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Caraïbes

Haiti. Le Premier Ministre poussé à la démission, non à l’ingérence impérialiste !

Alors que Haiti est au bord de la guerre civile, le Premier Ministre Ariel Henry a annoncé sa démission, poussé vers la sortie par les Etats-Unis et la Communauté des Caraïbes. Avec cette ingérence impérialiste, l'île est sous la menace d'une intervention militaire sous l'égide de l'ONU.

Elea Novak

12 mars

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Haiti. Le Premier Ministre poussé à la démission, non à l'ingérence impérialiste !

Crédit photo : Anthony Blinken sur X

Alors que l’île est en proie à de violents conflits entre gangs, le Premier Ministre haïtien Ariel Henry a annoncé sa démission ce lundi 11 mars depuis Porto-Rico, expliquant qu’il quitterait son poste dès lors qu’un conseil présidentiel de transition sera créé. Réunis de leur côté à Kingston pour une réunion d’urgence de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), plus tôt dans la journée un responsable étatsunien et Irfaan Ali, le président de Guyana et de la CARICOM, avaient déjà annoncé la future démission du dirigeant haitien. Irfaan Ali s’est ainsi déclaré satisfait d’un « accord de gouvernance transitoire ouvrant la voie à une transition pacifique du pouvoir » en Haïti.

La démission d’Henry intervient une semaine après avoir déclaré l’état d’urgence et un couvre-feu dans le pays, qui est secoué par les violences de gangs depuis des années. Ces derniers ont notamment marqué une escalade depuis que le Premier Ministre a refusé de quitter ses fonctions le 7 février, jour de fin de son mandat. Alors qu’Henry était à Nairobi pour négocier l’envoi de troupes kényanes vers Haïti, le 2 mars, les gangs ont pris d’assaut la prison de Port-au-Prince, libérant des milliers de prisonniers. Ils ont par la suite ciblé divers points stratégiques de la capitale comme des postes de police et l’aéroport. Le Premier Ministre est depuis bloqué à Porto-Rico dans l’incapacité de rentrer à Port-au-Prince, alors que la capitale est lourdement déstabilisée par les violences.

Lire aussi : Haïti : la vague de violence se poursuit, les impérialistes sont responsables de la misère !

Alors que le porte-parole du département d’État américain annonçait lundi qu’Anthony Blinken, le secrétaire d’État américain, rencontrait les membres de la CARICOM en Jamaïque afin de « mettre en place rapidement une transition politique en Haïti », la réunion à Kingston avait également pour objet le « déploiement d’une mission multinationale de soutien sécuritaire ». Une mission pour laquelle les États-Unis débourseront 100 millions de dollars supplémentaires. Alors que les américains avaient exigé la semaine précédente que la procédure de « transition politique » soit accélérée, la démission d’Henry sous la pression claire des Etats-Unis signale le début de la prise du contrôle du pays par les puissances impérialistes.

D’après Irfaan Ali, le futur conseil présidentiel de transition sera chargé de nommer un Premier Ministre par intérim et d’organiser de nouvelles élections, pour la première fois depuis 2016. Pour Chrysoula Zacharopoulou, Secrétaire d’Etat française, cette opération prétend poser « les premières bases d’une transition politique inclusive en vue d’élections libres et démocratiques ».

En réalité, l’intervention militaire qui menace Haïti risque d’aggraver encore la situation sociale terrible de l’île. Mais si Haiti est rongée par la misère et la violence des gangs, dont le développement a été accompagné par la bourgeoisie locale et l’impérialisme pour s’en prendre aux mobilisations populaires, l’intervention des États impérialistes ne résoudra en rien la crise. En effet, la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), lancée en 2004 a laissé des souvenirs terribles aux travailleurs haïtiens. Cette mission de l’ONU a été déclenchée suite au coup d’Etat contre Jean Bertrand Aristide, Président qui voulait s’en prendre à la dette illégitime contractée auprès de la France et des Etats-Unis, et jusqu’en 2017 la présence des « casques bleus » a entraîné de nombreuses violences, meurtres et abus sexuels sur la population. Déjà à l’époque de nombreux Etats de la région avaient participé à l’opération, comme le Brésil de Lula ou la Bolivie d’Evo Morales.

Un nouveau gouvernement mis en place par l’action des puissances impérialistes ne promet donc rien de mieux que le pouvoir antidémocratique d’Ariel Henry, qui servait avant tout les intérêts occidentaux avant d’être lâchés par ces derniers. Il n’y a pas de solution à la crise qui puisse provenir d’une intervention impérialiste à travers l’ONU, qui ne cherche qu’à instaurer des gouvernements qui sont favorables aux intérêts des grandes puissances.

Face l’ingérence impérialiste qui a déjà envoyé les casques bleus pour mater la contestation sociale en 2004, et contre les gouvernements qui ont appuyé la construction des gangs, c’est l’auto-organisation du peuple haïtien qui peut mener à une sortie de la crise, et la mobilisation de la classe ouvrière pour dégager les impérialistes d’Haïti et de l’ensemble des Caraïbes.


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