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Un programme contre la crise capitaliste

Argentine. La quasi-totalité de la gauche anticapitaliste s’unit pour les élections nationales

Le Front de Gauche et des Travailleurs (FIT) composé par le Parti des Travailleurs Socialistes, le Parti Ouvrier et Izquierda Socialista, associe le Mouvement Socialiste des Travailleurs pour les prochaines élections. Voici les 20 points programmatiques du nouveau FIT-Unidad.

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Ce mercredi 12 juin l’alliance électorale de l’extrême-gauche argentine nommée Front de Gauche et des Travailleurs-Unité publiait sa déclaration programmatique. Il sera avant tout porté par quatre partis de tradition trotskiste, le Parti des Travailleurs Socialistes (PTS), le Parti Ouvrier (PO), la Gauche Socialise (IS) et le Mouvement Socialiste des Travailleurs (MST). Le PTS est à l’origine du réseau international de médias La Izquierda Diario dont fait partie Révolution Permanente ; il est membre de la Fraction Trotskiste-Quatrième Internationale, courant international dont font également partie les militants du Courant Communiste Révolutionnaire (CCR) du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), qui animent les colonnes de RévolutionPermanente.fr. Le ticket présidentiel pour ces élections d’octobre 2019 est composé de Nicolás del Caño (PTS/FIT) et de Romina Del Plá (Parti Ouvrier/FIT).

Ci-dessous l’accord programmatique du Front de Gauche et des Travailleurs-Unité :

Le Parti des Travailleurs Socialistes (PTS), le Parti Ouvrier (PO) et la Gauche socialiste (IS), membres du Front de Gauche et des Travailleurs (FIT) et le Mouvement Socialiste des Travailleurs (MST) viennent de former le "Front de Gauche et des Travailleurs - Unité" et de présenter des listes communes de candidates et candidats pour les prochaines élections nationales en 2019.

Ce front unitaire, qui rassemble presque toutes les forces d’extrême gauche de notre pays, est fondé dans le cadre d’une grande crise nationale que la classe capitaliste veut faire payer aux majorités ouvrières et populaires. Le gouvernement de Mauricio Macri, après s’être endetté et avoir hypothéqué le pays pour financer la fuite des capitaux, a convenu avec le Fonds monétaire international (FMI) d’un grand plan d’austérité, à travers la hausse des prix des services publics, d’une pulvérisation des salaires et de la destruction de milliers d’emplois. Le FMI, en tant que représentant du capital financier impérialiste en veut d’avantage : une nouvelle réforme des retraites et une loi de flexibilisation du travail, alors que des dizaines de milliers de dollars continueront à aller dans les poches des spéculateurs à travers le paiement de la dette.

En décembre 2017, des dizaines de milliers de travailleurs et de jeunes se sont mobilisés devant le Parlement contre la loi sur la réforme des retraites, subissant une répression très dure. Les classes dominantes et le gouvernement ont pris note de la disposition à lutter du peuple travailleur, et ont immédiatement mis au placard le projet de réforme du travail qui avait déjà été convenu avec la CGT. La bureaucratie syndicale dans toutes ses franges ainsi que les "mouvements sociaux" commandés par le Pape François, d’une part, et le kirchnerisme de part sa campagne « Attendre 2019 », d’autre part, se sont unis pour empêcher que cette force des exploités puisse vaincre le gouvernement et ses plans d’austérité, permettant la grande dévaluation, la fuite des capitaux, un pillage accru du salaire qui a abouti au pacte colonial accordé au FMI.

Nous soutenons que le "Front patriotique" que proposent Alberto Fernandez et Christina Kirchner ne présente aucune alternative favorable aux intérêts des majorités populaires. Ils se sont déjà engagés à payer la dette frauduleuse, y compris celle contractée par le gouvernement de Mauricio Macri. Ils proposent de gouverner sans rompre avec le FMI, ce qui implique la continuité du plan d’austérité et du pacte de colonisation signé par le gouvernement actuel. Cela signifiera non seulement la poursuite du sous-développement et de la dépendance nationale, mais aussi l’aggravation de la baisse du niveau de vie des travailleurs, au profit des spéculateurs et des grands patrons.

