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Précarité étudiante

Scandale. Le CROUS met à la porte des étudiants salariés sous prétexte de Vigipirate

A Toulouse, des étudiants salariés par le CROUS pour l’accueil des résidences étudiantes se retrouvent sans salaire quelques semaines après avoir été renouvelés et sont remplacés par des agents de sécurité de la sous-traitance.

Jeanne Terrik

21 novembre 2023

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Scandale. Le CROUS met à la porte des étudiants salariés sous prétexte de Vigipirate

La résidence étudiantes des Humanités à Toulouse

Des étudiants travailleurs en CDD employés dans les résidences du CROUS à Toulouse se sont retrouvés sans travail et sans salaire en quelques jours. Alicia*, étudiante travailleuse à l’accueil d’une résidence CROUS à Toulouse, a reçu le 26 octobre un mail de la direction de la résidence pour l’informer que les heures programmées sur le planning du mois de novembre étaient annulées et que plus aucune heure ne lui seraient programmées à elle et ses collègues en CDD étudiants dans la même résidence.

Elsa, elle a reçu un mail similaire de la direction de la résidence de l’Arsenal, le 24 octobre, l’informant elle aussi que son planning du mois de novembre était annulé et qu’elle n’aurait pas d’autres heures programmées. Sous prétexte du plan Vigipirate, le CROUS souhaite faire appel à la sous-traitance pour employer des agents de sécurité à la place des agents d’accueil. Par conséquent, ces étudiantes et étudiants travailleurs se retrouvent toujours sous contrat mais sans salaire à partir du mois de novembre. Pour trouver un autre emploi, ils sont dans l’obligation de démissionner et renoncer à des indemnités de départ et ce alors que le CROUS venait de renouveler leur CDD en septembre dernier.

Le jeudi 16 novembre un rassemblement devant la résidence de l’Arsenal a été organisé par la CGT Sela, pour dénoncer la mise à la porte des étudiants salariés par le CROUS. D’autres organisations étaient présentes comme la CGT et la CFDT des personnels du CROUS, ainsi que des militants du Poing Levé.

Cette attaque sur les étudiants salariés intervient dans un contexte où le relèvement du plan Vigipirate sert de prétexte pour faire passer une série de mesures restrictives dans le monde du travail comme dans les établissements publics. Comme à la fac du Mirail où l’entrée de bâtiments a été soumise à plusieurs reprises au contrôle des cartes étudiantes, empêchant des lors aux personnes extérieures à la fac de pouvoir participer aux événements sociaux et politiques organisés sur le campus. Ou encore la réservation des salles qui, depuis l’instauration du plan Vigipirate, est soumise à l’inspection de la nature et du contenu (et donc à la potentielle censure) de l’événement par la présidence.

Ici le relèvement du plan Vigipirate sert de prétexte au CROUS pour se débarrasser des étudiants en CDD et les remplacer par des agents de sécurité de la sous-traitance qui, comme en témoigne Elsa et Alicia, n’ont pas reçu les mêmes formations et n’ont pas la même connaissance des résidences et de leurs étudiants.

En effet, Alicia confie : « il m’a fallu plusieurs mois pour maîtriser le nombre de clefs à gérer, ce qui n’est pas rien dans une résidence avec plus de 1 000 étudiants logés. Ce sont mes collègues titulaires qui m’ont formé pendant des semaines, ça demande beaucoup d’énergie de former quelqu’un à la gestion de cette résidence. Les agents de la sous-traitance changent souvent, c’est une charge mentale énorme pour mon collègue qui se retrouve seul à devoir gérer les demandes des étudiants de la résidence et la formation des agents de sécurité, il est déjà sous l’eau en temps normal je ne sais pas comment il va tenir maintenant ».

Le recours à la sous-traitance n’est pas nouveau dans les résidences du CROUS à Toulouse. En effet, Elsa, étudiante qui travaille en CDD dans la résidence de l’Arsenal depuis 2019 nous explique : « Ca a commencé par les agents d’entretien, qui une fois la résidence rénovée, étaient remplacés par SAMSIC une entreprise de sous-traitance de nettoyage. La sous-traitance pour la sécurité a aussi débuté autrement, presque tous les veilleurs de nuit de la résidence de l’Arsenal sont partis à la retraite sans être remplacés, sauf trois qui partent bientôt à la retraite ».

Au-delà du mépris du CROUS pour ses employés, cette situation prouve encore une fois comment les contrats étudiants précaires servent de variable d’ajustement pour l’Etat, les collectivités ou les patrons. Les agissements de la direction du CROUS éclairent parfaitement cette pratique qui précarise des étudiants qui pour la majorité doivent travailler pendant leurs études pour vivre. Certains doivent même cumuler plusieurs emplois comme c’est le cas d’Alicia pour finir les fins de mois. Ainsi, ces étudiants en CDD dont le CROUS s’est lâchement débarrassé, se retrouvent sans aucun revenu autre que leur éventuelle bourse qui ne permet pas de vivre dignement et de se nourrir correctement. Une illustration parmi tant d’autres des raisons qui poussent présence de centaines d’étudiants à faire la queue pendant de longues heures après leurs cours ou leur journée de travail pour les collectes alimentaires.

Pour ne pas laisser passer cette attaque, qui pave la voie à la précarisation toujours plus large des conditions de travail et de logement au sein des résidences CROUS, il est nécessaire de dénoncer cette mesure haut et fort avec l’ensemble des organisations étudiantes et syndicales de travailleurs du CROUS.

Les étudiants ne devraient pas avoir à travailler à côté de leurs études et ne devraient pas non plus avoir à faire la queue le soir pendant des heures après une journée de cours pour se nourrir. C’est pourquoi nous revendiquons un salaire étudiant pour toutes et tous, à hauteur du SMIC et financé sur les grandes fortunes, pour que les étudiants puissent se consacrer entièrement à leurs études. Pour plus qu’aucun salarié ne soit sous le coup d’un contrat précaire, nous exigeons la fin de la sous-traitance et un contrat stable pour toutes et tous.

*Les prénoms ont été modifiés


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