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Gros sous au Liban, en Jordanie et en Égypte

Devant le Maréchal-Président, Hollande ose faire rimer vente d’armes avec droits de l’Homme.

Le 16 avril, François Hollande a entamé une tournée de quatre jours au Moyen-Orient. C’est d’abord au Liban, puis en Égypte et en Jordanie, qu’il se rend, accompagné de son ministre de la défense et d’une trentaine d’entreprises. Là-bas comme en France, un seul credo affiché, la « lutte contre le terrorisme » et un seul objectif réel, pour ce président du « pays des droits de l’homme », le renforcement de la domination impérialiste, avec ses intérêts économiques, ses ventes d’armes et ses guerres meurtrières. Claire Manor

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Une couverture diplomatique de « Monsieur bons offices »…

Le programme officiel des discussions bilatérales que Hollande va mener durant ces quatre jours lui offre l’opportunité de se positionner, en tant que représentant de l’État français, comme une « puissance secourable » venue en partenaire pour appuyer des pays confrontés à des situations critiques. Au menu, échanges sur la crise syrienne et la lutte contre l’État islamique aussi bien au Liban, en Jordanie qu’en Egypte ; annonce au Liban et en Jordanie d’un soutien financier pour « aider » ces deux pays à accueillir près de deux millions de syriens ; offre d’un soutien « ami » au Liban en crise institutionnelle et sans présidence depuis mai 2014 pour retrouver la stabilité ; rencontre officieuse probable des deux candidats les plus sérieux à la présidentielle, tout en se défendant, comme l’explique un diplomate parisien, de « franchir la ligne rouge de l’ingérence ». Bref, de quoi poser son homme comme l’ambassadeur d’une grande puissance impérialiste.

pour un programme militaro-industriel ambitieux

Mais au-delà des tapis rouges, des fleurs, des coups de canon, des chorales d’enfants et des parterres de journalistes, qu’un Al Sissi est capable de convoquer pour cette rencontre diplomatique au sommet, les vraies affaires se traitent plus discrètement et de manière beaucoup plus sombre. Dans les trois pays visités, le programme est substantiel.

Tout d’abord, le gouvernement français prévoit de renforcer son soutien aux forces armées libanaises. Bien que ce nouveau soutien ne permette pas de compenser la cessation de financement par l’Arabie Saoudite d’un contrat datant de 2015, pour un montant de 2,2 milliards d’euros d’armes françaises destinées à l’état libanais, il n’en demeure pas moins essentiel dans le cadre du partenariat stratégique France-Liban.

En Égypte, le voyage pourrait gagner en intérêt grâce à la signature de nouveaux contrats d’armement, selon l’avancement des tractations politico-commerciales. La négociation la plus avancée porterait sur un satellite de télécoms militaires correspondant à la modique somme de 600 millions d’euros qui viendrait compléter l’achat précédent par le gouvernement égyptien de 24 rafales et de deux navires BPC Mistral. Là encore, l’avancée de la menace djihadiste, qui s’étend depuis un an dans l’est de la Libye, ne peut que donner une plus grande actualité à la convergence de vues entre le locataire de l’Élysée à Paris et celui du Palais de Qubba au Caire.

Et les droits de l’Homme dans tout ça ?

On se doute que face à de tels enjeux géopolitiques et économiques, les « droits de l’homme » ne pèsent pas lourd. Hollande aurait sans doute préféré ignorer leur existence et jouer tranquillement son grand jeu impérialiste, si quelques ONG malencontreusement virulentes ne s’étaient rappelées au bon souvenir du président d’une république édifiée par la bourgeoisie française en 1789 et rédactrice de la « déclaration des droits de l’homme et du citoyen ». Membre à part entière et défenseur de la bourgeoisie, le président Hollande reçoit en boomerang les principes qu’elle a elle-même édifiés et qui sont bien connus, y compris dans des pays comme le Liban ou l’Égypte.

Après la disparition le 25 janvier au Caire et la mort sous la torture de l’étudiant italien Giulio Regeni, relayée par plusieurs chancelleries occidentales, des ONG ont dénoncé le « silence étourdissant » de Paris sur les violations des droits humains et les tortures perpétrées par Al Sissi sous couvert de lutte anti-terroriste.

L’entourage du président français avait prévenu qu’il n’envisageait d’aborder la question des droits de l’Homme que de manière« discrète et efficace ». Au moment critique de la conférence de presse, c’est Al Sissi qui a pris les devants en affirmant à qui voulait bien l’entendre « Nous sommes un État de droit »…« Nous respectons les droits de l’homme, je tenais à éclaircir ce point ». Pour un Président-Maréchal qui a fait condamner à mort son prédécesseur et qui pourchasse la gauche et les animateurs du mouvement anti-Moubarak de janvier 2011, c’est corsé. Dans la foulée, Hollande a eu le front de déclarer que « les droits de l’homme sont aussi une façon de lutter contre le terrorisme », mettant ainsi implicitement sur le même plan les guerres anti-terroristes contre Daech qui n’épargnent pas les civils et la défense des droits de l’homme. Plus cynique, tu meurs !

Il est vrai que …

Outre les prudences diplomatiques que les intérêts bien compris de « La France » de ses patrons et de ses armées lui imposent, Hollande serait bien mal venu de donner des leçons aux dictateurs de tout poil avec qui il négocie. Que pourrait-il reprocher à un régime dictatorial, lui qui, président d’un pays qui prétend être aux yeux du monde un modèle de « démocratie », fait voter l’état d’urgence, multiplie les perquisitions, ordonne à ses bandes policières la répression de la jeunesse manifestante, et traite comme des parias les migrants.


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