Nous dénonçons une opération politique qui cherche à imposer une polarisation entre le macrisme et le kirchnerisme et ses alliés. Ces derniers, en se basant sur la haine légitime de millions d’argentins face à un gouvernement qui affame sa population, appellent à une soi-disant "unité patriotique" avec les mêmes personnes qui ont offert au macrisme sa gouvernabilité.

Un front électoral avec des gouverneurs qui se sont adaptés dans leur province au même niveau ou à un niveau supérieur à celui du gouvernement national ; avec Sergio Massa, l’un des principaux collaborateurs du gouvernement de Cambiemos depuis son investiture en décembre 2015 et qui soutient qu’il faut militariser les quartiers populaires, désormais rangé derrière la dite « opposition » ; avec ceux qui se sont opposés à la fabuleuse "Marée Verte" portée par des centaines de milliers de femmes en votant contre le droit à un avortement légal, sûr et gratuit, et, dans leurs provinces, ils refusent même que l’interruption légale de grossesse soit pratiquée.

Nous n’oublions pas que le kirchnerisme a accepté de payer la dette frauduleuse auprès du Club de Paris, qu’il a signé un pacte secret avec la multinationale Chevron pour l’exploitation pétrolière et de gaz de schiste sur le site Vaca Muerta, qu’il a essayé de négocier pour payer les fonds vautours, tout en soutenant la plupart des entreprises privatisées de services publics qui bénéficiaient hier de subventions, et aujourd’hui font monter les prix, et qu’il a fait du soja la principale source d’exportation du pays au profit de l’agro-business.

Les travailleurs ne sont pas condamnés à endurer un plus grand mal ou un supposé moindre mal. Il y a une autre issue, et c’est ce que propose notre Front : que la crise soit payée par ceux qui l’ont générée, les grands patrons, les banquiers, les propriétaires terriens et l’impérialisme.

Nous soutenons l’indépendance politique des travailleurs face à toute variante patronale, y compris les soi-disant progressistes, et en aucun cas nous ne soutiendrons directement ou indirectement à l’une d’entre elles sur le terrain des luttes ainsi que dans le domaine électoral, mais nous proposons en revanche une issue d’indépendance de classe qui dépasse ce piège dans lequel ils veulent mettre le peuple.

Avec la constitution du "Front de Gauche et des Travailleurs - Unité" pour les élections de 2019, le FIT et le MST débutent une expérience commune, après avoir eu de nombreuses différences politiques. La situation critique et la catastrophe qui menace les travailleurs nous amènent à explorer une voie en commun qui commence avec la bataille politique qui nous attend lors des prochaines élections. De cette expérience unitaire émergeront les bases qui nous permettront d’avancer ou non vers des accords plus larges.

Nous proposons d’imposer par la lutte et la mobilisation une issue politique propre aux travailleurs : mettre fin à la tutelle du FMI et mettre en place un plan économique et une réorganisation intégrale du pays dont la priorité est la défense de la vie des travailleurs. Nous rejetons catégoriquement tout soutien aux organisations patronales agraires, industrielles, financières et de services, aux alliances politico-électorales avec le centre-gauche et aux accords permanents avec la bureaucratie syndicale.

Le "Front de Gauche et des Travailleurs - Unité" soutient les points suivants et les soumet à l’attention des organisations de travailleurs, étudiantes et populaires, afin qu’elles fassent partie d’un plan de lutte pour vaincre le FMI, Macri et les gouverneurs, de sorte que cette fois, la crise soit payée par les capitalistes, sur la voie de l’imposition d’un gouvernement des travailleurs. Assez de la trêve de la CGT, de la CTA [principales confédérations syndicales] et de toute la bureaucratie syndicale alliée avec le gouvernement et les patrons. Une grève générale et un plan de lutte pour imposer ce programme :

1) Rupture avec le FMI. Non au paiement de la dette. De l’argent pour les salaires, le travail, la santé, l’éducation et le logement, pas pour le Fonds Monétaire. Nationaliser les banques et le commerce extérieur pour éviter la fuite des capitaux, prendre soin des petits épargnants et offrir des crédits à bas prix. Pour un gouvernement des travailleurs qui impose un plan économique ouvrier et populaire débattu et géré par les travailleurs eux-mêmes.

