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Hôstérité

Fermeture de services d’urgence. Le cri du cœur d’une aide-soignante

Un nouveau plan est en cours d’élaboration dans le ministère de Marisol Touraine. Après le plan Hirsch, et l'assaut contre les conditions de travail et la santé des patients de l'AP-HP, c'est au tour des urgences, et à l'échelle du pays. Quelques jours après avoir fait courir des rumeurs de fermetures, le ministère veut faire passer la pilule de la réorganisation. Après le coup de massue qu'ont vécu les maternités « réorganisées », crainte et colère du côté des salariés des urgences. Témoignage d'Elodie (son nom a été changé), aide-soignante dans la Sarthe.

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Propos recueillis par Timur Chevket.

« Faire son métier d’aide-soignante, c’est pouvoir soigner les corps et les âmes. C’est prendre le temps d’écouter, de répondre à l’attente des patients. Ce n’est pas un métier facile. Pour moi, ce fut une reconversion. Un travail que je ne recommanderais qu’à ceux qui ressentent une réelle vocation pour l’assistance et les soins, qui aiment l’être humain. Parce qu’aujourd’hui, il n’y a plus que ça pour nous faire tenir.{}

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Je suis fière de mon travail. C’est un sourire, d’un patient, d’une famille, un simple merci qui me font retourner enchaîner les 12 heures d’urgences. 12 heures avec peu d’effectifs. Un médecin, une aide-soignante, une infirmière, et une secrétaire la journée. Un service où l’on ne connait pas la pause, où l’on mange quant on peut, si on peut. Je bosse aujourd’hui dans un petit centre, avec une trentaine de patients par jours en moyenne. J’estime que ce sont des conditions minimales pour satisfaire les besoins des patients.{}

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Au Centre Hospitalier Universitaire du Mans, j’ai connu des nuits insupportables, avec - durant les pires – plus de 10 heures d’attentes pour les patients. Une horreur pour les malades que partagent les travailleurs et travailleuses des urgences. En quinze ans de métier, j’ai vu de nombreux collègues craquer, et abandonner. C’est le burn-out.{}

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Avec ces nouvelles rumeurs de fermetures et de réorganisations, on se demande jusqu’où ça peut aller. Pour combien de temps des petites structures comme la mienne pourront encore dispenser des soins corrects ? Où iront tous ces malades ? On le sait : grossir les salles d’attente des grands centres et alourdir encore la charge de travail de nos collègues. On y attendra des heures pour un plâtre ou un pansement. Le risque pour les professionnels, c’est d’oublier ce à quoi nous sommes formés : les soins.{}

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C’est la petite musique des personnes qui viennent consulter pour rien qu’on nous joue. Ce n’est jamais rien pour elles. On n’écoute plus, on veut de la rentabilité. Que les politiques nous expliquent comment on peut être rentables en soignant toutes et tous. Ce n’est pas possible. Je ne peux pas faire de bénéfices quand je soigne avec mes mains, mes oreilles et mon cœur. Santé ne rime pas avec rentabilité »{}


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