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Sélection par le marché

Numerus clausus à la fac : le Sénat va-t-il mettre le feu aux poudres ?

Alors que ce mardi avait lieu la deuxième journée de mobilisation contre le Plan étudiant et ParcourSup, le sénateur LR Jacques Grosperrin lançait un pavé dans la mare : fixer le nombre de places dans les universités en fonction du « taux de réussite et d’insertion professionnelle observés pour chacune des formations ». En somme un numerus clausus directement adapté aux besoins du marché et une sélection ouvertement discriminante pour les plus défavorisés.

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« Ce ne sont pas les vœux des candidats qui doivent guider les choix d’ouvertures de places dans les filières de l’enseignement supérieur mais les débouchés professionnels réels qui s’offrent aux diplômés  », l’amendement 37 au projet de loi « Orientation et réussite des étudiants » a le mérite d’être clair. À peine mise en place la sélection généralisée à l’université via ParcourSup et les prérequis, que le sénateur LR du Doubs Jacques Grosperrin se sent pousser des ailes pour mener à ses ultimes conséquences la réforme de l’éducation et de l’enseignement supérieur.

Concrètement, le projet que les sénateurs discutent revient à fixer le nombre de places dans les universités en fonction des besoins du marché et de totalement remettre en cause le droit à faire les études de son choix. Après le parcours du combattant que sera le lycée modulaire que veut imposer le gouvernement, après la sélection drastique imposée par ParcouSup, c’est la faculté elle-même qui se trouve mise sous tutelle du marché par cet amendement.

Comme le souligne Hervé Christofol, secrétaire général du Snesup, cette réforme reviendrait à laisser l’État planifier les carrières des gens pour rendre service au marché. C’est d’ailleurs la position qu’assume intégralement Jacques Grosperrin lorsqu’il affirme qu’ « il faut sortir du schéma selon lequel on ouvre des formations simplement parce que des jeunes ont envie de faire des études. Tout le monde ne peut pas faire médecine ou Staps, mais il faut adapter les formations pour que chaque jeune puisse suivre une voie qui permet de s’insérer dans le monde du travail ». Traduction : il faut que l’université soit l’anti-chambre du marché et qu’elle forme des travailleurs triés sur la volet.

Une telle annonce n’a pas été sans produire ses effets. La Fage, syndicat étudiant jusqu’alors favorable à la réforme montre son intention de tout faire pour que « cette proposition soit pilonnée ». Une première dans ce mouvement où la principale organisation étudiante avait apporté un soutien total au plan Vidal. Du côté enseignant, Franck Loureiro, secrétaire général du Sgen-CFDT, lui aussi jusqu’alors favorable à la réforme, commence à bouger. Il n’hésite d’ailleurs pas à évoquer le spectre du « scénario de la loi Devaquet » où la mobilisation étudiante avait fait plier le gouvernement.

L’amendement 37 proposé par Jacques Grosperrin pourrait potentiellement radicaliser le mouvement tant il démontre avec clarté la volonté ultime du gouvernement d’inféoder l’éducation à la logique de rentabilité du marché. Si le Sénat persistait à vouloir faire passer cet amendement, la réforme pourrait rester en discussion pendant plusieurs semaines ce qui pourrait même mettre hors service la plate forme ParcourSup car elle serait alors illégale. En tout cas, après un début de mobilisation où on sent une radicalité s’exprimer parmi les étudiants et les personnels enseignants, le Sénat offre sur un plateau l’étincelle qui pourrait mettre le feu aux poudres.

Crédits photo : AFP / ERIC FEFERBERG


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