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Mobilisation dans l’Education

Grève du 8 chez les profs. Une rentrée, entre colère et lassitude

C’était prévisible. La mobilisation des enseignants du secondaire, posée ce 8 septembre par l’intersyndicale (SNES, premier syndicat du secondaire, Snep-FSU, lycée professionnel, FO, CGT, Sud) à une semaine de la rentrée des classes, n’a pas été à la hauteur de la grogne qui s’entend dans les salles des profs. Avec un quart des effectifs en arrêt de travail selon les syndicats (le ministère de l’Education Nationale, parlant lui, comme à son habitude, de 5% de grévistes dans les collèges), la grève n’a pas pris. La faute à qui ? Après la conférence de presse de rentrée de l’Intersyndicale de l’éducation, rien n’a été vraiment fait, sur le terrain, pour préparer le succès de la journée du 8, en dépit de la volonté des militants, sur le terrain, à faire grève. Pourtant, indépendamment des taux de grévistes et alors que beaucoup commencent à peine à faire l’expérience des couacs du dispositif de la réforme du collège dans les classes, les signes que la colère n’est pas prête de s’apaiser se multiplient, un ras-le-bol qui pourrait y compris bien gagner les lycées.

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Yano Lesage

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Un essoufflement vite proclamé

« La mobilisation enseignante s’essouffle » s’empresse de conclure la presse et les grands médias, alors que les banderoles ne sont pas encore rangées. Seulement une semaine après le début de la rentrée des classes tout serait déjà plié, remballé, livré. En réalité, si seulement quelques centaines de collègues ont manifesté en province, avec 200 personnes ayant fait le déplacement à Lille, avec un millier de manifestants à Paris, la presse que dans de nombreux établissements, la rentrée s’est faite sur les chapeaux de roues. Et que les premiers soucis sont tout juste arrivés et que les seconds ne devraient pas tarder : dans les collèges, quid du nouveau bulletin pour les classes de troisième, véritable usine à gaz à cocher des compétences ? Quid des EPI (Enseignements Pluridisciplinaires) qui ont bien du mal à être mis en place, faute de moyens et d’indications sur les contenus pédagogiques ? Voilà qui présage de possibles mouvements au cours de l’année, que ce soit localement, au niveau des collèges, qu’à l’échelle du secondaire.

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Lycées et classes surpeuplées

Autre sujet, pas moins explosif, la suppression des moyens alloués dans les établissements anciennement classés Zone d’Education Prioritaire et la surcharge des classes. Dans les lycées où la croissance démographique couplée à l’insuffisance des moyens et au manque de création de postes,pousse les effectifs au maximum, la colère monte : c’est le cas au lycée René Cassin de Gonesses (95), représenté par un cortège d’une cinquantaine d’enseignants dans la manifestation, à Nanterre, au lycée Joliot-Curie (92), ou encore à Savigny-sur-Orge au lycée Jean-Baptiste Corot (91) où les enseignants se sont mis en reconductible dès la rentrée pour protester contre la montée des effectifs à 36, 37, voire 38 par classe, y compris dans les filières technologiques, notamment de STMG (économie-gestion).

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200 contractuels pour les écoles de l’Académie de Versailles

Faute d’un appel conjoint du SNUipp, principal syndicat du primaire, pour cette date du 8 septembre, les profs des écoles n’ont pas pu rejoindre les cortèges. Pourtant, dans ce secteur là également, le manque de moyen et de recrutement est criant. 200 postes vacants et autant de contractuels ont ainsi été débarqués dans les classes de l’Académie de Versailles. Du côté des brigades de remplacement, celles-ci sont réduites à peau de chagrin ce qui fait craindre pour la suite de l’année des enseignants non-remplacés.

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L’armée dans les écoles

Les mesures ultra-sécuritaires introduites cette année avec la fouille systématique de sacs des élèves, c’est ce que l’équipe enseignante et pédagogique est parvenue à refuser au lycée Henri Wallon d’Aubervilliers (93). Alors que des militaires peuvent désormais entrer dans les écoles, armés, que les fouilles sont censées devenir « normales », que les alertes « confinement » répandent un climat d’angoisse permanente, il est bon de voir qu’il est possible de mettre un frein à cette hystérie sécuritaire dans les établissements scolaires grâce à la mobilisation de l’ensemble des collègues.

Face à cette série de problématiques, les équipes enseignantes risquent d’être assez rapidement rattrapées par la réalité des conditions de travail, d’enseignement et d’éducation données aux élèves. La mobilisation interprofessionnelle du 15 septembre pose une nouvelle échéance tandis que bien d’autres se préparent pour une année qui, malgré son caractère électoral, devrait donner l’occasion au monde enseignant de dire à Hollande tout le bien qu’il pense de sa politique, de ses réformes et de son gouvernement. Si c’est là l’intention de l’intersyndicale, il faudra que les directions préparent toutes les journées d’action et de grève par des appels clairs, des appels à des AG sur les lieux de travail et en donnant la possibilité aux collègues d’être épaulés par des délégués au cours des heures syndicales.


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