×

Répression patronale

« Ils veulent nous isoler » : le CHU de Bordeaux veut expulser la CGT Blanchisserie de leur local

À Bordeaux, la direction générale de l’hôpital poursuit ses attaques contre la CGT Blanchisserie et veut expulser le syndicat de leur local. Si la direction leur ordonne de quitter le local avant septembre, le syndicat compte se battre contre cette offensive.

Correspondant.e.s Bordeaux

14 juillet 2023

Facebook Twitter
Audio
« Ils veulent nous isoler » : le CHU de Bordeaux veut expulser la CGT Blanchisserie de leur local

Le 15 juin dernier, la direction générale du groupe hospitalier Sud appartenant au CHU de Bordeaux a adressé à la CGT blanchisserie une mise en demeure de libérer leur local syndical historique avant le 1er septembre 2023. La direction justifie cette mise en demeure par la création d’un nouveau local « mutualisé » pour l’ensemble des CGT du CHU avec des permanences planifiées pour chaque section syndicale. Dans leur argumentaire, ces derniers mettent en avant le décret relatif à l’attribution des locaux syndicaux dans la fonction publique hospitalière, selon lequel « pour les organisations représentées au Conseil supérieur de la fonction publique hospitalière ou représentatives dans l’établissement lorsque celui-ci emploie au moins deux cents agents,[...] l’ensemble des organisations affiliées à une même fédération ou confédération se voient attribuer un même local. »

Un argument irrecevable pour Marie-Laure Charchar, secrétaire générale du syndicat, pour qui la réelle intention de la direction est d’attaquer un syndicat combatif au sein de l’hôpital : « L’argument juridique qu’ils mettent en avant est erroné, il en donne une vision tronquée pour appuyer leur interprétation. En réalité, le même article qu’ils citent affirme également qu’il est possible d’attribuer un local supplémentaire dans le cas où « l’établissement comporte des implantations distinctes », ce qui est le cas de la blanchisserie. D’autant plus, la direction du site Haut-Lévêque [où se trouve le local collectif] ne souhaite pas qu’on y aille car il serait trop petit. En réalité, dans cette mise en demeure c’est une volonté politique qui domine la volonté de la direction. »

Mettre fin au local historique du syndicat : un saut dans la répression envers de la CGT blanchisserie

Cette motivation n’est pas nouvelle, ce n’est pas la première fois que la direction générale du CHU de Bordeaux s’en prend frontalement à la CGT blanchisserie et ses élu.e.s. Déjà en 2018, la Direction avait essayé d’imposer aux travailleurs de la blanchisserie un local partagé avec d’autres syndicats. Si cette première tentative n’avait pas abouti grâce au refus catégorique de la CGT Blanchisserie de quitter son local, la mise en demeure et la menace d’expulsion en septembre marque un saut important dans l’intensité de la répression qui vise le syndicat.

Pour cause, cette attaque s’inscrit plus largement dans le cadre d’entraves aux libertés syndicales récurrentes menées par la direction de l’hôpital, allant du refus des tournées syndicales, d’accès à des documents jusqu’à des sanctions disciplinaires démesurées pour les membres du syndicat. C’est arrivé à plusieurs reprises, à Marie-Laure Charchar, secrétaire général du syndicat, et Nicolas Perez, secrétaire adjoint, qui se sont vu mis à pied sans salaire ni cotisation pour des durées allant d’une semaine jusqu’à deux mois fermes.

Dans ce sens également, systématiquement, lorsqu’une grève est appelée et un piquet tenu, la direction fait appel à la police pour venir intimider les syndicalistes et les travailleurs. Ainsi la volonté de la direction de s’en prendre à un syndicat combatif est clair. D’autant plus quand ce syndicat participe à la lutte contre la réforme des retraites et contre les violences policières.

Ainsi, selon Marie Laure, « leur volonté de nous exclure de notre local au sein même de la blanchisserie a un objectif clair : celui de nous isoler et limiter notre travail syndical en nous éloignant du lieu de travail, de nos collègues, et en contraignant notre disponibilité sur le lieu. On est clairement un syndicat combatif au CHU de Bordeaux, et surtout on ne se contente pas de notre travail syndical économique et sectoriel. C’est là la véritable raison d’un tel acharnement à notre encontre ».

