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Violences policières

Rennes : 10 mois de prison avec sursis pour le chef de la BAC pour violences

Philippe Jouan, l'ex-chef de la Brigade Anti Criminalité (BAC) de Rennes a été condamné dans une affaire de violences policières à 10 mois de prison avec sursis pour « violences par agent dépositaire de l'autorité publique », « faux en écriture publique » et « dénonciation calomnieuse ».

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C. Allain / APEI

Le 5 mai dernier, après avoir poursuivi un jeune homme de 23 ans, qu’il a dit soupçonner de trafic de stupéfiants, le chef de la BAC de Rennes entre dans le bar où le jeune homme s’est réfugié. Ce dernier se retrouve dos au mur, et le policier lui lance un doigt dans l’œil, le faisant ainsi tomber, puis lui assène un coup de genou au visage. Il le relève par un étranglement et le traîne ensuite à l’extérieur du bar, avec l’aide d’un collègue venu en renfort. À l’extérieur, les clients du bar témoignent avoir vu le policier jeter le jeune homme la tête la première contre un poteau.

Or, le récit de l’ex-chef de la BAC était à l’origine bien différent : celui-ci avait porté plainte contre le jeune homme, l’accusant de l’avoir frappé. Les témoignages des personnes présentes dans le bar ainsi que les images de vidéosurveillance confirment bien que c’est le policier qui a frappé le jeune homme et non l’inverse, ce que Philippe Jouan a fini par admettre durant le procès. De plus, le procès a également démontré que rien ne justifiait le coup froidement porté au visage du jeune homme terrorisé. Celui-ci sera d’ailleurs ensuite placé en garde à vue pour « violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique », « rébellion » et « acquisition, détention et transport de produits stupéfiants ».

Ainsi, le policier écope de 10 mois de prison avec sursis, pour trois motifs : « violences par agent dépositaire de l’autorité publique » pour le coup porté au jeune homme, « faux en écriture publique » et « dénonciation calomnieuse », car le policier a fait rédiger à son équipe différents procès-verbaux, tous contradictoires, mais dans lesquels il raconte toujours une version mensongère à son avantage, notamment en mentant sur le fait que le jeune homme aurait usé de violence contre lui. Au titre du préjudice moral, l’ex-chef de la BAC rennaise devra verser 1 800 euros à la victime. Cependant, l’avocat du policier, Maître Birrien, un habitué de la défense des policiers, a indiqué qu’il allait faire appel.

Philippe Jouan était bien connu des Rennais pour son rôle de chef de la BAC, que ce soit dans les quartiers populaires où parmi les militants contre la loi Travail de 2016. Celui-ci, du point de vue des forces de répression, a eu une carrière pour le moins « exemplaire » : fonctionnaire de police depuis trente ans, il avait passé dix ans au RAID, et était formateur depuis 20 ans. Selon l’avocate de la victime, Philippe Jouan s’était « déjà illustré dans des interpellations violentes », tandis que pour l’avocat du policier, c’est « un excellent flicard ». Une bonne illustration de la violence généralisée dans la police, et des « bavures » qui sont en réalité des méthodes habituelles et structurelles. Cette condamnation avec sursis, inévitable au vu des éléments accablant l’ex-chef de la BAC rennaise, est une exception tant les violences policières sont courantes, et l’impunité généralisée.


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