2) Augmentation immédiate des salaires et des retraites. Que personne ne gagne moins qu’un revenu minimum de subsistance. Face à l’escalade de l’inflation, indexation mensuelle des salaires et des retraites.

3) Interdiction des licenciements et des suspensions de contrat. Expropriation et nationalisation de toute entreprise qui ferme, reprise de la production sous le contrôle des travailleurs. Assez de travail précaire et au noir. Contrats à durée indéterminée pour tous. Travail pour toutes et tous, répartition du temps de travail sans incidence sur les salaires entre salariés et chômeurs. A bas la réforme du travail fléxibilisatrice.

4) Annulation de la réforme des retraites. Pour une retraite à 82% du salaire indexé à l’inflation et une augmentation du revenu minimum qui couvre la subsistance des retraités. Pour la restitution des cotisations patronales réduites par Macri, Menem et Cristina Kirchner.

5) Suppression de la TVA sur les biens de première nécessité. Suppression de l’impôt sur les salaires. Impôts progressifs sur les grosses fortunes. Impôts extraordinaires sur les grands capitalistes (banquiers, propriétaires fonciers et grands hommes d’affaires) pour résoudre les besoins les plus urgents des travailleurs. Comités de contrôle des prix et de l’approvisionnement populaire.

6) Annulation de la hausse des prix des services publiques. Nationalisation et ré-étatisation sans compensation de toutes les entreprises privatisées sous le contrôle, l’administration et la gestion des travailleurs et des usagers. Ré-étatisation de l’ensemble du système ferroviaire et du métro (transport et fret) sous le contrôle, l’administration et la gestion des travailleurs de tous les niveaux et le contrôle des usagers. Renationalisation sans paiement des 100% d’YPF (entreprise spécialisée dans l’exploitation, l’exploration, la distillation, la distribution et la vente de pétrole ainsi que ses dérivés) et de toutes les compagnies pétrolières : par une seule entreprise nationale d’État fonctionnant sous le contrôle et la gestion de ses travailleurs. Pour un plan énergétique national contrôlé par les travailleurs qui apporte du gaz naturel et de la lumière à tous les foyers.

7) Expropriation de l’oligarchie foncière, des grands bassins de semis, ainsi que des monopoles des céréales, de l’huile, des produits laitiers et réfrigérés. Expropriation des quatre mille principaux propriétaires terriens, dans le respect des droits des paysans pauvres, des peuples autochtones et des petits agriculteurs. Non à l’expulsion des paysans et des peuples autochtones de leurs terres. Assez de travail au noir pour les travailleurs ruraux.

8) À bas les méga-mines. Dehors Barrick et Chevron. Pas de fracturations hydrauliques. Expropriation de ces entreprises, presque toutes impérialistes, sans compensation et qu’elles réparent les dommages causés, en garantissant un emploi à salaire égal aux travailleurs de ces entreprises.

9) Pour une éducation nationale, unique, publique, gratuite et laïque. Assez des subventions pour l’enseignement privé. Les églises hors de l’éducation. Séparation réelle et effective de l’Église et de l’État.

10) Pour un système national de santé publique et de qualité sous la responsabilité de l’Etat. Pour une couverture gratuite et intégrale de l’État en matière de santé. Nationalisation sans paiement des laboratoires qui profitent des problèmes de la santé de la population. Pour la fourniture de médicaments gratuits à ceux qui en ont besoin. Contrôle démocratique des œuvres de sécurité sociale par des comités de travailleurs élus à la base, afin qu’ils cessent d’être une caisse dont les bureaucrates syndicaux s’enrichissent.

