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Quand la barbarie naît des cendres de l'impérialisme

77 morts dans un attentat au Mali : la population meurt sous les balles des djihadistes et de l’armée française

Un attentat-suicide a eu lieu mercredi 18 janvier à Gao, au nord-est du Mali, revendiqué par AQMI (Al Qaida au Maghreb Islamique). Une voiture bourrée d'explosifs visait une caserne pilote regroupant d'anciens rebelles et des membres de groupes armés pro-gouvernementaux censés patrouiller ensemble dans le cadre d'un dispositif favorisant le « processus de pacification ». Depuis lors, le bilan ne cesse de s'alourdir : on décompte 77 morts et une centaine de blessés à l'heure actuelle. Un événement dont l'horreur place l'interventionnisme, et en particulier celui de la France, sur le banc des accusés.

Julian Vadis


et Léonie Piscator

19 janvier 2017

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La cible de l’attentat était une caserne symbolique, car elle regroupait des soldats travaillant dans le dispositif « Mécanisme opérationnel de coordination » (MOC), structure réunissant sous un même uniforme des hommes issus de différents groupes ou milices autrefois opposés. Le triptyque était composé de certains groupes pro-gouvernementaux, d’anciens membres des rebelles indépendantistes touareg de la Coordination des mouvements de l’Azawad, ainsi que des forces armées maliennes. Ces MOC, dont celui de Gao était le premier à avoir été mis en place, devaient préfigurer la refonte de l’armée malienne et favoriser, par la coopération de ces différents groupes, la mise en œuvre de l’accord de paix signé il y a un an et demi. Ce n’est donc pas un hasard, si à 8h30 ce mercredi, un pick-up aux « couleurs du Mécanisme opérationnel de coordination », d’après le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, a pénétré dans cette caserne avant d’exploser, engendrant plus d’une soixantaine de morts et une centaine de blessés. Un décompte encore loin d’être définitif, puisque jeudi matin le porte-parole de l’état-major des armées françaises a fait état d’au moins 77 morts.

Au Mali (comme ailleurs), l’interventionnisme impérialiste ne paie pas...

C’est un débat qui commence à agiter jusqu’aux classes dominantes hexagonales. Dans le sillage d’un De Villepin, certaines figures de proues de la bourgeoisie tendent à remettre en cause l’interventionnisme militaire comme seul moyen d’éradiquer le terrorisme. Il faut dire que le bilan des différentes campagnes militaires des principaux impérialismes ont montré de grandes limites, notamment en Afghanistan où après 15 ans de conflits, les talibans contrôlent toujours une partie importante du pays. Mais en ce qui concerne les groupes terroristes, la doctrine s’enracine justement dans les décombres et la misère. Les bombardements quotidiens, les humiliations tel que les viols d’enfants en Centrafrique qui, de surcroit,restent impunis ou bien encore l’assassinat d’enfants au Mali par l’armée française, pour prendre des exemples récents, sont des terreaux fertiles pour Al Qaida et (surtout) Daesh. Une politique désastreuse qui constitue l’essentiel du bilan françafricain d’un Hollande "président va t’en guerre".

Qu’on ne s’y trompe pas, les populations africaines se retrouvent entre deux feux : celui des puissances impérialistes qui pillent les terres et imposent une mainmise militaire pour satisfaire leurs profits, et les organisations terroristes qui imposent une vaste chape de plomb sur les populations dans un régime de terreur. Loin de proposer une alternative progressiste, De Villepin et consort ne souhaitent que proposer une nouvelle stratégie, alliant action militaire et d’autres moyens, notamment économique, pour maintenir leur leadership. Il ne s’agit donc en aucun cas d’une solution pour les masses colonisées.

Face à ces deux options qu’offre la bourgeoisie, il s’agit de suivre la voie d’une résistance populaire, luttant contre les impérialistes et les groupes djihadistes, pour ouvrir une alternative politique de reconquête des moyens de production, industriels comme agraire, pour une population qui est parmi les plus exploitées au monde. Dans cette bataille, le meilleur (et seul) appui possible est celui des organisations ouvrières par delà le monde, et des frontières. Lutter ici contre notre propre impérialisme, c’est lutter au côté de nos frères de classes au Mali... et ailleurs.


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