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Grève pour les salaires

Inflation, salaires, crise politique : mobilisation historique en Irlande du Nord

Ce jeudi, des centaines de milliers de travailleurs se sont mis en grève pour des augmentations de salaires dans un contexte de crise politique profonde dans le pays. Une mobilisation historique dans une nation paralysée politiquement depuis deux ans et frappé de plein fouet par la crise économique mondiale.

Lisa Mage

19 janvier

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Inflation, salaires, crise politique : mobilisation historique en Irlande du Nord

Crédit Photo : Capture d’écran France24 X (anciennement twitter)

Le 18 janvier, seize syndicats représentant les secteurs de l’enseignement, du transport, ou encore de la santé, ont appelé à la grève contre la baisse du pouvoir d’achat et la paralysie de la vie politique depuis le retrait du DUP, le parti unioniste, des institutions nord-irlandaise en février 2022, contre les dispositions commerciales post-Brexit. Le congrès des organisations syndicales estime que 170 000 des 220 000 fonctionnaires que compte l’Irlande du Nord se sont mis en grève. Il s’agit du « plus gros conflit social dans l’histoire de l’Irlande du Nord », selon le secrétaire général des organisations syndicales, Owen Reidy.

Depuis deux jours, on assiste à une multiplication des grèves, pour certaines organisées en piquets, et à des manifestations massives, notamment à Belfast et Londonderry, un symptôme du ras-le-bol face à l’envolée des prix depuis plus d’un an, qui avait déjà causé de fortes mobilisations au Royaume-Uni.

Au sein des manifestations, on peut entendre les mots d’ordre « Un salaire juste maintenant » ou encore « Honte », visant le ministre britannique en charge de l’Irlande du Nord, Chris Heaton-Harris, et le chef du principal parti unioniste (DUP) Jeffrey Donaldson. Et pour cause, le boycott par le DUP des institutions locales depuis février 2022, en réaction aux dispositions commerciales post-Brexit, menacent selon ce parti « la place de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni ». En effet, le protocole post-Brexit avait pour but d’empêcher la création d’une frontière entre les deux Irlande, qui aurait fragilisé la paix conclue en 1998 via les accords du « Vendredi Saint », mettant un terme à trois décennies de conflit sanglant.

Le protocole en question avait pour dessein de mettre sous la supervision de Londres les décisions du Parlement nord-irlandais concernant le commerce avec l’Europe. Cette décision, contestée par le DUP, crée donc une situation de blocage parlementaire depuis près de deux ans. Ce blocage politique prend place dans un contexte de forte crise économique. Une « triple crise » liée à une reprise économique très faible après le Covid, aggravée par le Brexit et la guerre en Ukraine, qui a fortement impacté le prix de l’énergie dans ce pays où 78 % de la composition énergétique repose sur le pétrole et le gaz.

Ce contexte difficile est encore aggravé par la baisse des financements, imposée par Londres, pour les hôpitaux, l’entretien des routes ou encore les écoles. L’ingérence de Londres ne s’arrête pas là puisque Chris Heaton-Harris a expliqué qu’une enveloppe de 3,3 milliards de livres sterling était disponible, dont 584 millions seraient destinés à augmenter les salaires des fonctionnaires, pour la majorité bloquée depuis 3 ans, à condition que Stormont (le parlement nord-irlandais) reprenne son activité.

Bien que les perspectives restent pour le moment assez floues, cette mobilisation est historique par sa massivité et la multiplicité des secteurs du service public mobilisés. Dans un contexte d’aiguisement de la crise économique mondiale et de la montée des idées réactionnaires, dont les émeutes d’extrême droite à Dublin sont une illustration, la massivité de cette mobilisation doit inspirer le mouvement ouvrier en France.


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