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La parole aux travailleurs

Punaises de lit dans les transports : il faut un contrôle ouvrier sur l’hygiène dans nos entreprises !

Depuis plusieurs jours, les vidéos de punaises de lit dans les trains SNCF se multiplient sur les réseaux sociaux. Alors que le gouvernement nie toute recrudescence des punaises de lit dans les transports et dénonce des « fake news », il est urgent de prendre nos affaires en mains.

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Punaises de lit dans les transports : il faut un contrôle ouvrier sur l'hygiène dans nos entreprises !

Les punaises de lit sont devenues le sujet de santé publique de la rentrée. En pleine coupe du monde de rugby et à moins d’une année du début des Jeux Olympiques à Paris, la recrudescence des punaises de lit a ouvert une crise importante pour le gouvernement et les entreprises du transport public. Mais alors que la SNCF et la RATP tentent de rassurer, tandis que le gouvernement nie toute « recrudescence des punaises de lit », allant même jusqu’à dénoncer les « fake news », personne n’est convaincu par leurs discours. À raison.

Punaises de lit dans les transports : un problème qui ne date pas d’hier

En réalité, la problématique a commencé à se développer en 2022, dans les rames TGV, en particulier sur les Ouigo de l’Axe Atlantiques à la gare Montparnasse. Cette infestation a envahi la résidence Orféa locale où dorment les conducteurs et contrôleurs cheminots lorsqu’ils sont en découchés. Très vite, le parasite a fait son arrivée dans les guichets de la gare Montparnasse. Une situation dénoncée par de multiples alertes déposées par des agents et représentants du personnel. Des alertes que la direction de la SNCF a toujours refusé de prendre en compte, niant même la présence de punaises de lit, et ce malgré toutes les photos de piqûres ou d’insectes qui ont pu leur être transmises. Ce n’est que sous la forte pression des salariés que la direction a fini par réagir... et très tardivement. Une gestion qui a eu de graves répercussions psychologiques sur le personnel de la gare, notamment de l’escale et de la vente, tandis que la direction a affiché un mépris scandaleux : « ce sont les agents qui ont ramené ces punaises de lit », expliquaient-ils. Pire encore, les interventions de désinfections menées par la direction de la SNCF n’ont rien résolu puisque le problème perdure dans beaucoup de résidences Orféa.

Dans les rames TGV, en particulier dans les trains Ouigo, les punaises de lit, des cafards et des nuisibles en tout genre continuent à proliférer. Et ce sont les Ouigo qui sont le plus touchés car ce sont des trains qui roulent en permanence et qui existent en nombre réduit. En temps normal, en tant que techniciens de maintenance, nous n’avons jamais le temps d’intervenir sur ces rames dont la maintenance se fait la plupart du temps la nuit. La direction a consciemment réduit les temps d’immobilisation de ces rames pour les faire rouler au maximum. De plus, les opérations de nettoyage sont de moins en moins approfondies et nombreuses, en raison de sous-effectifs chroniques dans les équipes.

La faute n’est pas, bien entendu, de la responsabilité du personnel de nettoyage, en général sous-traitant de la SNCF, mais aux conditions de travail toujours plus dégradées et à des effectifs toujours plus faibles. Autant de contraintes qui rendent moins efficaces les opérations de nettoyage et de désinfection.

Aussi, depuis 2018 et l’ouverture à la concurrence de Macron, la réalité a changé. Depuis cette réforme, la casse du transport public s’est accentuée de sorte que la logique de marché devient de plus en plus forte : il faut toujours plus baisser les « coûts » pour gratter des marchés, et donc diminuer drastiquement « les charges » que constituent maintenance, réduire la masse salariale, augmenter les cadences et la productivité, mais aussi, réduire le parc de rame TGV. Ainsi moins il y a de TGV, moins il y a de maintenance. En conséquence, les rames doivent rouler beaucoup plus. Cette chasse aux « coûts » se fait sur tous les terrains, notamment celui de la maintenance donc, que la direction de la SNCF a partiellement externalisé à la sous-traitance.

Avec l’ouverture à la concurrence qui a poussé à l’extrême cette logique de réduction des « coûts », ce sont aussi des questions sanitaires comme la problématique des punaises de lit qui ont été mises sous le tapis. Malgré les nombreux avertissements des élus du personnel, ce problème de santé publique n’a pas été pris au sérieux par la direction de la SNCF.

