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Argentine

Loi Omnibus : les négociations secrètes de Milei « pour donner le coup de grâce aux travailleurs »

Pour faire passer en force sa loi Omnibus en prétendant ignorer la grève générale appelée pour le 24 janvier, le gouvernement Milei accélère ses tractations auprès des partis conciliateurs péronistes et de droite.

Roxane Sinigaglia

19 janvier

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Loi Omnibus : les négociations secrètes de Milei « pour donner le coup de grâce aux travailleurs »

Depuis plusieurs jours, des négociations entre le gouvernement Milei et les partis conciliateurs argentins ont lieu en secret. L’objectif : obtenir assez de voix pour faire passer la loi Omnibus et donner « le coup de grâce aux travailleurs », en prétendant ignorer la grève générale appelée mercredi prochain.

Les tractations secrètes de Milei pour faire passer sa loi en l’absence de majorité au Parlement

Alors que le parti d’extrême-droite de Milei, La Libertad Avanza, ne possède que 38 sièges au Parlement, il cherche à récolter les 91 autres votes nécessaires pour faire passer sa loi ultra-libérale et réactionnaire, qui déroule le tapis rouge aux grands patrons pour exploiter les travailleurs et gagner des milliards de dollars sur leur dos.

Le ministre de l’Économie Caputo et le ministre de l’Intérieur Francos ont donc engagé des négociations en dehors des commissions parlementaires auprès des députés de la droite et du péronisme fédéral. Comme le dénonçait Alejandro Vilca, député membre de la coalition d’extrême-gauche FIT-U et membre du PTS, organisation-sœur de Révolution Permanente en Argentine, « ils se réunissent en dehors du Congrès pour donner le coup de grâce aux travailleurs ».

Tandis que les députés conciliateurs présentent ces discussions comme un moyen de dialoguer avec le gouvernement et de modifier des parties de la loi, c’est tout le contraire qui est en train de se passer. La majorité des 644 articles de la loi resteraient en place et le DNU serait maintenu. « Je suis certain que nous sommes sur la bonne voie pour que la loi dont nous débattons soit adoptée la semaine prochaine » affirmait Ritondo, député membre du PRO, parti de la droite argentine alliée à Milei. Mais comme le soulignait aujourd’hui sur X (ex-Twitter) la députée Myriam Bregman, elle aussi députée du FIT-U et membre du PTS, « Les coupes partielles dans une loi illégale ne l’améliorent pas, elles tentent de la rendre présentable pour que ceux qui veulent collaborer aux attaques contre le peuple puissent montrer qu’ils ont obtenu quelque chose ».

Une loi au service des grands patrons

L’une des mesures phares de la loi est le projet « d’état d’urgence en matière économique, financière, fiscale, de sécurité, de défense, tarifaire, énergétique, sanitaire, administrative et sociale », qui déléguerait la quasi-totalité des pouvoirs du Parlement à la fonction présidentielle pour une durée d’un an, renouvelable une fois. Une offensive d’une brutalité historique envers la classe ouvrière, qui imposerait une véritable dictature présidentielle, comme l’expliquait Myriam Bregman : « Celui qui a écrit la loi Omnibus a fait un travail impressionnant, il a réuni toutes les revendications des classes dominantes depuis 1955 et les a mis dans un projet de loi » et « celui qui vote pour ça, vote pour la dictature ».

Il semble que Milei n’a fait face à aucune opposition à ce sujet lors des négociations, et que des discussions ont encore lieu autour du fait d’accorder à Milei des « pouvoirs délégués ». Parmi les mesures qui font le plus de cadeaux aux grands patrons, on trouve la privatisation de 41 entreprises publiques, la réduction de 35% à 25% de l’impôt sur le revenu pour les gros investissements, la réduction du taux d’imposition sur les grandes successions qui passerait de 2,25% à 0,5% et de nouveaux avantages fiscaux et douaniers qui facilitent l’évasion fiscale et la fraude au travail.

Les attaques directes envers les travailleurs et les classes populaires se comptent aussi par centaines : liquidation du Fonds des retraités, suppression du remboursement de la TVA, rétablissement de l’impôt sur les salaires et abaissement du minimum non imposable. La privatisation des services d’eau courante et des transports publics ne sont pas sans rappeler les conséquences catastrophiques de la privatisation des transports ferroviaires sur la vie des classes populaires dans les années 1990 et l’enrichissement des entreprises des transports publics sous la dictature militaire de 1976.

La loi Omnibus, aux côtés du « Caputazo » et du DNU (Décret de Nécessité et d’Urgence), constitue l’une des trois attaques de choc du nouveau gouvernement et s’inscrit dans le plan de « guerre de classe » que mène Milei depuis le début de son mandat, dans un contexte de crise organique sans précédent.

A l’opposé de ces logiques anti-démocratiques, les députés révolutionnaires du PTS et du FIT-U font de leurs sièges un véritable instrument de dénonciation des négociations secrètes menées par le gouvernement et l’opposition conciliatrice. Loin des logiques réformistes et opportunistes, l’extrême-gauche argentine a bien compris que c’est par les moyens de la lutte des classes que la loi Omnibus peut être mise à mal.

Le gouvernement Milei à l’offensive face à la perspective d’une grève générale : soutien aux travailleuses et travailleurs argentins !

L’accélération des négociations entre Milei et ses alliés potentiels répond à une urgence pour le président ultra-libéral : trouver un accord pour faire voter sa loi avant la grève nationale du 24 janvier.

En accélérant le loi Omnibus, le gouvernement lance ainsi une nouvelle offensive contre les travailleuses et travailleurs, alors qu’un mouvement de grève et de manifestation d’ampleur est appelé mercredi prochain. La nouvelle loi viendrait renforcer le protocole Bullrich, qui tente de démobiliser les manifestants en interdisant les manifestations sur les routes, et en créant un numéro vert qui viserait à dénoncer de prétendues pressions à se joindre à la grève.

Dans un contexte de crise économique globale, où la répression se renforce pour faire taire toute contestation, la grève générale du 24 janvier, qui va être un moment décisif dans la construction d’une mobilisation par en bas en Argentine, doit être pensée à l’international. En effet, la mobilisation des travailleuses et travailleurs argentins contre le gouvernement Milei est un signal envoyé aux travailleuses et travailleurs du monde entier, qui subissent eux aussi les réformes de plus en plus austéritaires et autoritaires de leurs propres gouvernements, pour remplir toujours plus les poches du grand patronat. Dans ce sens, rendez-vous le 24 janvier à 18h devant l’ambassade d’Argentine à Paris, en soutien à la grève générale en Argentine !


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