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Jeux Olympiques 2024

JO 2024 : des travailleurs immigrés assignent des entreprises du BTP en justice pour « exploitation »

Ce mardi 20 juin, Franceinfo a révélé que dix travailleurs tout juste régularisés ont assigné quatre géants et huit sous-traitants du BTP devant le conseil des prud’hommes. Ils expliquent avoir été exploités sur les chantiers des JO de Paris 2024, sans contrat de travail ni fiche de paye. Des cas qui sont loin d’être isolés.

Arsène Justo

20 juin 2023

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JO 2024 : des travailleurs immigrés assignent des entreprises du BTP en justice pour « exploitation »

Photo : Chantier de la piscine olympique de Saint-Denis en octobre 2022. Par Arne Müseler, Licence creative commons

Dix travailleurs immigrés, ayant travaillé sur les chantiers des Jeux Olympiques de Paris 2024, viennent de se saisir du conseil des prud’hommes de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, et y ont assigné quatre géants du BTP : Vinci, Eiffage, Spie Batignolles et GCC, ainsi que huit sous-traitants de ces groupes. Se comparant aux travailleurs des chantiers du Mondial au Qatar, ces dix travailleurs, pour la plupart d’origine malienne ou congolaise, dénoncent l’exploitation qu’ils ont subit. Ayant réussi à obtenir leur régularisation, notamment grâce à l’aide de la CGT, ces travailleurs ont dénoncé la situation qu’ils subissaient tant qu’ils étaient sans-papiers, une situation que de nombreux autres travailleurs immigrés des chantiers des JO continuent de subir.

« La France n’est pas mieux que le Qatar »

Alors que le gouvernement promettaient des chantiers des JO « exemplaires », la réalité rapportée par les travailleurs est toute autre. Moussa, l’un d’eux, témoigne « Tout le monde savait que je n’avais pas de papiers. Et c’est Spie Batignolles qui commande sur le chantier. Un jour, j’avais mal au genou. J’ai demandé à mon patron si je pouvais prendre un ou deux jours de repos. Il m’a dit : ’Si tu n’es pas là lundi, tu prends tes affaires’. J’ai dû continuer à travailler malgré la souffrance. La France n’est pas mieux que le Qatar. »

Ces ouvriers sont en plus forcés d’acheter eux-même leur équipement et sont soumis à des cadences infernales, ainsi qu’à de très nombreux risques d’accidents du travail entraînant des blessures, voire des décès. La CGT estime que plus d’une centaine de travailleurs sont dans cette situation. Des témoignages similaires étaient d’ailleurs déjà parus dans les médias et les chantiers liés aux JO ont déjà fait plusieurs accidents graves et un mort au travail en mars 2023 sur le chantier du Grand Paris Express, un projet soumis à des cadences infernales en vue d’une mise en service pour les JO. De nombreux exemples qui ne sont effectivement pas sans rappeler la situation dans les chantiers de la Coupe du Monde de 2022 au Qatar, où près de 6500 travailleurs immigrés avaient trouvé la mort et où Vinci, et avait emporté un juteux contrat de 1,5 milliards d’euros et où la multinationale était déjà connue pour avoir exploité des travailleurs sans-papiers.

Une plainte déposée aux prud’hommes

Après la plainte déposée aux prud’hommes, Vinci, Eiffage, Spie Batignolles et GCC seront convoquées début octobre selon Franceinfo. Les travailleurs exigent la reconnaissance d’un contrat de travail, requalifié en CDI à temps plein.
Il y a près d’un an, l’inspection du travail avait déjà découvert la présence de travailleurs sans-papiers et sans contrats sur le chantier du village olympique. Le parquet de Bobigny avait alors été saisi pour « emploi d’étrangers sans titre » et « exécution en bande organisée d’un travail dissimulé ».
Si les multinationales du BTP prétendent qu’elles ne sont au courant de rien concernant ceux qu’embauchent leurs sous-traitants, en France, les travailleurs immigrés sont surreprésentés dans les emplois du BTP. Selon la Dares, qui estime qu’ils représentent 27% des ouvriers non qualifiés du BTP et 24% des ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment : « Plus les conditions de travail sont difficiles et plus la tension de recrutement est élevée, plus forte et la probabilité que l’emploi soit occupé par un immigré ».

Quant à l’État français, il est complice de cette exploitation, avec sa politique de chasse aux sans-papiers qui durcit toujours plus les conditions de régularisation, poussant les travailleurs immigrés dans la précarité à accepter les emplois les plus pénibles dans des secteurs où le patronat peut les soumettre à des conditions de travail dégradées. Une situation qui ne fera qu’empirer avec le projet de loi immigration du gouvernement, qui prévoit un ensemble de mesures pour faciliter les expulsions et intensifier la répression des immigrés. Un projet de loi qui comporte aussi la mise en place d’un titre de séjour « métiers en tension » dont font partie le BTP : une violente attaque qui va mettre d’autant plus les travailleurs migrants à la merci du patronat de ces secteurs « en tension » et accentuer leur précarisation
Face à un système capitaliste qui considère les travailleurs sans-papiers comme une main-d’œuvre exploitable et corvéable à merci, il faut se saisir largement de la revendication de régularisation de tou.te.s les sans-papiers et se battre contre la loi immigration de Darmanin, dont la présentation a déjà dû être déplacée face à la puissance du mouvement contre la réforme des retraites.


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