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« On n’a pas le temps de souffler ». Grève pour les salaires et les conditions de travail à la grotte Cosquer

Ce dimanche 11 février, les salariés du site historique étaient en grève pour la troisième fois en moins d’un an. Ils revendiquent des augmentations de salaire et dénoncent des conditions de travail déplorables.

Emma Garibaldi

13 février

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« On n'a pas le temps de souffler ». Grève pour les salaires et les conditions de travail à la grotte Cosquer

Crédit photo : RP Marseille

Ce dimanche 11 février, les salariés de la grotte Cosquer à Marseille étaient en grève à l’appel des sections CGT et CFDT locales. Une vingtaine de travailleurs se sont rassemblés le matin devant l’entrée du site historique pour revendiquer des augmentations de salaire et dénoncer des conditions de travail déplorables. Les grévistes revendiquent en premier lieu une amélioration de leurs conditions de travail et de leurs salaires, des primes d’intéressement, des majorations pour les dimanches et jours fériés, le paiement des salaires à date fixe, des pauses de 5 minutes le matin et l’après-midi…Et surtout une augmentation de salaires alignée sur l’inflation et la hausse du SMIC. «  On a signé avec un pouvoir d’achat en 2022 qui n’est plus le même aujourd’hui et notre niveau de vie baisse. C’est ça qu’on réclame aujourd’hui : de pouvoir s’aligner sur l’inflation et la hausse du SMIC. On a augmenté le prix du billet par rapport à l’inflation, mais pas les salaires  » explique un régisseur.

« On n’a pas le temps de souffler » : Les salariés dénoncent la surcharge de travail et le management toxique

Les salariés alertent sur «  des conditions de travail qui ne sont pas en adéquation avec la charge de travail qui est imposée par la société  », selon un agent d’accueil gréviste. En poste depuis deux ans, il explique devoir effectuer de plus en plus souvent des tâches qui ne figurent pas sur sa fiche de poste, sans jamais la moindre valorisation salariale. Les grévistes dénoncent cette augmentation de la charge de travail, et les effets qu’elle a aussi bien sur les salariés que sur les visiteurs en situation de handicap qu’ils ne peuvent pas prendre en charge correctement.

À cela s’ajoute un « sous-effectif constant » qui pèse surtout lors des pics d’activité. Aux heures de pointe, les agents d’accueil sont ainsi privés de pause, debouts en permanence et contraints de gérer tant bien que mal un flux constant de visiteurs. «  J’ai bossé avant dans une chaîne de fast-food, c’est à peu près le même système répété ici dans la culture  », décrit l’un d’eux. Jusqu’ici, la seule réponse de la direction face à cette situation alarmante a été de recruter... des stagiaires, afin de comprimer les salaires au maximum, quitte à risquer de se mettre en infraction dans la mesure où les stagiaires ne sont pas sensés pourvoir aux besoins en personnel de l’entreprise.

Les grévistes dénoncent des méthodes de management basées « sur la peur et la pression » : un des salariés mobilisés évoque ainsi un usage abusif de caméras de vidéosurveillance à des fins de contrôle des salariés. Il indique que les travailleurs seraient en permanence surveillés et réprimandés de façon humiliante par la direction : «  J’étais sur mon téléphone pendant une période creuse, à un moment donné, j’entends au talkie-walkie sur le canal ouvert, où tout le personnel entend : « Toi [...] ton téléphone tu le ranges » avec mon nom et prénom clairement identifiés  ». Ces méthodes facilitent des licenciements disciplinaires que les grévistes jugent abusifs, et davantage liés à la volonté de supprimer des postes : «  Ces dernières semaines, il y a eu au moins six licenciements. La direction les licencie en laissant croire qu’ils ont fait quelque chose de mal, mais en réalité c’est pour des raisons économiques  » indique l’un d’eux.

Chez Kléber-Roussillon, « le patrimoine comme passion »... et l’exploitation aussi

Des méthodes de gestion qui ne datent pas d’hier chez Kléber-Roussillon, société de gestion de sites culturels et touristiques, qui avait déjà eu à répondre de ses pratiques managériales et des conditions de travail au sein du site de la Caverne du Pont d’Arc devant le conseil des prud’hommes en 2016. À l’époque, les salariés décrivaient des conditions de stress invivables, mettant en danger leur santé et entraînant une hausse des arrêts maladie dans l’entreprise.

La colère est d’autant plus forte chez les salariés que l’entreprise a invoqué l’inflation pour augmenter le prix des billets l’an dernier, tandis qu’ils exploitaient toujours plus les travailleurs qui devaient également y faire face : «  Ils se sont engraissés sur notre dos  », dénonce l’un des grévistes. La société Kléber Roussillon est pourtant une des plus grosses sociétés du secteur de l’exploitation de sites touristiques, et affichait en 2019 des bénéfices de 17 millions d’euros pour 1,7 millions de visiteurs par an, et que la société se vante elle-même des bons résultats qu’elle obtient en exploitant le site de Cosquer.

En colère depuis plusieurs mois, les salariés n’ont fait face qu’au mépris de la direction. «  On a fait remonter un certain nombre de revendications lors des réunions CSE qui sont restées sans réponse. Depuis ça n’avance pas  » indique le représentant du personnel interrogé. Les salariés ont fait grève ce dimanche 11 février, et n’écartent pas la possibilité de la reconduire et de l’élargir dans les prochaines semaines. Alors que l’inflation continue de ronger les salaires, les expressions de colères se multiplient dans différentes entreprises, il faut plus que jamais revendiquer une hausse de 400€ pour tous les salaires et leur indexation sur l’inflation.


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