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Que se vayan todos !

Loi Omnibus. Milei trouve un compromis avec les députés de droite, le texte bientôt présenté au Parlement

Alors que les Argentins prennent la rue pour cette journée de grève nationale, au Parlement, Milei tente de faire passer sa loi Omnibus le plus vite possible. Hier soir, un compromis avec différents partis de droite a été trouvé, et la loi pourrait être votée au Parlement demain.

Joël Malo

24 janvier

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Loi Omnibus. Milei trouve un compromis avec les députés de droite, le texte bientôt présenté au Parlement

Mardi 23 janvier, à la veille de la journée de grève nationale en Argentine, Javier Milei a accéléré le processus parlementaire de sa loi Omnibus. Inscrite dans le bloc d’attaques anti-sociales et anti-démocratiques que Milei fait pleuvoir sur les travailleurs et les classes populaires et que nous avons analysé dans d’autres articles, le texte attaque les droits des secteurs populaires dans absolument tous les domaines. Pour reprendre les termes de la députée révolutionnaire, Myriam Bregman il « réunit toutes les revendications des classes dominantes depuis 1955 dans un seul projet de loi ».

Alors que Milei ne dispose que de 15% des sièges au Parlement, cette loi prévoit notamment un transfert des pouvoirs du Parlement au Président qui se verrait octroyer les quasi-pleins pouvoirs pendant deux ans, renouvelables. Une mesure qui provoquerait un véritable changement de régime en Argentine. Ces derniers jours, les négociations battaient leur plein entre Milei et des secteurs de la droite pour valider une version de compromis du texte à envoyer au Parlement.

Avant de pouvoir être discutée à la Chambre des Députés, la loi doit en effet recevoir un avis favorable (dictamen) lors de son étude en commission. Lors de négociations qui ont duré une bonne partie de la nuit de mardi à mercredi, La Libertad Avanza (le parti de Milei) a pu finalement compter sur le soutien de groupes bien disposés à collaborer avec l’extrême droite : le PRO [Proposition Républicaine, parti de l’ancien président de droite, Macri], l’Union Civique Radicale [droite traditionnelle] et Hacemos Coalición Federal [péronisme fédéral] qui représente des ailes droites du péronisme liées aux gouverneurs provinciaux.

Ces négociations ont centralement porté sur deux éléments : le retrait d’une mesure d’impôts sur les exportations agricoles prévues par la loi et la réforme de l’indexation des pensions de retraite sur l’inflation. Au terme de ces négociations, Milei a pu obtenir les 57 signatures nécessaires pour valider un avis favorable essentiellement grâce au soutien des partis de droite, puisque son parti ne pouvait en apporter que 19.

Bien que la loi Omnibus ait été amputée de quelques chapitres au cours de ces négociations avec les « dialoguistes », elle conserve le cœur de ses attaques : délégation des pouvoirs législatifs au pouvoir exécutif (pendant un an au lieu de deux, mais sans que cela change radicalement la situation), modification de l’indexation des pensions, possibilité d’aggraver l’endettement du pays, libéralisation des prix en faveur des grandes compagnies pétrolières avec des prix accablants pour les masses populaires, restrictions du droit de manifester, privatisation des entreprises publiques, attaques contre la culture etc.

Le projet de loi tel qu’il sort de la commission comprend également d’énormes avantages pour les grandes entreprises par le biais de réductions d’impôts, d’allégements fiscaux, de moratoires et de régimes spéciaux. Le député du FIT-U (Front de Gauche et des Travailleurs-Unité, gauche révolutionnaire), Nicolas del Caño a dénoncé une loi « au bénéfice des 10.000 personnes les plus riches d’Argentine et une austérité brutale contre les 7 millions les plus pauvres ! » « Chaque article du DNU et de la loi Omnibus porte le nom d’un lobby patronal, ils contiennent des ordres du FMI », a de son côté souligné Myriam Bregman. « C’est pourquoi nous disons à la population que La Libertad Avanza n’a pas les voix pour approuver cette absurdité » pointant la responsabilité des groupes parlementaires collaborationnistes.

Lors de l’examen en commission, deux motions de rejet ont été exprimées. Celle de Unión por la Patria (péronisme) et celle du FIT-U, qui siège pour la première fois à la commission du budget et des finances avec Christian Castillo. La différence entre ces motions d’opposition réside dans les motifs du rejet.

Germán Martínez, président du groupe Unión por la Patria, s’est essentiellement interrogé sur le fait que ni le ministre de l’Economie, Luis Caputo, ni le rédacteur du DNU, Federico Sturzenegger, n’ont montré leur visage en commission. Il a concentré ses critiques sur la délégation de pouvoirs, qui vise à endetter à nouveau le pays et à s’en prendre aux retraités. Du côté de la gauche révolutionnaire, Christian Castillo a souligné que cette loi fait partie d’une « combinaison de mesures de terreur contre tous les travailleurs » et a énuméré la dévaluation de Caputo, l’augmentation des prix des carburants, la libéralisation des prix des aliments et des médicaments. Il a appelé à la grève générale de ce mercredi et à participer à la mobilisation devant le Congrès. « Les travailleurs défendront le droit à la mobilisation et feront face à ce plan de tronçonnage », a-t-il conclu.

L’opération de mardi a été l’occasion pour les blocs collaborationnistes de mettre les bouchées double pour offrir à Milei un certain soutien du Congrès à faire valoir avant la grève. Désormais la prochaine étape, sera le vote article par article en assemblée plénière. Là, les alliances pourraient se reconfigurer, ce qui pourrait annuler d’autres parties du projet de loi et aboutir à une loi élaguée par rapport à l’original.

La Libertad Avanza a l’intention de tenir une session parlementaire ce jeudi 25 janvier pour faire adopter le projet de loi. Cette séance pourrait durer plus de 30 heures. Le gouvernement a maintenu dans le texte final les impôts aux secteurs agro-exportateurs et ses changements dans l’indexation des retraites ainsi que d’autres points que les partisans du dialogue avaient demandé de modifier. Cela ne les a pas empêchés de signer le deal avec Milei.

Désormais, il reste à voir quelles forces le gouvernement parviendra à rassembler sur chacune des attaques que contient la loi et les contradictions qui travailleront les groupes parlementaires collaborationnistes. Plus de 500 articles devront être votés au détail, et chacun d’entre eux pourrait prendre beaucoup de temps à être débattu.

La Libertad Avanza devra également garantir un quorum de 129 députés (sur 257) pendant toute la session alors qu’elle ne dispose que de 41 sièges à la Chambre. Si à un moment donné le tableau d’affichage affiche 128, la session se clôturera, et avec elle les articles qui n’ont pas été approuvés tomberont. Les groupes parlementaires collaborationnistes maintiennent cette pression pour avancer leurs négociations tout en ne remettant aucunement en cause les dispositions qui visent à donner les pleins pouvoirs à Milei.

C’est pourquoi, la députée révolutionnaire, Myriam Bregman a rappelé que la véritable résistance à cette loi aura lieu dans la rue, par la grève et la mobilisation : « il n’est pas possible de rester passifs face à la mobilisation et à la grève, parce que ce qui se passe est très grave, il faut être dehors, il faut être dans la rue ! ». Une mobilisation à suivre toute la journée sur Révolution Permanente.


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