11) Pour un plan national de logements populaires de qualité et urbanisation des banlieues ainsi que des agglomérations surpeuplées. Pour des impôt progressifs sur les logements inoccupés des spéculateurs immobiliers.

12) Pour le droit à un avortement légal, sûr et gratuit. L’éducation sexuelle pour décider, les contraceptifs pour ne pas avorter, l’avortement légal pour ne pas mourir. De l’argent pour combattre la violence de genre, pas pour le FMI. Pour les droits des travailleuses. Un salaire égal pour un travail égal.

13) A bas la doctrine de la gâchette facile. Pas d’abaissement de l’âge d’imputabilité. A bas les réformes réactionnaires et répressives du Code pénal. Non à l’espionnage et à l’infiltration d’organisations populaires. Dissolution des organes de renseignement pour espionner les militants ouvriers et populaires. A bas les lois dites « antiterroristes ». Annulation des poursuites judiciaires contre plus de 6.000 militants travailleurs et populaires. Libération des prisonniers qui ont lutté.
Sanction aux coupables de la mort de Santiago Maldonado et de tous les assassins matériels et politiques de Rafael Nahuel. Prison pour les responsables de la disparition de Julio López et Luciano Arruga (tous deux disparus dans les années 2000). Prison pour les assassins matériels et politiques de Carlos Fuentealba. Dehors la Gendarmerie de nos quartiers populaires.

14) Prison commune, perpétuelle et efficace pour les génocidaires et leurs complices civils et les responsables des crimes de la Triple A [Alliance Anti-communiste Argentine formée dans les années 70, responsable de 1500 morts sur les plus de 30 000 de la dictature].

15) Tout législateur, fonctionnaire ou juge devra gagner le même salaire qu’un ouvrier spécialisé ou un enseignant. Révocabilité de tous les mandats par les électeurs eux-mêmes.

16) Élection populaire des procureurs et des juges ayant un mandat révocable. Suppression de tous les privilèges de caste. Procès devant jury.

17) Dehors la bureaucratie syndicale. Soutien au syndicalisme combatif. Pour l’indépendance des syndicats par rapport à l’État et aux gouvernements successifs. Pour la démocratie syndicale la plus complète et pour le droit des travailleurs de s’organiser sans ingérence ni contrôle de l’État. Pour des directions syndicales anti bureaucratiques et combatives, de caractère classiste, basées sur la démocratie syndicale. Nous soutenons l’auto-organisation des travailleurs contre la réglementation de la bureaucratie syndicale et des partis patronaux.

18) Pour la défaite du pacte Macri-FMI et des gouverneurs. Pour une Assemblée constituante libre et souveraine qui discute et résout les mesures d’urgence nécessaires pour répondre aux besoins urgents de la population active et promouvoir une transformation du pays sur de nouvelles bases sociales.

19) Pour un gouvernement des travailleurs et du peuple imposé par la mobilisation des exploités et des opprimés.

20) A bas la tentative de coup d’État au Venezuela favorisée de manière directe par l’intervention de l’impérialisme américain et de ses laquais de l’Organisation des États Américains (OEA), sans donner aucun soutien politique au gouvernement de Maduro. Les anglais et l’OTAN hors des îles Malouines. Contre le blocus et n’importe quelle agression impérialiste sur Cuba. Soutien au peuple palestinien héroïque. A bas l’occupation sioniste de la Palestine.

Nous soutenons la lutte de toute la classe ouvrière mondiale contre le capitalisme impérialiste et ses gouvernements. Nous saluons la rébellion populaire en Algérie, la lutte des gilets jaunes en France et nous défendons le droit à l’autodétermination du peuple catalan.

Pour une politique internationale de soutien aux travailleurs et à la rébellion ouvrière et populaire dans le monde entier, pour l’expulsion de l’impérialisme de tous les pays, pour l’unité socialiste de l’Amérique latine, pour le socialisme international.


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