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Palestine

« Scènes de mort » : les hôpitaux du Nord de Gaza mis « hors service » par l’armée israélienne

Les hôpitaux du Nord de la zone de Gaza sont désormais « hors service », a annoncé ce lundi le ministère de la Santé de l’enclave Palestinienne, alors que l' hôpital al-Shifa est toujours encerclé par les chars et pris pour cible depuis vendredi par l’armée israélienne. Une situation « grave et dangereuse » selon l’OMS, qui condamne 15.000 personnes « à une mort lente », pris au piège dans les hôpitaux assiégés.

Antoine Chantin

13 novembre 2023

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« Scènes de mort » : les hôpitaux du Nord de Gaza mis « hors service » par l'armée israélienne

Credit Photo : Capture d’écran Al Jazeera

« Le monde ne peut rester silencieux alors que les hôpitaux, qui devraient être des havres de paix, sont transformés en scènes de mort, de dévastation et de désespoir. », réagissait ce lundi Tedros Adhanom Ghebreyesus , le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), devant la situation désespérée que subissent les patient.e.s des principaux hôpitaux de la bande de Gaza. Sous le feu de l’armée israélienne, les hôpitaux du Nord de l’enclave sont depuis « [trois jours sans électricité, sans eau] », selon l’OMS, les poussant à la rupture. Le ministre de la Santé de Gaza a ainsi annoncé ce lundi que les hôpitaux de Gaza étaient désormais « hors service ».

L’armée israélienne a en effet reconnu ce lundi 13 novembre que ses soldats « continuaient à mener des raids, visant des infrastructures terroristes installées dans des bâtiments gouvernementaux, au cœur de la population civile, y compris dans des écoles, des universités, des mosquées », justifiant à nouveau le désastre humanitaire qu’elle provoque par la présence supposées d’infrastructures du Hamas.

Le ministre de la Santé de Gaza affirmait ainsi dimanche que « les chars (israéliens) assiègent complètement al-Chifa » dans lequel se trouvent « 650 patient.e.s, une quarantaine d’enfants en couveuse, tous menacé.e.s de mort  ». Selon un témoin cité par l’AFP, de « violents combats » auraient désormais lieu aux portes l’hôpital al-Shifa, le plus important de Gaza, depuis dimanche soir, tandis qu’une autre infrastructure médicale d’envergure, l’hôpital al-Quds, subit également d’importants dégâts dû aux raids israéliens. Malgré la réthorique d’Israël selon laquelle ces hôpitaux abritent des soldats et infrastructures stratégiques du Hamas, l’association humanitaire Human Right Watch affirme n’avoir trouvé aucune preuve de dispositif militaire palestinien aux abords de l’hôpital.

L’attaque israélienne engendre donc une situation désespérée, privant d’oxygène, de matériel médical et de carburant pour les générateurs les deux hôpitaux qui constituent les principaux centres médicaux de Gaza, les conduisant à cesser de fonctionner. Selon le ministère de la santé de Gaza cette situation aurait conduit à la mort d’au moins 32 patient.e.s depuis ces trois derniers jours. Ce lundi, Youssef Abou Rich, le ministre de la Santé du gouvernement de Gaza, annonçait que « six bébés prématuré.es » et « neuf patient.e.s en soins intensifs » étaient mort.e.s dans le seul hôpital al-Shifa du fait du manque d’électricité. Selon le Bureau de coordination humanitaire de l’ONU, 20 des 36 hôpitaux de l’enclave Palestinienne ne fonctionnent plus.

Les bombardements israéliens, qui ont tué 11.180 personnes, dont 4.609 enfants, depuis le 7 octobre, se concentrent principalement sur le cœur de la ville de Gaza-City, où se trouvent les hôpitaux et les principales infrastructures civiles de la ville. Une frappe aérienne a ainsi « entièrement détruit » le bâtiment du service des maladies cardiaques de l’hôpital Al-Shifa, selon la ministre de la Santé de Gaza. Malgré l’annonce d’un « couloir » d’évacuation afin que les civils puissent quitter cet hôpital assiégé par les tanks de Tsahal, lequel est la cible « d’intenses combats » de l’aveu même de l’armée israélienne, l’OMS annonçait pourtant avoir perdu tout contact avec l’hôpital Al-Shifa, où s’entassent, pris au piège, 15.000 personnes. « Des informations indiquent que certains ayant fui l’hôpital ont été abattus, blessés ou tués. », comme l’indiquait le directeur général de l’OMS sur son compte X (anciennement Twitter).

Selon le directeur des hôpitaux de Gaza, la situation reste tout aussi désespérée dans les autres centres hospitaliers de la ville. Après que l’armée israélienne a forcé les hôpitaux pédiatriques al-Nasr et al-Rantissi à procéder à des évacuations forcées, des malades ont été laissés « dans les rues sans soins ». « Nous avons totalement perdu le contact avec les soignants » de ces deux hôpitaux, indiquait également le directeur. « L’armée israélienne nous a ordonné de sortir de l’hôpital al-Quds ce matin » rapportait également une femme ce dimanche à l’AFP, après avoir parcouru une douzaine de kilomètres à pied avec sa fille dans les bras. Le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a également informé que la clinique suédoise du camp de refugié de d’Ash Shati, a l’ouest de la ville de Gaza, avait été détruite ce samedi après une frappe aérienne, alors que 500 personnes y avaient trouvé refuge. Le même jour, une autre frappe a touché l’hôpital Al Mahdi tuant deux médecins et faisant de nombreux.euses blessé.e.s

« Le mépris pour la protection des infrastructures civiles, y compris les installations de l’ONU, les hôpitaux, les écoles, les abris et les lieux de culte, témoigne du niveau d’horreur que vivent chaque jour les civils à Gaza », a déclaré ce lundi le Commissaire général de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), Philippe Lazzarini, au lendemain d’une frappe navale des forces israélienne qui a visé les locaux de l’agence à Rafah.

Tandis que l’Organisation des Nations unies (ONU) rendait hommage aux 101 membres du personnel de l’UNRWA tués par les forces armées israélienne depuis le 7 octobre, les principales puissances impérialistes continuent à faire bloc dans leur soutien à l’Israël, malgré les massacres de civil.e.s. Pendant que les militaires de Tsahal visent les hôpitaux de Gaza, y faisant de nombreux.euses mort.e.s parmi les patient.e.s, personnels médical et refugié.e.s civil.e.s, l’Union européenne appelle simplement Israël à faire preuve de « retenue maximale », tout en rejetant la responsabilité des mort.e.s civil.e.s sur le Hamas. Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité de la Maison Blanche, indiquait à son tour sur CBS que « Les États-Unis ne veulent pas voir d’échanges de tirs dans les hôpitaux où des innocents, des patients recevant des soins médicaux, sont pris entre deux feux, et nous avons eu des consultations actives avec les forces de défense israéliennes à ce sujet », pendant que des raids sur des structures médicales avaient pourtant lieu.

Cette situation humanitaire désastreuse a ainsi conduit 200.000 Palestinien.enne.s à fuir le Nord de Gaza vers le Sud de la bande ces derniers jours. Pourtant, « aucun endroit à Gaza n’est sûr » selon le commissaire général l’UNRWA, et la vie des refugié.e.s reste en danger dans le Sud où les bombardements d’Israël font également rage, avec des abris chaque jour plus surpeuplés. Un drame humanitaire dont est responsable l’Israël et les puissances impérialistes qui soutiennent en bloc cette entreprise génocidaire à l’œuvre.


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