×

Offensive réactionnaire

Expulsion des « étrangers dangereux » : Darmanin durcit son offensive xénophobe après Arras

Dans deux conférences de presse, Darmanin a développé un programme xénophobe visant à faciliter les expulsions des étrangers jugés « dangereux » par l'Etat, ou adhérant à une « idéologie radicale ». Une offensive qu'il faut dénoncer.

Arsène Justo

16 octobre 2023

Facebook Twitter
Expulsion des « étrangers dangereux » : Darmanin durcit son offensive xénophobe après Arras

Comme beaucoup le redoutaient, le meurtre de Dominique Bernard, assassiné ce vendredi 13 octobre à Arras, n’a pas tardé à être instrumentalisé par le gouvernement. Après les annonces de vendredi soir, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a donné une conférence de presse samedi, annonçant de nouvelles attaques xénophobes et défendant sa « loi immigration » comme la solution pour éviter que des crimes similaires n’aient lieu.

Darmanin renforce son offensive xénophobe

Fidèle à son outrance coutumière, le ministre a déclaré lors de la conférence de presse de samedi qu’« une atmosphère de djihadisme, de passage à l’acte est évidente depuis samedi dernier » (date du début de l’offensive palestinienne). Une « atmosphère » justifiant aux yeux du ministre l’« expulsion systématique de tout étranger (...) considéré comme dangereux par les services de renseignement ».

L’objectif est donc simple : donner à la DGSI le soin de déterminer qui a sa place et qui ne l’a pas en France, sur simple suspicion. Comme il l’a expliqué ce lundi, Darmanin a à ce titre fait parvenir une circulaire aux préfets ce matin, ordonnant à ces derniers de « réexaminer dans le détail » tous « les cas individuels », « notamment dès lors qu’il s’agit d’étrangers en situation irrégulière ». L’objectif annoncé est d’expulser toutes les personnes étrangères suspectées de « radicalisation » et d’accélérer les procédures au maximum afin d’empêcher que des recours aient lieu.

Le ministre a par ailleurs annoncé un profilage particulier des personnes en provenance du Caucase, une décision particulièrement raciste, qu’il a tenté d’expliquer par le lieu de naissance des assassins de Samuel Paty et de Dominique Bernard. Enfin, le ministre a déclaré cette après-midi l’expulsion de tous les fichés S étrangers qui résident sur le territoire français.

Dans le cadre de la surenchère de ce lundi après-midi, lors de la conférence de presse donnée après une « réunion de sécurité » tenue avec Macron et Borne, Darmanin est par ailleurs allé jusqu’à expliquer que l’objectif devait être à terme d’expulser tous les étrangers qui « adhèrent à une idéologie radicale ». Une formulation très floue, qui permet au gouvernement de décider ce qui est « radical », et dont on imagine bien comment elle pourrait être rapidement utilisée pour criminaliser des militants étrangers.

Ce alors que ces derniers jours, le simple soutien à la cause palestinienne est associé à un soutien au terrorisme de la part d’un ministre qui n’hésitait pas à qualifier samedi les manifestations de solidarité avec Gaza de manifestations « pro-Hamas ». De fait, Darmanin
Avait déjà déclaré deux jours avant le meurtre que tous les étrangers auteurs d’actes antisémites devaient être expulsés immédiatement. Une attaque d’autant plus scandaleuse qu’aux yeux du gouvernement la simple possession d’une banderole ou l’utilisation d’un slogan pro-palestinien constituent des actes antisémites…

Darmanin main dans la main avec la droite et l’extrême-droite

Des mesures racistes qui surviennent alors que Darmanin se trouve pressurisé sur sa droite. Marine Le Pen n’a en effet pas hésité à exiger la démission du ministre qu’elle juge trop mou (sic). Une attaque que Darmanin avait probablement en tête en expliquant samedi : « il y a 4 000 étrangers délinquants que je ne peux pas expulser du territoire national parce que la loi empêche de les expulser », expliquant ainsi que l’attaque aurait été causée par une intolérable rigidité juridique qu’il conviendrait d’abolir.

En ce sens, Darmanin a à nouveau déclaré lundi qu’avec la loi immigration que le gouvernement prépare, les protections judiciaires dont bénéficient à l’heure actuelle les étrangers dans certains cas -si ils sont arrivés en France avant 13 ans, en cas de mariage avec un.e français.e, etc - sauteraient en cas d’accusation d’actes de délinquance ou en cas de « non respect des valeurs morales de la France ». Autrement dit, il suffirait qu’une personne soit simplement suspectée d’avoir commis un délit ou d’être insuffisamment « intégrée » pour être expulsée du territoire français.

Une déclaration qui souligne à quel point le gouvernement entend profiter de la séquence pour légitimer son projet de loi et des attaques historiques contre les étrangers. Face à cette nouvelle offensive xénophobe, il y a urgence à ce que l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier et du mouvement social réaffirment leur opposition à tout renforcement des mesures d’exception auxquels sont soumis les étrangers en France. Il faut dénoncer ces attaques pour ce qu’elles sont : un moyen raciste de diviser notre classe et de réduire toujours plus les travailleurs étrangers à une simple masse de manœuvre pour le patronat, utilisée pour effectuer des métiers en tension et expulsables au moindre prétexte.


Facebook Twitter
« Sciences Po a le droit d'évacuer » : Glucksmann soutient la répression des étudiant·es pro-Palestine

« Sciences Po a le droit d’évacuer » : Glucksmann soutient la répression des étudiant·es pro-Palestine

Tribune. Stop à la criminalisation du soutien à la Palestine !

Tribune. Stop à la criminalisation du soutien à la Palestine !

Projet de loi logement : le gouvernement prépare une offensive contre les plus précaires

Projet de loi logement : le gouvernement prépare une offensive contre les plus précaires

Sciences Po occupés : rejoignons leur combat contre le génocide à Gaza

Sciences Po occupés : rejoignons leur combat contre le génocide à Gaza

« Préférence européenne », bouclier anti-missile : Macron précise son projet militariste pour l'Europe

« Préférence européenne », bouclier anti-missile : Macron précise son projet militariste pour l’Europe

Toulouse. 33 organisations appellent à se rassembler contre la criminalisation du soutien à la Palestine

Toulouse. 33 organisations appellent à se rassembler contre la criminalisation du soutien à la Palestine

Nouveaux dispositifs policiers et surveillance accrue : l'offensive sécuritaire se déploie à Brest

Nouveaux dispositifs policiers et surveillance accrue : l’offensive sécuritaire se déploie à Brest

Simplification administrative : des annonces creuses qui préparent des offensives d'ampleur

Simplification administrative : des annonces creuses qui préparent des offensives d’ampleur