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Allemagne

Soutenir Israël pour avoir la citoyenneté allemande ? La nouvelle idée réactionnaire de la CDU

Le dirigeant du parti conservateur allemand, la CDU, a demandé fin octobre que la citoyenneté allemande ne soit accordée qu’aux réfugiés acceptant de reconnaître la légitimité d’Israël. Une exigence qui illustre la droitisation du champ politique allemand, sur fond de soutien inconditionnel à Israël.

Arsène Justo

13 novembre 2023

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Soutenir Israël pour avoir la citoyenneté allemande ? La nouvelle idée réactionnaire de la CDU

Photo : Capture d’écran d’une vidéo du compte X de Friedrich Merz

Friedrich Merz, le dirigeant du parti de l’ancienne chancelière Angela Merkel, a déclaré il y a 3 semaines que « pour lutter contre l’antisémitisme en Allemagne, il est nécessaire de lier l’octroi de la citoyenneté aux migrants à la confirmation du droit d’Israël à exister ». Une proposition particulièrement réactionnaire basée sur l’amalgame conscient entre antisionisme et antisémitisme, afin de justifier un conditionnement de l’octroi de la citoyenneté allemande à une soumission à la politique pro-israélienne de la République fédérale allemande.

Cette demande s’inscrit en réalité dans un climat bien précis : celui d’un durcissement de la politique migratoire allemande et d’une criminalisation de l’antisionisme, avec le soutien de toutes les forces politiques institutionnelles, de l’extrême-droite à la gauche radicale.

Une offensive réactionnaire contre les migrants sur fond de montée de l’extrême-droite

Surtout, les propos de Friedrich Merz viennent illustrer la droitisation généralisée du champ politique allemand, notamment sur la question de l’immigration, avec pour toile de fond la montée de l’AFD, créditée de plus de 20% d’intentions de votes dans les sondages. Un mouvement encouragé par Olaf Scholz, le chancelier du pays et dirigeant du SPD, qui avait dans ce sens déjà déclaré le 20 octobre dernier que l’Allemagne « devait enfin procéder à des expulsions à grande échelle ».

Une déclaration rapidement suivie d’actes, avec l’organisation d’une conférence sur le thème de l’immigration le mardi 7 novembre dernier, qui a réuni le gouvernement et les länder. Dans celle-ci, Malu Dreyer, présidente SPD de la Rhénanie-Palatinat, a annoncé la couleur dès l’introduction de la réunion en affirmant le « besoin de mécanismes pour que le nombre de réfugiés qui arrivent [en Allemagne], surtout par l’immigration irrégulière, soit contenu ». Parmi les mesures annoncées à l’issue de cette conférence : la réduction du temps de traitement des demandes d’asile, l’accélération des délais des recours en justice sur ces décisions, la limitation du regroupement familial, le renforcement des contrôles aux frontières et la facilitation des reconduites aux frontières.

Le soutien inconditionnel à Israël comme toile de fond de cette politique

Cette droitisation du régime s’inscrit aussi dans le contexte du massacre colonial en cours à Gaza, alors que toutes les forces politiques allemandes soutiennent Israël et la criminalisation de la cause palestinienne. En effet, le régime entend bien profiter de la guerre en Palestine afin de justifier son propre agenda réactionnaire, comme il l’avait déjà fait il y a deux ans sous le prétexte de la guerre en Ukraine.

Déjà début octobre, le gouvernement allemand n’avait pas tardé à se servir de la situation en Palestine pour interdire diverses associations palestiniennes, à l’image du réseau de solidarité aux prisonniers palestiniens Samidoun, et de divers lieux culturels musulmans, notamment le Centre islamique de Hambourg. Si nous sommes malheureusement coutumiers en France de l’assimilation fallacieuse entre antisionisme et antisémitisme, l’Allemagne n’est pas mieux lotie. Le gouvernement a ainsi multiplié les références à l’antifascisme pour soutenir la cause israélienne, dans un retournement de stigmate macabre. Nous avons ainsi pu entendre Olaf Scholz utiliser l’expression Nie Wieder (‘Plus jamais’) en soutien à la politique génocidaire d’Israël et afin de justifier l’envoi d’armes de fabrication allemande, alors même que cette expression avait été historiquement forgée en dénonciation des crimes génocidaires de l’Etat allemand et en opposition à son militarisme.

Si le gouvernement allemand soutient si inconditionnellement Israël, c’est parce que l’Etat sioniste défend et sert ses intérêts impérialistes au Moyen-Orient de la même manière qu’il sert ceux de la France. Il nous appartient de dénoncer avec la plus grande vigueur ce soutien impérialiste, qui a déjà provoqué plus de 11 000 morts et plus d’1,5 millions de déplacés en Palestine et qui justifie les pires attaques réactionnaires en Europe.


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