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La répression ? Symptôme de la « grand-peur » du gouvernement

Fréderic Lordon. Lettre ouverte aux étudiant-e-s de Paris 1

Nous retranscrivons ici la lettre adressée par Frédéric Lordon aux étudiant-e-s de Paris 1.

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Il faut savoir ce qu’une mobilisation coûte de dévouement, de sacrifices et d’énergie, pour mesurer toute la valeur de la mobilisation des étudiants de Tolbiac. Et l’on est réellement impressionné par leur persévérance dans la lutte. Ce matin encore, les étudiants sont là pour dire à nouveau qu’ils ne sont pas décidés à lâcher.

Lors du meeting du 29 mars, des camarades cheminots étaient intervenus pour inviter les étudiants à les rejoindre dans leurs dépôts. C’est le genre d’invitation qui ne se refuse pas. C’est pourquoi avant-hier même, une large délégation d’étudiants s’est rendue à Saint-Lazare à la rencontre des cheminots. Comme il y a quelques semaines au bureau de poste d’Asnières mais à une tout autre échelle cette fois, c’est la police qui s’est invitée comme surnuméraire à cette rencontre. Non plus sur le simple mode de l’intimidation mais de la violence ouverte. Sous les motifs visiblement les plus fallacieux, un étudiant de Paris 8 a été très violemment arrêté.

Comme il n’est même pas utile de dire le sentiment de scandale que ces pratiques inspirent, il est sans doute préférable de prendre le problème par un autre bord, plus stratégique. On verra donc plutôt dans cette violence, que rien ne peut justifier, un symptôme : le symptôme de la grand-peur gouvernementale à la perspective de cette convergence qu’il redoute par-dessus tout. La jonction des étudiants et des classes ouvrières, et plus généralement des salariés, est son cauchemar par excellence si l’on en juge par la diligence violente qu’il met à en enrayer tous les commencements. Il faut donc croire qu’en choisissant ce mode d’action, les étudiants ont mis dans le mille. Et si le gouvernement pensait ainsi faire un exemple, disons lui tout de suite qu’il a parfaitement réussi son coup – quoique à l’exact envers de ses intentions. Croyant faire de sa répression un cas de renoncement, il donne en fait l’exemple même de ce qu’il y a lieu de continuer ! On ne saurait en effet trouver dans l’affolement gouvernemental et dans son empressement à éteindre l’incendie par tous les moyens, fut-ce les plus illégitimes, une plus belle attestation de la pertinence stratégique de cette jonction, la seule en réalité qui puisse défaire simultanément la loi El Khomri et son monde. Les étudiants de Tolbiac ne cessent pas d’être dans la lutte, et c’est peu dire que le mouvement actuel leur doit beaucoup.

Aux étudiants de Tolbiac : salut et fraternité !

Le jeudi 14 avril 2016.


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