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Répression

« Ils ont utilisé la justice pour réprimer les lycéens », Gabriel, lycéen marseillais

« Ils nous ont insultés de tous les noms ». Le 7 mars, Gabriel a été arrêté pendant le blocus de son lycée, à Marseille. Ce jour-là, au moins 8 mineurs ont fini en garde-à-vue. Dans le cadre de la campagne contre la répression lancée par Le Poing Levé, nous relayons son témoignage.

Le Poing Levé

14 juin 2023

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« Ils ont utilisé la justice pour réprimer les lycéens », Gabriel, lycéen marseillais

[Crédits photo : Dorian M.]

Ce témoignage a été recueilli dans le cadre de la campagne anti-répression menée par le collectif jeune de Révolution Permanente, le Poing Levé. Pour y participer également et témoigner, vous pouvez remplir ce formulaire.

Le Poing Levé : Bonjour, merci de nous accorder ton témoignage. Peux-tu te présenter et nous dire si avant cette journée, tu avais déjà participé à des mobilisations ?

Je m’appelle Gabriel. J’ai déjà participé à plusieurs manifestations avant celle-là. Je les ai quasiment toutes faites concernant la réforme des retraites. En réalité, depuis tout petit j’allais en manifestation avec mes parents.
Le Poing Levé : Tu t’es fait arrêter sur un blocus de lycée. Est-ce que tu peux nous raconter ?

C’était le 7 mars, on bloquait le lycée Thiers et tout se passait bien. Vers 10h30, un premier camarade s’est fait arrêter. C’est là qu’un policier de la BAC m’a attrapé et m’a dit « suis-moi ». Il m’a alors indiqué le véhicule pour m’emmener. On était deux à s’être fait arrêter. Ils nous ont insultés de tous les noms. Dans un premier temps, ils nous ont dit qu’on n’irait pas en garde-à-vue, simplement au commissariat, qu’on attendrait trois quarts d’heure pour nous identifier, qu’on aurait un rappel à la loi et qu’on sortirait. Finalement, ils nous ont quand même placés en garde-à-vue, pour outrage et dégradation d’un bâtiment public, cela a duré 9h30.

Le Poing Levé : Comment s’est passée la garde-à-vue et quelles seront les suites ?

Je me suis fait auditionner vers 16-17h. On a essayé de me provoquer pour que je m’énerve en me posant 1000 fois les mêmes questions. Je ne me suis pas énervé et malgré cela sur le papier, il y avait écrit que j’avais outragé le corps entier de la police et que j’avais dégradé la façade du lycée Thiers. J’ai écopé d’un stage de citoyenneté pendant les vacances, ça a duré 3 jours où j’étais à la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) dans le 13ème arrondissement. Je ne suis pas passé devant le juge, c’était le stage de citoyenneté ou le passage devant le juge. Comme je me suis « bien comporté », que je suis venu tous les jours, ils ont considéré qu’ils pouvaient classer l’affaire.

Le Poing levé : Comment te sens-tu depuis cette arrestation ?

Je trouve ça injuste d’avoir été en garde-à-vue. Mon avocate m’a dit que c’était scandaleux. Je considère qu’ils ont utilisé de manière politique la justice pour réprimer le mouvement lycéen et l’en dissuader de continuer les blocus. C’est de l’intimidation, une manière de dire aux autres : « Faite gaffe à vous, vous pouvez aller garde-à-vue voire être poursuivi pour quasiment rien ». Maintenant, je fais attention à la police. Pour autant, je continue d’aller aux manifestations et aux mobilisations lycéennes car je suis d’autant plus en colère.

Le Poing Levé : Pourquoi continues-tu à te mobiliser, qu’est-ce qui te met en colère ?

Actuellement, que l’Etat n’écoute pas la population. La majorité des Français ne veulent pas de cette réforme. Le 49-3 m’a mis encore plus en colère parce que c’est anti-démocratique, mais aussi le SNU, qu’ils essayent de faire passer. Tout ça, ça me met très en colère.

Le Poing Levé : Comment interprètes-tu le fait qu’il y ait autant de jeunes qui se font interpeller ou réprimer dans les manifestations ?

Macron veut toucher la jeunesse, quand ton enfant se fait arrêter, tu as peur pour toi mais aussi pour ton enfant. Viser la jeunesse ça permet de toucher tout le monde, parce que la jeunesse c’est notre futur et si on fait peur à la jeunesse, effectivement, il y aura moins de manifestations. Les gens vont se dire : « moi je me suis fait arrêté, je me suis fait tabasser par la police, je n’ai pas envie d’y retourner ». C’est normal d’avoir peur. C’est une stratégie horrible de faire peur à la jeunesse. Le but est d’installer un climat de peur au sein de la population, principalement pour dissuader d’aller en manifestation.

Le Poing Levé : Comment envisages-tu la suite du mouvement et la situation politique ?

Personnellement et avec d’autres camarades, on essaie de reprendre le flambeau. Comme il n’y a plus de manifestations du côté de l’intersyndicale, on essaye de se débrouiller avec les étudiants mais aussi certains syndicats de professeurs. L’autre jour, il y avait une petite manifestation lycéenne organisée dans Marseille. On était 100, un blocus du lycée St-Charles s’est organisé et après on est allé devant la direction des Services Départementaux de l’Éducation Nationale (DSDEN). On continuera.


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