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Travailleurs et étudiants unis

Chili. La mobilisation pour une éducation publique pour tous s’amplifie

Ivan Matewan Pour la cinquième fois depuis avril, des centaines de milliers d'étudiants et de professeurs sont descendus dans les rues de Santiago pour exprimer leur rejet des réformes du système éducatif proposées par le gouvernement socialiste dans le cadre d'une mobilisation qui secoue le Chili depuis mi-avril. Environ 150 000 personnes ont de nouveau défilé à travers le pays le 17 juin contre le projet de « Carrera Docente », pour l'éducation publique de qualité pour tous et contre l'intransigeance du gouvernement.

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Une nouvelle manifestation massive pour l’éducation gratuite, publique et universelle

Les manifestants se sont retrouvés un peu après 11 heures à la Plaza Baquedano en plein cœur de Santiago et ont progressivement remonté l’avenue Cardinal Caro jusqu’à Estación Mapocho, gare abandonnée devenue aujourd’hui centre culturel. Cette nouvelle manifestation a été appelée par le syndicat des enseignants et soutenue par la Coordination Nationale des Élèves du Secondaire (CoNES) et la Confédération des étudiants de Chili (CONFECH), ainsi que par diverses fédérations syndicales. Dans un symbole de solidarité fort, les élèves de divers lycées et les étudiants ont notamment manifesté aux côtés des enseignants.

Cette nouvelle manifestation a surtout témoigné de l’unité entre enseignants et étudiants qui commence à s’installer au sein du mouvement. En effet, ces deux secteurs se battent contre les réformes du système éducatif proposées par le gouvernement socialiste. En ce qui concerne les enseignants, c’est la Carrera Profesional Docente, ce nouveau règlement de l’évolution des carrières des enseignants en fonction d’évaluations successives et de primes d’encouragement, qui cristallise le mécontentement.

Quant aux étudiants, malgré les annonces timorées du gouvernement en matière de gratuité de l’université pour les personnes les plus démunies, ils revendiquent une véritable réforme en profondeur du système éducatif chilien, largement privatisé, extrêmement inégalitaire et hérité de la dictature d’Augusto Pinochet.

Une mobilisation qui s’amplifie et s’étend devant l’intransigeance du gouvernement

En dépit de l’ampleur de la mobilisation, le gouvernement et le Ministère de l’Éducation restent intransigeants et refusent de faire la moindre concession. Certains hauts fonctionnaires sont allés jusqu’à déclarer « ne pas comprendre le mouvement » piloté par les enseignants. Pis encore, lorsque le gouvernement décide de répondre, c’est uniquement par une répression policière brutale.

Un comité tripartite chargé de négocier et de trouver une issue au conflit a été mis en place par le gouvernement, mais son objectif principal est avant tout de trouver le moyen pour mettre fin à la grève des enseignants sans satisfaire aucune des revendications.

La mobilisation s’est poursuivie le 18 juin avec une journée nationale de grève et de mobilisation appelée par l’Union portuaire, SITECO, les travailleurs forestiers, la coordination nationale des travailleurs No+AFP, CONFECH et Ukamau. Des barricades ont été dressées à Santiago, des ports bloqués à travers le pays et des manifestations tenues pour exiger l’abrogation de la nouvelle loi sur la pêche, des réformes du marché du travail en faveur des travailleurs et une réforme du système éducatif, mais surtout pour dénoncer « la corruption et l’incapacité du gouvernement à apporter des réponses aux problèmes rencontrés par tous les travailleurs ».

L’entrée d’autres secteurs du mouvement ouvrier dans la mobilisation renforce considérablement celle-ci. Pour qu’elle continue à s’amplifier, il faudrait renforcer les coordinations des étudiants et des travailleurs comme l’Assemblée des mobilisé-e-s qui s’est créée à Santiago. Les organisations syndicales et étudiantes mobilisées doivent imposer une grève nationale capable d’unifier les diverses revendications. Pour l’instant, l’Assemblée nationale des enseignants a reconduit la grève illimitée et les étudiants continuent à occuper leurs universités. Ils savent que leurs revendications ne seront satisfaites qu’à travers une mobilisation nationale unie et de grande ampleur.


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