« Si on part là-bas, on perd notre identité » : le local comme lieu de socialisation et d’organisation politique des travailleurs

Ce local est une victoire de la lutte des travailleurs de la blanchisserie. En effet, la CGT est présente dans ce local depuis les années 1980 et l’a obtenu suite à une grève victorieuse qui avait mobilisé la totalité des salariés du secteur. Il est un élément indispensable du travail effectué par le syndicat. Ancien local de stockage de linge, cette salle permet d’assurer un travail syndical de proximité auprès des travailleurs. Pour Nicolas Perez, Secrétaire adjoint de la CGT Blanchisserie, « si on part de là-bas, on perd notre identité et la proximité avec les agents. On a gagné le local par la grève, on le gardera par la grève s’il le faut ».

Au-delà de servir de lieu de réunions, souvent ouvertes à l’ensemble du personnel, c’est un lieu de passage et de rencontre qui s’inscrit dans l’ambition affichée du syndicat : effectuer un véritable travail syndical de proximité auprès des agent·e·s de la blanchisserie, mais aussi du service technique et des cuisines, les secteurs plus ouvriers de l’hôpital. C’est la volonté du syndicat d’élargir ses frontières pour représenter le plus de travailleurs et travailleuses qui font tourner l’hôpital au quotidien.

Marie Laure Charchar en témoigne à notre micro :"C’est un lieu où se tissent des liens sociaux et de camaraderie importante. Beaucoup d’agents passent par ce local, s’arrêtent y boire un café. C’est essentiel car cela nous permet d’être souvent à leur écoute et de pouvoir discuter des difficultés, notamment des conditions de travails dures. Le travail de la blanchisserie est un travail dur, physique, il y a une pénibilité, les cadences élevées et les gestes répétitifs sont le quotidien. C’est un travail très peu reconnu autant au niveau du salaire que de son importance au sein de l’hôpital. Pourtant, si on s’arrête, le linge n’est plus lavé, et les usagers ne peuvent être correctement accueillis. C’est important qu’on soit au plus près de tout cela ». 

Face à l’acharnement contre la CGT Blanchisserie, nous devons construire la solidarité !

Depuis la mise en demeure de quitter le local avant le mois de septembre, plusieurs actions ont été entreprises par les travailleurs qui ne comptent pas céder. Jeudi dernier, un groupe des grévistes a envahi le CSE afin de visibiliser leur combat. Une pétition a également circulé au sein de la blanchisserie avec près de 100% des signataires, et plusieurs organisations soutiennent leur combat, comme l’USD au niveau départemental, Sud Santé ou la CGT Haut-Lévêque.

Pour lutter contre l’offensive de la direction, pour garder ce local emblématique, il est nécessaire de construire un rapport des forces basé sur l’unité la plus large et des actions de solidarité des différents secteurs syndiqués et non syndiqués, travailleurs de la santé, étudiants et lycéens, ainsi que l’ensemble de la population et les usagers de l’hôpital.


Facebook Twitter
Scandale : l'inspection du travail refuse le licenciement de Christian Porta, InVivo tente de passer en force

Scandale : l’inspection du travail refuse le licenciement de Christian Porta, InVivo tente de passer en force

Pour un 1er mai contre leurs guerres et l'austérité : rejoins les cortèges de Révolution Permanente !

Pour un 1er mai contre leurs guerres et l’austérité : rejoins les cortèges de Révolution Permanente !

« Le processus de mobilisation du 93 doit être discuté partout ». Interview de deux enseignants de Blaise Cendrars

« Le processus de mobilisation du 93 doit être discuté partout ». Interview de deux enseignants de Blaise Cendrars

Répression syndicale : 300 personnes aux côtés de Christian Porta face aux patrons voyous d'InVivo

Répression syndicale : 300 personnes aux côtés de Christian Porta face aux patrons voyous d’InVivo


La précarité tue : une étude de l'Inserm pointe la surmortalité liée au chômage

La précarité tue : une étude de l’Inserm pointe la surmortalité liée au chômage

Belgique. Les postiers en grève massive face à la menace de suppression de 4 500 emplois

Belgique. Les postiers en grève massive face à la menace de suppression de 4 500 emplois

Casse sociale chez Casino : plus de 3000 postes supprimés !

Casse sociale chez Casino : plus de 3000 postes supprimés !

Contre la répression de Siham Touazi, la CGT 95 appel à un rassemblement le 7 mai à Pontoise

Contre la répression de Siham Touazi, la CGT 95 appel à un rassemblement le 7 mai à Pontoise