Le transport public : un foyer de propagation idéal pour les punaises de lit

Sièges en mousse partout, nettoyage toujours plus réduit, matériel de plus en plus usé… une combinaison de facteurs qui fait que des nuisibles peuvent s’y reproduire tranquillement et proliférer. En se glissant dans les valises, les habits, les punaises de lits se propagent.

La SNCF a pour défense dans sa communication de désinfecter « minutieusement » ces rames, avec un traitement contre les nuisibles tous les 60 jours. Or, elle ne détaille pas plus quant à la méthode utilisée et se contente de parler de traitement par fumigation uniquement. Mais alors que les punaises de lit résistent de plus en plus aux insecticides en tout genre, le parasite n’est pas éradiqué, profitant sûrement de l’espace qu’elles sont pour se cacher.

Vu cet état de fait et alors que la diffusion de cet insecticide se fait depuis plus d’un an, force est de constater que ce dernier n’est guère efficace. Et pourtant, la seule réponse de la direction face aux multiples alertes n’a été que le mépris. Dernier exemple en date, la proposition d’un membre du CSE de déposer des pièges dans les rames à laquelle la direction a répondu par des rires, avant de reprendre l’idée à son compte, tout en niant la présence de punaises de lit, préférant parler « d’insectes ».

Face au mépris du gouvernement et de la SNCF, nous devons prendre nos affaires en main

Clément Beaune, le ministre des transports, a déclaré avoir réclamé « un plan d’action rapide à la SNCF suite aux nombreuses plaintes », en convoquant les entreprises de transports pour faire changer le protocole sanitaire. Avec l’approche des JO la pression monte d’un cran. Or, quelques jours après, le gouvernement a rendu ses conclusions : « il n’y a pas de recrudescence des punaises de lit » dans les transports publics, « il y a du sérieux, chaque cas signalé reçoit une réponse, une vérification », et aucun de ceux signalés « ces dernières semaines » à la RATP et à la SNCF ne sont avérés, a déclaré le gouvernement, dénonçant même les « fakes news ». Du côté de la SNCF, le discours est le même : « Les cas confirmés sont depuis toujours rarissimes et il n’y a aucun signe d’une recrudescence récente de punaises de lit dans les trains », a assuré la direction régionale de la SNCF Hauts-de-France. Deux discours en dehors de toute réalité qui cherchent à remettre la faute sur la population et les travailleurs qui auraient déliré.

En réalité, le gouvernement et la direction de la SNCF cherchent à masquer leurs propres responsabilités dans la situation dont ils sont doublement responsables : d’abord, en ouvrant à la concurrence le ferroviaire et les transports de manière générale, le gouvernement est responsable en définitive de la hausse des cadences et de la baisse des moyens dédiées à la maintenance et aux opérations de nettoyages et de désinfections. Ensuite, c’est Macron lui-même qui, avec la loi travail, a supprimé les CHSCT, pour mettre en lieu et place les CSE, réduisant de plus en plus les instances dédiées à la défense de la santé des travailleurs.

Face à ce mépris affiché du gouvernement comme de la SNCF, une fois encore comme pendant la crise du Covid-19, nous devons prendre nos affaires en mains. Pour ce faire, si nous pouvons nous appuyer sur le travail de certains représentants du personnel pour mettre la direction face à ses responsabilités, les CSSCT actuelles sont bien insuffisantes. Ces instances constituent en effet une sorte de « chambre d’enregistrement » des décisions de la direction, du fait notamment que le vote des salariés n’est que consultatif et ne permet pas de faire opposition à la direction.

Parce que la crise du Covid-19 a montré que les travailleurs sont les mieux à même de prendre les mesures sanitaires nécessaires, nous devons prendre à bras le corps le problème des punaises de lit, mais plus globalement de tout ce qui touche à notre santé au travail. Pour ce faire, il nous faut constituer des commissions d’hygiène et sécurité qui soient réellement décisionnaires, composées de salariés, en lien avec la population. Une commission en toute indépendance de la direction de la SNCF, qui permette de discuter et décider nous-même des mesures à prendre, ou encore de vérifier que les mesures prises soient réellement appliquées.

Parce que notre santé est plus importante que leurs profits, nous devons aussi revendiquer une entreprise des transports unique sous contrôle des usagers et des travailleurs des transports, la fin de la sous-traitance dans les transports. Il nous faut aussi des embauches massives et des investissements notamment dans la maintenance qui mette au cœur la sécurité des travailleurs et de la population. Nos vies, par leurs profits.


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