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Grève à Airbus : « Il faut que le mouvement s’élargisse à la chaîne d’assemblage »

Depuis 6 jours, les peintres d'Airbus sont massivement en grève contre le licenciement d'un de leur collègue. Un des grévistes revient sur cette mobilisation inédite et les raisons de la colère dans un entretien pour Révolution Permanente.

Ivan Ferrero

7 novembre 2023

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Grève à Airbus : « Il faut que le mouvement s'élargisse à la chaîne d'assemblage »

Crédits photo : Capture d’écran vidéo Emirates peinture Airbus A 380.

Romain* est actuellement salarié et gréviste chez Airbus au pôle peinture. Il a accepté de répondre à nos questions pour expliquer le mouvement de grève en cours.

Révolution Permanente : Tu es en grève depuis 6 jours, est-ce que tu peux nous expliquer les raisons du mouvement ?

La grève a commencé jeudi dernier parce qu’ils ont licencié notre collègue Corentin qui est un employé irréprochable qui travaille la nuit en trois huit. Cela faisait 4 samedis d’affilé qu’il travaillait en heures supplémentaires avec des cycles jours/nuits très fatiguant et une charge mentale énorme.

Ce qu’il s’est passé, c’est qu’il est monté sur une voilure sans harnais, on lui a fait une remarque et il l’a mis directement. Puis à la fin de la vacation il a rassemblé ses affaires et il a posé seulement un pied sur la voilure en gardant l’autre sur le bâti, tout en se tenant à la barrière pour récupérer un rouleau de scotch oublié. Son chef l’a surpris à ce moment en lui disant que c’était la deuxième fois. L’info est remontée directement aux ressources humaines et puis jeudi dernier à 7h30, ils l’ont convoqué pour lui annoncer son licenciement et il a été raccompagné par 6 agents de sécurité d’Airbus pour prendre ses affaires.

RP : Comment la grève s’est organisée ?

L’information a vite circulé entre nous et on a décidé de se mobiliser spontanément sans avoir de retour de la part des syndicats. La vague de nuit a commencé en première à se mettre en grève et ça a été suivi par la majorité des CDI. On a fait une assemblée générale vendredi pour reconduire le mouvement et samedi, aucun CDI n’a travaillé. À partir de lundi on a pratiquement tous fait grève, là, on est mardi et il y a trois des quatre salles de peinture d’Airbus qui sont encore en grève.

RP : On a l’impression que derrière ce licenciement, c’est toute une politique disciplinaire que vous remettez en cause, est-ce que tu peux nous en dire plus ?

Tout d’abord, il faut contextualiser, on travaille dans la peinture, c’est le service qui a le taux d’accidents du travail le plus élevé de la production chez Airbus. Nos responsables ont pour mission de le faire baisser, mais ils n’y parviennent pas parce qu’ils axent la politique principalement sur la sécurité comme si c’étaient des accidents volontaires. On sait très bien qu’il y a une volonté de faire un exemple, mais on n’est pas d’accord avec ça, on ne veut pas que ça arrive à d’autres. C’est un métier qui est dangereux, mais personne ne va au travail avec la volonté de se blesser.

Ce sont des sujets qui remontent quasi tous les jours en salle de pause, ça fait partie de notre quotidien les accidents du travail. On est d’accord pour faire diminuer ce taux, mais pas avec la logique de punir les employés. Il n’y a aucun aménagement de prévu pour diminuer les accidents que ce soit en termes d’infrastructures ou d’exosquelettes. La direction, elle, pense que les gens se blessent volontairement.

RP : C’est votre sixième jour de grève face à une direction qui refuse tout dialogue, quelles sont les perspectives du mouvement ?

Il faut que le mouvement s’élargisse à la chaîne d’assemblage, on a eu beaucoup d’échos dans les autres secteurs, on sait qu’ils nous soutiennent, mais malheureusement le syndicat majoritaire, Force ouvrière, ne suit pas du tout. Il joue plutôt le jeu de la direction comme d’habitude. On est face à Airbus qui est très puissant et qui s’appuie sur le fait d’avoir beaucoup d’intérimaires pour réorganiser la production.

C’est compliqué de faire des débrayages quand le syndicat majoritaire refuse d’appeler à la grève, on n’est pas du tout suivi. Pour 40 000 personnes à Airbus, les quelques personnes de la CGT qui sont venues essayer de nous appuyer n’ont pas du tout la même force que les centaines de délégués FO. Bientôt, il y a les élections des syndicats et il va falloir que les gens réfléchissent vraiment à ce qu’ils veulent pour leur avenir au sein de l’entreprise, car on voit bien aujourd’hui les conséquences que peuvent avoir ces élections.

*Le nom a été changé


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