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L’Université au service des flics ?

A la Sorbonne, on forme les hauts fonctionnaires pour mater les mouvements sociaux

L’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne a toujours été très proche de l’État, au service de ses besoins, notamment quand il s’agit de former l’élite de l’administration, au service des intérêts du patronat. C’est dans cette tradition que l’Université devrait ouvrir, en 2019, un Diplôme Universitaire de « gestion interministérielle de crise », en partenariat direct avec Matignon.

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Crédits photos : War Games, John Badham, 1983

C’est en répondant à un appel d’offre du Secrétariat Général à la Défense et à la Sécurité Nationale (SGDSN), une administration au service du Premier ministre, que l’Université Paris 1 a décidé de lancer en 2019, pour la bagatelle de 300 000 euros, un nouveau Diplôme Universitaire visant à former les hauts administrateurs de l’État à la « gestion de crise interministérielle ». Une appellation bien floue pour un diplôme qui s’adresse, en réalité, aux directeurs de cabinets ministériels ainsi qu’aux membres des cellules de crise du gouvernement, afin de les former tout simplement à « gérer les crises » de toutes sortes. Risques terroristes, sanitaires, écologiques, mais aussi sociaux !

Il faut dire que la Sorbonne fait des courbettes depuis longtemps aux ministères régaliens pour former au mieux leurs administrateurs : depuis 2011, l’Université a un partenariat avec la Direction Générale de la Gendarmerie, dans le cadre d’un Master 2 Gestion Globale des Risques et des Crises. Mais l’Université a aussi régulièrement collaboré avec la Préfecture de Paris, le Ministère des Armées ou encore de nombreuses entreprises de l’armement comme Naval Group (ex-DCNS), Thales ou MBDA, à travers une chaire intitulée « Grand enjeux stratégiques contemporains ». Une collaboration qui est loin de se limiter aux cours donnés aux superflics ou aux officiers de l’armée : en deux ans, les CRS sont intervenus par trois fois au moins dans les locaux de l’Université pour déloger des étudiants en lutte.

Loin d’être simplement un service public, l’université est aussi un appareil idéologique au service de l’État, que ce soit sur le plan des idées, ou sur le plan des compétences que l’université diffuse. Comment peut-on oser dire que former les préfets et les ministres à gérer les crises serait du domaine du service public ? Que ce soit pour contenir la colère sociale qui ne cesse de gronder face à la politique de Macron, ou pour rattraper les accidents prévisibles causés par les politiques, en terme environnemental ou sanitaire par exemple, l’université ne devrait pas être au service des puissants.

C’est ce qu’ont défendu, à la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire, les élus étudiants de la liste Le Poing Levé, de concert avec ceux de Solidaires Etudiant.e.s. Cependant, parmi les directeurs des UFR, les élus des professeurs ou encore celles et ceux de la Fédé Paris 1 (fédération des associations corporatistes), l’idée de former au mieux l’État pour, entre autres, réprimer les mouvements sociaux, ne semblait déranger personne. Pourtant, dans une université dont les moyens sont insuffisants, on ne peut que dénoncer le choix de l’État d’investir 300 000 euros dans un diplôme pour ses ministres, plutôt que dans d’autres formations ouvertes à tous et toutes.


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