Scène de vie banale ; racisme banalisé. Devant moi deux filles. Elles parlent entre elles et attendent leur tour. On est à la boulangerie. Des croissants par ci, des croissants par là ; un pain au chocolat ; une baguette s’il vous plaît. Elles parlent. Ce n’est pas du français. Mais dans le quartier on a l’habitude. C’est beau.
Enfin leur tour. L’une d’elles parle. Bien plus bas que le reste des clients. Comme s’il s’agissait d’un secret ; comme si elle avait honte de sa requête. C’est la voix forte et vigoureuse de la boulangère qui attire mon attention. « Mais vous travaillez avec le voile ? » demande la boulangère à la fille qui lui a parlé.
– Je peux l’enlever, mais je peux mettre juste un petit… ? Mais vous cherchez quelqu’un ?
– Si, on cherche quelqu’un mais ça va poser problème au patron, c’est un français… Mais laissez-moi votre CV.
Sur ce, les filles partent, sans faire aucun scandale, sans être choquées à outrance, comme s’il s’agissait d’une habitude. C’est mon tour. La boulangère, très probablement originaire d’un pays du Maghreb, me dit « ici il y a des boulangeries arabes qui n’ont pas de problème mais ici le patron c’est un français ». Elle a ensuite essayé d’expliquer que c’était pour une question d’hygiène.
La question est, qu’en France, pays qui s’arroge le titre de « pays des Droits de l’Homme » (ni plus ni moins) pour ces femmes musulmanes, quand elles portent le voile, il vaut mieux chercher du travail sans celui-ci. C’est une histoire banale, d’un racisme banalisé, rentré dans notre quotidien.
