de la loi et l’annonce de la démission de Aurélien Rousseau, ministre de la Santé. En cause principalement du côté de Retailleau, la fronde de l’Enseignement Supérieur contre la caution de retour mise en place dans la loi immigration. Une disposition qui fait partie des ajouts obtenus par la droite et l’extrême-droite en commission mixte-paritaire. Cette mesure discriminante et raciste devrait obliger les étudiants étrangers à déposer une somme d’argent à leur arrivée en France pour certifier de leurs revenus et s’assurer de leur départ après les études.

De nombreux présidents d’universités se sont opposés à cette mesure qualifiée « d’insulte aux lumières » dans le communiqué de France Universités, le syndicat des Présidents d’Université. Dans un article pour Libération, Romain Huret, Président de l’EHESS, Hélène Boulanger, présidente de l’université de Lorraine, Christian Gollier, directeur de l’École d’économie de Toulouse, Jean-Olivier Hairault, directeur de l’École d’économie de Paris et Alexis Michel, directeur de l’École nationale d’ingénieurs de Brest se sont également opposés à la mesure. Selon ces présidents, le rejet des étudiants étrangers serait contradictoire aux « ambitions pour le rayonnement de la recherche ». Une dénonciation reprise également par les directions de grandes écoles de commerce comme HEC, l’ESSEC et l’ESCP.

Un tollé face auquel Macron lui-même a été obligé hier soir de reculer sur la mesure, qu’il a jugé ne pas être une bonne idée sur le plateau de C à Vous. De son côté, Elisabeth Borne a temporisé sur France Inter sur la mesure, bottant en touche en affirmant que celle-ci pourrait être de seulement 10 ou 15 euros… Un malaise qui exprime les pressions de secteurs de la majorité et/ou des classes dominantes qui trouvent que la loi votée par le gouvernement va trop loin et nuise à leurs intérêts.

Si c’est l’importance d’attirer des talents et de monter dans les classements universitaires qui est mise en avant pour justifier la nécessité de revoir la mesure, cet angle laisse cependant de côté son caractère raciste et anti-social car, évidemment, cette « caution de retour » vise d’abord les étudiants des pays les plus pauvres. D’autant qu’elle s’ajoute à l’ensemble des frais déjà obligatoires pour étudier en France en tant qu’étranger, notamment via le plan Bienvenue en France qui a augmenté les frais d’inscriptions.

Alors que la presque démission de Sylvie Retailleau, très loin d’être une alliée des étudiants et des étudiants étrangers, montre encore une fois la crise politique dans laquelle se trouve le gouvernement, en grande difficulté pour appliquer sa loi, votée aux côtés du Rassemblement National, il est urgent de saisir l’opportunité pour préparer une riposte contre l’ensemble des lois racistes et anti-sociales dans les universités et dans la rue.


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